Novembre vêtu de gris. Novembre au froid tendre. Depuis quelques jours, alors que je regagne le bourg après ma journée de travail, je mets systématiquement pied à terre pour admirer le ballet des étourneaux. Un soir, je décide de pousser jusqu’au plan d’eau pour prendre quelques photos dans la lumière du couchant de ces nuages mouvants. Je répète l’expérience en haut du petit pont qui surplombe le canal et je regarde les oiseaux dessiner des formes énigmatiques au dessus du village. Mes yeux s’attardent sur les toits bien tendrement tassés les uns contre les autres, sur le clocher, sur les tours du château… Et soudain je réalise : décidément, je l’aime beaucoup mon village !
J’aime son élégance sobre, j’aime ses petites rues calmes. J’aime la proximité du canal, qui draine tant de voyageur·euses à nos portes et qui est le lieu privilégié de mes promenades. J’aime le vaste plan d’eau autour duquel je tourne paisiblement lorsque je dois passer de longs appels à de lointain·es ami·es et parent·es. J’aime le fait que la Loire soit si proche – j’y ai mes petits coins secrets pour de rafraîchissantes baignades d’été. Il manquerait une belle forêt autour du village pour que le tableau soit parfait mais il y a tout de même quelques bois accessibles d’un coup de pédale et c’est déjà ça. J’aime le fait que le bourg, en dépit de sa faible envergure (500 âmes, à tout casser), soit doté d’autant de services ! Il y a une Poste, deux supérettes, un bistrot, un restaurant et un camping. Il y a aussi un salon de coiffure, tenu par Adilia. Vous savez le genre d’endroit d’où on sort sans savoir pourquoi on est heureux, si c’est parce qu’on se trouve beaux·belles avec notre coupe toute fraîche ou si c’est pour la qualité de la conversation. Dans l’une des supérettes, on trouve du pain venant de la boulangerie de Diou. En particulier, il y a la Ribatte, sorte de grosse baguette torsadée, au levain. Au jardin, c’est le pain avec lequel on se donne un petit coup fouet à la pause de 10h30. On étale une bonne couche de beurre ou de purée de cacahuète, selon les goûts et ça nous sustente parfaitement, jusqu’au repas. C’est aussi à l’Épicerie du Paradis que j’achète la presse locale et que je peux faire tout un tas de petites emplettes complémentaires. Mentionnons aussi que le mardi soir, un certain Stéphane, pizzaiolo en tee-shirt à toutes saisons, gare son camion place de l’église et nous offre un rituel gourmand, auquel les petites mains des Grivauds n’échappent pas…
J’aime la façon dont on se sent rapidement accueilli ici. Je me souviens que lorsque je suis arrivé, alors que je ne connaissais encore pas grand monde, on me saluait déjà copieusement. On m’a aidé à trouver un très chouette logement, où je suis comme un coq en patte et où nos petites mains sont reçues quand il fait trop froid pour habiter la caravane. Il y a une certaine modestie et une certaine gentillesse chez le·la pierrefittois·e qui rend les échanges faciles et qui permet de repartir en toutes circonstances avec un sourire ou un encouragement. Oui, décidément, c’est bon d’habiter à Pierrefitte-sur-Loire. Heureusement qu’il y a cette chaleur humaine, d’ailleurs, parce que niveau climat, pardon, mais il y aurait à redire… C’est quand même souvent qu’on a le droit à des températures alsaciennes en plein hiver, que les gelées de printemps sont très tardives et que les étés sont extrêmement secs et chauds. Bon d’accord, pas cette année. Mais n’empêche, jardiner dans de telles conditions, c’est raide. Qu’on n’aille pas s’étonner que les Grivauds consomment autant de glaces et de sorbets de juin à septembre…
Comme on vous l’annonçait la semaine dernière, on a joué l’école buissonnière avec Vichy et on est restés à travailler au jardin. Grand bien nous en a pris : on avait un retard qu’on commence à rattraper. De fait, les épinards sont enfin tous en terre, ainsi qu’une grosse série de mâche et un peu de mesclun. Une nouvelle planche de tomates a été désinstallée et désherbée. En serre 6, une série de salades et de basilic peuvent d’ores et déjà être remplacés par des mâches. Bref, ça turbine ! Au milieu de toute cette fébrilité, il y a Adriel·le, le·la wwoofeur·euse de la semaine, avec qui on parle pêle-mêle de jardinage, de politique, de vie en collectivité, d’écologie et de non-binarité. Le temps passe vite dans ces conditions…
À la semaine prochaine !