Trop de courgettes fin juillet ?

Récolter tous les jours et récolter des fruits petits : une bonne manière de limiter la surproduction de courgettes en plein été.

Ça fait quand même quelques temps qu’on mange de la courgette. Et donc, on finit par se lasser un peu, c’est naturel. Et nos clients, c’est pareil … ils ont envie d’autre chose. De tomates, par exemple. Alors, tous les ans c’est la même chose : on se retrouve en surproduction de courgettes en juillet. En plus, les jardiniers commencent à en avoir dans leur carré potager. À ce moment-là, plusieurs stratégies sont possibles. 1) Chercher à les vendre en demi-gros. L’année dernière, on en avait placé quelques dizaines de kilos auprès d’un magasin bio à Cusset mais c’est beaucoup de travail (conditionnement, livraison) pour vendre un produit au rabais. 2) Ne plus récolter tous les pieds. Nous, typiquement, on arrête de récolter les séries de printemps, celles qui ont été plantées sous serre. Cette année, c’est frustrant, parce que ces séries ont peu donné. Mais nos courgettes de plein champ nous suffisent amplement. 3) Récolter avec des calibres plus petits. On récolte les courgettes tous les jours et on prélève les fruits deux ou trois jours après la floraison. Ça permet de n’avoir que des petites courgettes bien savoureuses, bien concentrées, qui rendent peu d’eau à la cuisson. Le must de la courgette ! 4) On transforme. Et c’est là que Manon intervient.

Antipastis de courgettes (merci Manon)

Manon ? Eh oui, Manon est de retour pour une nouvelle semaine de wwoofing ! Et Manon, quand elle voit nos courgettes invendues partir au compost, ça lui fend le cœur. Alors, elle profite de sa jeunesse encore pleine de foi et d’énergie pour se lancer dans un peu de transformation : des antipastis de courgettes. Le principe de la marinade de courgettes, on retrouve ça dans les fameux «pickles de courgettes au curry» : des courgettes en dés, des oignons et un mélange de vinaigre, de sucre et de curry. On met le tout dans des pots qu’on stérilise et les ressort à l’apéro tout au long de l’année. Bon, sur notre ferme, l’idée, ça n’est pas de les vendre mais plutôt de sauver quelques kilos de courgettes vieillissantes.

Clélia, Paul et Miroux s’intéressent à la leçon de choses autour de la mare

Est-ce qu’on vous fait un point sur la météo de la semaine ? Non, hein ! Vous aussi, vous avez eu froid, n’est-ce pas ? Le temps était si moche qu’on a décidé d’annuler la venue d’une famille de wwoofeurs qui devait camper dans le verger toute la semaine. Et pas n’importe quels wwoofeurs ! Figurez-vous qu’il s’agissait de la famille d’Adeline, une de nos clientes régulières sur le marché de Vichy. En guise de compensation, elle a pu tout de même venir sur la ferme y passer une journée avec Damien, son mari et leurs deux enfants, Clélia et Paul. Tous ensemble, on a fait quelques récoltes (pommes de terre, betteraves, fèves, persil, basilic, etc.) et … on a tiré du blé dans les betteraves, les poireaux et les fenouils. Les enfants ont adoré les chats et les ânes, vous vous en doutez… Beaucoup de rires et de fraîcheur, de quoi nous faire oublier un temps la grisaille de ces derniers jours…

Des cultures sous le blé

Denis s’exclame : «je vois plus de blé que de betteraves sur cette planche !»

Enfin ! Figurez-vous que mercredi s’est tenue l’AG de l’Amap de Bourbon-Lancy ! Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas réunis et ça nous manquait un peu. De pouvoir se parler, faire le bilan de l’année écoulée, donner des perspectives. Ça nous a fait drôle de parler de 2020. Vous vous souvenez de la sécheresse ? Des canicules ? Difficile de se rappeler de cette sensation de chaleur écrasante qui nous a accablés quasiment trois mois durant, entre juillet et septembre. Difficile de se souvenir qu’on passait notre temps à arroser un sol qui se déshydratait à une vitesse terrifiante. Que tout cela est si loin. Désormais, on considère chaque éclaircie comme une simple accalmie entre deux pluies, entre deux orages. L’année 2021 est finalement encore plus difficile à négocier, notamment à cause du froid. Et à cause d’un trouble-fête qui s’est invité dans nos paillage : le blé.

Xavier, de l’Amap de Bourbon-Lancy, venu en renfort samedi après-midi pour nous aider à désherber nos haricots

On vous l’a déjà expliqué : la paille de cette année est très sale. La moisson ne s’est visiblement pas bien passée et la paille est pleine de grains de blé. Comme il pleut énormément, la paille est constamment mouillée et tous les grains se mettent à germer. Et notre champ est devenu un vaste gazon vert ! On est un peu perdus et on se sait plus comment réagir. Au début on s’astreignait à venir désherber régulièrement, planche par planche. Mais on a constaté, éberlués, que de nouveaux grains continuaient à germer après notre passage, notamment après une forte pluie. Il faut y retourner deux ou trois fois pour qu’une planche soit définitivement propre. Et des planches contaminées, il y en a beaucoup trop ! Pour limiter la catastrophe, on délite désormais notre paille au bord du champ. Et on cherche désespérément des petites mains pour nous aider. On a lancé un appel auprès de nos amapiens et un d’entre eux, Xavier, a répondu présent pour quelques heures intenses dans nos haricots. En début de semaine, on a eu le plaisir de voir débarquer une revenante : Hélène, que vous avez vue ce printemps pendant le confinement. Bon, à la vérité, on ne lui a pas fait que désherber du blé, elle a aussi planté des choux-fleurs, palissé des tomates et paillé les futurs poireaux. Et pendant qu’on s’active, elle nous raconte ses précédentes expériences de wwoofing. «Figurez-vous que je suis tombée chez des maraîchers qui ne mangeaient pas de légumes !» – «Nooooon ! Sacrilège !». Isabelle, la compagne de Fabrice nous aide aussi quelques heures à retirer le blé d’une planche de salades. La semaine prochaine, on pensait compter sur toute une petite famille de wwoofeurs mais la météo annoncée est si catastrophique que leur venue est compromise : hors de question de faire du camping dans ces conditions. Mais ne vous inquiétez pas, on a déjà un plan B…

Parmi les bonnes nouvelles de la semaine, on notera que la plantation des poireaux d’hiver est faite (merci Fabrice) : on a environ 8000 poireaux en terre pour l’automne et l’hiver. Et on a enfin mangé des aubergines ! L’été va finir par arriver…

À la semaine prochaine !

PS : Une partie des photos de cette semaine a été prise par Hélène, qu’on remercie pour ces beaux clichés !

Paye tes 200 millimètres

Il y a de l’eau qui stagne dans les passes-pied des serres. (Cliquer pour agrandir)

Et ne vous plaignez pas : j’avais prévu un titre un peu plus dark. Mais une bonne amie à moi l’a trouvé trop «violent». Et pourtant, il y aurait matière à être grossier, à éructer, à vociférer. Après qui ? Mais après le climat bien entendu ! Après un printemps froid et humide, voici un été … humide et froid (tiens, un chiasme, ça fera plaisir à Margaux). La pluviométrie totale du mois de juin flirte avec les 200 mm d’eau, ce qui est quasiment le record absolu relevé aux Grivauds depuis que Fabrice fait ses relevés. Nos sols ont clairement du mal à tout absorber et ça ruisselle énormément. La saturation répétée du sol commence à provoquer des asphyxies racinaires. On le voit très bien sur les tomates de la serre 2, dont les feuilles jaunissent. Dans cette ambiance de fin du monde, les tomates n’osent pas mûrir, les aubergines peinent à fleurir et les poivrons stagnent au ras du sol. Les pailles sont gorgées d’eau, les grains de blé y germent joyeusement, transformant notre champ de légumes en prairie…

Un échantillon de notre stand sur le marché de Vichy : la gamme est de plus en plus large ! Fenouils, artichauts, fèves, blettes sont des nouveautés de cette semaine.

Cette semaine, figurez-vous qu’on n’a pas de petites mains avec nous. Et ça nous fait tout bizarre d’avoir de nouveau à mener notre petite barque tous seuls. Les récoltes commencent à prendre de la place dans nos routines : il y a les courgettes, les concombres, les haricots (qui donnent encore vraiment trop peu) et les petits pois. Préparer le marché de Vichy tous seuls, c’est aussi quelque chose qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps. On est fiers de sentir qu’on n’a pas perdu la main et qu’on en s’en sort encore comme des grands, et ce malgré une gamme de plus en plus grande (voir photo). Les tomates nous demandent encore beaucoup d’attention : il faut passer toutes les semaines sur chaque pied pour accompagner la croissance en clipsant le pied sur sa ficelle, en éliminant les gourmands et en coupant le liseron qui tente de prendre de la hauteur sur ces tuteurs providentiels. Entre deux pluies, on plante quelques caisses de choux. Et puis, encore et toujours, on tire le blé qui pousse insidieusement un peu partout.

C’est d’ailleurs cet enherbement imprévu qui justifie le retour d’une de nos petites mains emblématiques en début de semaine prochaine… On espère qu’il y aura suffisamment d’accalmies pour lancer l’opération «débléyage» d’urgence…

À la semaine prochaine !

La technique du semis en poquets paillés

Oui, la pose est très importante dans cette technique : la graine ne germe que si on la sème avec élégance.

Moui, je cherche encore un nom un peu correct à cette technique «made in Grivauds» pour que ça sonne un peu mieux. Pour le moment, contentez-vous d’ouvrir grand les yeux et les oreilles, on va vous expliquer comment on sème des betteraves à travers la paille sans ouvrir de sillon. Peut-être que vous ne saisissez pas bien l’enjeu alors je vous explique la situation. D’habitude, les betteraves, on les sème dans du terreau (en mottes) et on repique les plants à travers la paille. Technique archi-rôdée. Mais avec la betterave, la reprise n’est jamais éblouissante (sauf pour la betterave de printemps) et on a du mal à avoir un bon rendement. On sait que les betteraves sont souvent plus vigoureuses lorsqu’elles sont semées directement en pleine terre (semis direct). Or, nous, on a du mal à faire des semis direct. Et pour cause : nos sols sont constamment couverts. Pour les carottes, vous le savez déjà, on ouvre des sillons dans la paille et on sème dans les sillons. Puis on couvre avec du compost. C’est laborieux à faire et il faut ensuite désherber le sillon. Pour la betterave (et le navet), on a testé une méthode qui permet de ne presque pas ouvrir la paille et de limiter l’enherbement. Voilà comment on procède.

À la fin, on a des petits poquets noirs (à cause du compost) visibles à travers la paille. Normalement, cette technique ne nécessite aucun désherbage d’annuelles !

D’abord, il faut un lit de paille assez fin. Un résidu de paille après une récolte de salades peut convenir. Ou alors on dispose de la paille en andain sur la planche et on broie. Cette année, c’est ce qu’on a décidé de faire. Ensuite, avec la pointe d’un plantoir conique, on vient légèrement ouvrir la paille tous les 15 cm, de telle sorte à voir le sol. On dépose les graines sur le sol, on recouvre avec une pincée de compost et on arrose. C’est simplissime et ça marche. En tout cas, on a déjà réussi quelques semis comme ça (dont un semis de navets de printemps, sous serre). Comme on est un peu tard en saison, on sème des variétés à cycle court : Chioggia, Noire plate d’Égypte et Bolivar.

Des choux de Pontoise bien à l’abri sous leur filet d’ombrage.

Dans les gros chantiers de la semaine, il y a aussi la plantation des choux, qui avance d’un bon pas. Comme toujours, on protège les plants fraîchement repiqués des brûlures en leur procurant un ombrage. Cette année, on n’a pas besoin d’arroser après plantation : il pleut énormément… De même, inutile de se protéger des altises : elles sont tout simplement absentes ! Ça nous permet de ne pas avoir à disposer les filets anti-insectes par dessus les cagettes. On les installe une fois que les plants sont dé-cachés et prêts à recevoir la lumière.

Cette semaine, on dit au revoir le matin à Cécile et Manon, puis en fin de semaine à Adeline. Adeline qui s’est fait rejoindre par Étienne, son compagnon, pour son dernier jour de stage. On sait déjà qu’on reverra tout ce petit monde un jour ou l’autre aux Grivauds, on se s’inquiète pas trop pour ça. Hasard du calendrier, on a devant nous deux semaines sans « petites mains » et ça nous fait un peu bizarre. Est-ce qu’on serait devenus accros ? Il semblerait bien, oui…

À la semaine prochaine !

Encore un article a minima

Oui, bon, alors, il va falloir que vous vous détendiez un peu : je traverse une période où c’est très difficile de me poser devant un ordinateur quelques heures pour écrire et trier des photos. Du coup, l’article de la semaine va se réduire de temps en temps à une galerie de photos, postée un peu quand j’ai le temps… Mais ne vous inquiétez pas : je ne suis pas en train d’abandonner ce blog et je reviendrai prochainement à la charge ! Bon visionnage et à la semaine prochaine !

Questionner le modèle agricole, encore et encore

Récolte de fraises avec Manon, Céline et Adeline. Manon nous certifie qu’elle ne mange que les fraises abîmées…

Il y a des petits hasards qui donne un peu de sel à certaines rencontres. Figurez-vous que Céline, qui effectue son dernier stage aux Grivauds cette semaine, et Manon, notre nouvelle wwoofeuse, se connaissent déjà ! Marche pour le climat, chantiers participatifs, on sent que leur fibre écologique les rapproche. Manon, c’est une graphiste qui va de wwoofing en wwoofing en quête de sens et d’apprentissages. Elle nous pose de nombreuses questions sur notre condition paysanne. Avec elle, on se demande comment notre modèle agricole pourrait sortir de la précarité et gagner en résilience. Et, justement, le projet de Céline est un support de réflexion pertinent. Céline reprend la ferme familiale, aidée de son frère. Sur sa ferme (Ferme du Chapi[1]https://www.lafermeduchapi.com/ ; Et si vous alliez y manger un bout ? Nous, on y songe en tout cas !, dans le Beaujolais), de nombreuses activités agricoles différentes : élevage, grandes cultures (dont des lentilles), légumes et restaurant. Les activités agricoles sont mécanisées, contrairement aux Grivauds. Ce modèle est plus rentable que le nôtre. Par contre, la charge de travail y est tout aussi vertigineuse : les journées sont très longues et les jours de congés sont rares. «Si c’est si peu rentable de produire des légumes, pourquoi le faites-vous alors ?» La question est parfaitement légitime et même Adeline, de retour aux Grivauds pour une nouvelle série de stages, se sent interpelée. Elle aussi ressent l’appel de la terre, l’envie de produire de beaux légumes, dans un cadre riche de biodiversité. Mais s’épuiser à la tâche, ça n’est un objectif pour personne ! Manon nous pousse à nous souvenir de nos motivations profondes, des raisons qui nous ramènent encore et encore à arpenter notre jardin, une caisse de récolte à la main, un plantoir dans l’autre.

Broyage de l’engrais vert

La semaine a été prodigieusement dense et tout avance à grande vitesse. L’engrais vert, notre fabuleux mélange de seigle et de vesce, est broyé, signe que les plantations de choux vont bientôt démarrer. On paille une butte pour des céleris-branches et des fenouils et une autre pour un gros semis de haricots nains. Fabrice se lance dans la plantation des poireaux : une première salve de 1500 est en terre. Des routines se mettent en place sur la ferme : le matin, on récolte et on pollinise les courgettes. Puis on récolte les fraises. Et on emmène tout ça à la bergerie. Le soir, on prend le temps de tailler et palisser nos tomates, qui poussent enfin à une belle vitesse. On profite de l’abondance de main d’œuvre pour chasser les doryphores et pour désherber le blé qui pousse sournoisement dans nos panais. Bref, on ne chôme pas !

Non, vous ne rêvez pas, désormais on roule en merco. L’irrésistible ascension sociale des maraîchers des Grivauds se poursuit.

Autre évènement d’ampleur : mardi, on a troqué enfin notre vieux camion rouge contre un camion bleu un peu plus jeune et un peu plus grand ! Nous voilà endettés de nouveau, mais on a bon espoir que ça nous permettra de gagner en tranquillité. Vous ne pouvez pas vous imaginer le stress que représentait pour nous chaque nouvelle panne. Est-ce réparable ? Est-ce coûteux ? Le camion pourra-t-il être réparé avant la prochaine livraison d’Amap, avant le prochain marché ? Le temps, l’énergie et l’argent que nous allons ainsi économiser nous permettront de nous consacrer pleinement à nos légumes. Et de garder les idées claires pour mieux défendre notre modèle agricole face aux questions de nos stagiaires et de nos wwoofeurs·ses…

À la semaine prochaine !

References

References
1 https://www.lafermeduchapi.com/ ; Et si vous alliez y manger un bout ? Nous, on y songe en tout cas !

Pas d’article mais quelques photos

Chers lecteurs, toutes nos excuses pour l’absence d’article ce week-end ! J’ai de bonnes raisons pour ne pas avoir trouvé le temps de m’en occuper, rassurez-vous. N’empêche, je m’en voudrais de vous négliger complètement, alors je vous ai concocté une petite galerie.

Dernier tour d’honneur pour Charly

Ah si, tout de même ! J’avais envie de dire un petit mot pour Charly, qui vient de terminer cette semaine son dernier stage aux Grivauds. Avec lui, nous avons traversé l’automne, l’hiver et le printemps. C’est peu dire que nos cultures doivent beaucoup à son efficacité. Et que sa générosité restera une grande source d’inspiration pour nous. On te souhaite bon vent, Charly. On te souhaite de terminer avec brio ta formation. On espère que tes pas t’amèneront à arpenter d’autres jardins, car tu y es parfaitement à ta place. Et on espère te revoir ici, bien entendu !

À la semaine prochaine !

Revenir aux Grivauds

Enfin des tomates visibles…

Ni jamais complètement différent, ni jamais tout à fait le même, notre jardin obéit à des cycles que nous tentons maladroitement d’apprivoiser. Le jaune exubérant d’une fleur de courgette, le port victorieux d’une tomate, le fier élancement des haricots à ramer, tout ça, on le retrouve d’année en année. Il nous a fallu attendre le retour de températures plus clémentes pour percevoir les dynamiques à l’œuvre. Nous avons traversé un printemps froid, mais c’était tout de même un printemps. Nos espaces non cultivés sont riches de fleurs de toute sorte et les graminées sont plus hautes que jamais. Tout notre jardin nous le criait depuis des semaines mais nous ne pouvions le percevoir, tant nous avions les yeux rivés sur nos cultures : le printemps est inéluctable. Mais il existe d’autres cycles qui n’obéissent pas à l’enchaînement des saisons : ceux des retours de nos petites mains…

Cécile, la Miss Courgettes des Grivauds, est de retour !

Tenez, prenez Cécile ! Après être passée trois fois l’année dernière, la voilà de nouveau parmi nous. Projet agricole ? Non, pas du tout. Dommage, d’ailleurs, parce quand elle n’écrase pas les œufs de limace ou de coccinelle, elle est la reine du paillage et des récoltes de courgettes. Vous la questionnerez sur ses motivations, nous, on n’a toujours pas bien compris ce qu’elle fait là, vu qu’elle nous charrie toute la journée (là, c’est le moment où vous nous plaignez). De manière générale, toutes les raisons sont bonnes pour nous demander de revenir : envie d’approfondir un apprentissage (jardinage, botanique, ornithologie, etc.), envie d’une parenthèse verte dans une vie trop grisouille, envie de voir comment évoluent les légumes qu’on a plantés ensemble, envie de voir le jardin sous l’éclairage d’une autre saison, tout nous convient. Avec ses quatre passages et ses huit semaines cumulées, Cécile détient désormais le record de présence au jardin… Cette année, des retours, on en a déjà connu deux autres : Milan (wwoofeur en 2018) et Adeline (wwoofeuse en 2019). Et c’est à chaque fois un plaisir immense de les entendre raconter leur voyage, leurs expériences, de nous donner des nouvelles du monde, de ce monde qui existe hors de notre ÉcoJardin et dont nous n’aurions que peu d’échos autrement.

Thibaut pollinise les courgettes

Aux côtés de Cécile, il y a encore le valeureux Thibaut, l’homme qui plante les céleris-raves plus vite que son ombre. Avec tout ce petit monde, on paille, on plante, on désherbe et on sème des carottes. Depuis que les températures sont reparties à la hausse, les besoins en taille et en palissage se font de nouveau sentir dans les tomates. Tant mieux ! Mais la grosse nouveauté de la semaine, c’est surtout la reprise des paniers de l’Amap de Bourbon-Lancy. Au programme : carottes nouvelles, oignons nouveaux, navets nouveaux, radis, chou chinois et salade. L’année dernière, pour mémoire, on avait déjà des courgettes et des petits pois. Ne vous inquiétez pas, ça viendra… En attendant, on est très heureux de retrouver nos Amapiens, qui font un bel accueil à nos légumes tout frais. À la sortie de ce printemps, on accepte tous les encouragements…

À la semaine prochaine !

Une reprise de l’Amap en forme de point d’interrogation

Ça, c’est l’eau qu’on draine depuis nos serres. Depuis qu’il a été creusé, ce fossé n’a quasiment jamais été à sec…

Jamais on n’a autant planté de légumes de printemps aux Grivauds. Jamais on n’a été autant inquiets pour la constitution des paniers de juin. Ce paradoxe, on vous en a déjà parlé plusieurs fois, il est du à un contexte météorologique d’une rare complexité. Car, redisons-le, le printemps a été dramatiquement froid et humide. Et, pour le moment, nos sites de prévisions n’arrivent pas à nous annoncer un retour aux normales de saison. La température plafonne à 15°C l’après-midi, les éclaircies sont rares et courtes et, comble du comble, on a souvent des nuits beaucoup plus claires que nos journées, ce qui fait qu’on se réveille régulièrement avec des petits 5°C. Quant aux précipitations, elles dépassent les 120 mm pour le mois de mai, ce qui en fait un mois excédentaire de 50%. Tous nos chemins sont boueux et les zones les plus basses de notre parcelle sont de nouveau inondées, comme en janvier. Est-ce qu’on vous parle de l’averse de grêle de la semaine, qui nous a sectionné quelques courges ? Non, on garde ça pour nous.

Ça c’est sûr, avec tout ce qu’il pleut, on a le temps de désherber nos cultures d’été (dont les poivrons et les aubergines). Et de constater qu’elles végètent.

Dans un tel contexte, nos légumes d’été prennent forcément du retard. Des plantes comme des aubergines, des poivrons ou des haricots, ça a besoin de beaucoup de chaleur. Dans les aubergines, seuls les pieds greffés semblent vraiment démarrer. Côté tomates, on sent un peu de croissance. Mais on ne voit pour le moment aucune tomate se former. On s’attend à une première récolte après le 15 juillet, trois semaines plus tard que l’année dernière. Les courgettes n’ouvrent pas des fleurs tous les jours et les pieds restent encore petits. Les paniers de juin et juillet vont être très délicats à préparer, on le sait déjà. Notre collègue de Sorbier, à l’Amap de Dompierre a déjà anticipé cette difficulté en proposant des paniers seulement une semaine sur deux en attendant les tomates. Allons nous devoir annuler des paniers ? C’est tout à fait possible. Allons-nous devoir renoncer au marché de Vichy pour pouvoir donner la priorité à nos paniers d’Amap ? Ça aussi, c’est à envisager.

Ce qui est sûr, c’est que cette météo printanière va avoir un impact économique non négligeable. Trois semaines de légumes d’été en moins sur l’année, c’est un sacré manque à gagner ! On sait bien que ça n’est la faute de personne et que tout le monde est logé à la même enseigne. Mais, n’empêche, ça nous rend quelque peu nerveux. Quand, mais quand la saison va-t-elle enfin démarrer ? Vendredi, on guette un intervalle sans pluie pour récolter les radis pour la vente à la ferme. Devant l’absence de créneau sec, je me résous à faire la récolte sous un petit crachin froid. On tourne en rond dans nos serres, impatients de pouvoir retourner travailler dehors, de planter nos céleris et nos betteraves. De pouvoir semer nos carottes et planter nos pommes de terre.

Palissage des tomates avec Elsa et Thibaut

Des bonnes nouvelles cette semaine ? Oui, tout de même ! On a semé nos panais, palissé une partie de nos tomates, planté des salades et du basilic. Mais surtout, on a terminé de planter nos courges ! Jamais on ne les a plantées aussi rapidement. Thibaut et Elsa, nos petites mains du moment, n’ont même pas eu le temps de s’en lasser et en redemandent encore… Heureusement qu’ils sont-là ces deux-là, d’ailleurs ! Parce qu’ils nous empêchent de sombrer dans la maussaderie, notamment grâce à une technique imparable : celle qui consiste à nous préparer de petites douceurs pâtissières quotidiennement ! Crumble de rhubarbe, tiramisu aux spéculoos, pain perdu… Sans parler des mayonnaises maison pour accompagner nos bâtonnets de carottes nouvelles. Elsa nous quitte ce week-end et on la remercie bien bas pour sa présence au cours de ces deux semaines. Elle cède sa caravane à une revenante aux Grivauds. «Une revenante ? Quelqu’un de connu sur ce blog ?» Oh que oui ! Allez, les paris sont ouverts !

À la semaine prochaine !

Produire de la matière organique in-situ avec des plantes spontanées

À gauche, un engrais vert à base de seigle et vesce. En face, une zone de jachère. Deux façons de produire de la biomasse in-situ. Notez tout de même la différence de hauteur…

D’accord, d’accord, ce n’est sans doute pas un titre d’article très aguicheur… Mais je vous encourage à vous accrocher un peu, car on va approfondir aujourd’hui un concept important dans le MSV (Maraîchage sur Sol Vivant) : celui qui dit qu’il faut constamment nourrir son sol. Qu’entend-on nous par «nourrir le sol» ? Eh bien, pour que le sol soit actif, pour qu’il soit auto-fertile (comme dans une prairie, ou dans une forêt), il faut qu’il ingère continuellement des matières organiques. Et plus ces matières sont carbonées, mieux c’est ! Aux Grivauds, nos sols sont principalement nourris à la paille. La paille est un intrant pour nous, car elle n’est pas produite sur place. On est obligés de l’acheter. En MSV, le must du must, c’est de produire sa matière organique directement sur le sol qui va la digérer. C’est le principe de l’engrais vert : on sème une céréale (et d’autres bricoles comme des légumineuses, des moutardes, des phacélies, etc.), on la laisse se développer et on la détruit. On bâche le mulch ainsi formé et on plante à travers. Avec un engrais vert, en plus des matières déposées sur le sol, il faut compter celles qui sont produites directement DANS le sol (les racines en décomposition et leurs exsudats). L’intérêt agronomique est énorme ! Malheureusement, réussir un engrais vert, c’est difficile en MSV. Comme nos sols sont couverts, les graines ont du mal à toucher terre. Et lorsque la levée se fait, elle est souvent très éclaircie par nos limaces. Il y a un semis qu’on réussit généralement bien, c’est celui d’automne, à base de seigle et de vesce. Mais sa réussite n’est pas systématique.

La planche de courgettes (à droite) était initialement en jachère (comme la planche de gauche). Mais c’était une jachère peu performante (avec beaucoup de potentilles notamment). On a ajouté une dose de paille au mulch avant de bâcher.

Il existe une deuxième manière de produire de la matière in-situ. Il suffit pour cela de laisser une planche de culture s’enherber spontanément. Ça prend un peu de temps (il faut compter une grosse année de jachère) mais ça ne demande vraiment aucun effort. Par contre, on ne va pas vous raconter des salades : ça ne produit pas autant de biomasse qu’un bon engrais vert. Surtout si la végétation est de type vivace rampante (potentille, renoncule, trèfle). Avec un peu de chance, on verra quelques graminées prairiales s’installer mais elles ne produiront jamais autant de paille qu’un blé, un seigle ou un sorgho. Alors, dans ce cas-là, après avoir broyé la végétation, on ajoute une petite couche de paille sur le sol. Et ensuite seulement, on installe la bâche. C’est précisément comme ça qu’on a procédé pour nos courgettes et nos courges. À une petite différence près : les courges ont été bâchées avant l’hiver. Alors que la planche des courgettes vient seulement d’être broyée. Du coup, les racines ne sont pas mortes et c’est difficile d’y faire pénétrer nos plantoirs.

Thibaut et Elsa à la récolte des épinards.

Et ce sont nos deux wwoofeurs de la semaine, Thibaut et Elsa, qui en font les frais… Tous les deux viennent d’horizon très différents : industrie pour Thibaut, architecture pour Elsa. Le premier a été déjà été wwoofeur, la deuxième non. Mais l’un·e et l’autre sont joyeusement volontaires et se fondent rapidement dans la faune grivaldienne (encore des amateurs de chats, d’ailleurs). Des paillages, quelques désherbages, de la plantation, la semaine avance vite et c’est déjà l’heure de préparer le marché de Vichy. Cette fois-ci, c’est Fabrice qui s’y colle et Thibaut et Elsa l’accompagne tous les deux. Un luxe inattendu puisque les deux se mettent rapidement à vendre comme s’ils avaient fait ça toute leur vie !

À la semaine prochaine !