Un printemps qui noue les gorges mais pas les tomates

«Fabrice, t’es où ?» – «Je désherbe les courgettes.» – «Ah zut, on était dans la même serre mais je ne t’avais pas vu…»

Chaque saison a ses avantages et ses défauts. En hiver, on a hâte que les journées s’allongent, que les températures remontent, que les arbres aient à nouveau des feuilles et que le jardin se repeuple d’oiseaux et de fleurs. Par contre, on a quand même pas mal de légumes à vendre et à se mettre sous la dent. Lorsque le printemps est là, c’est tout de suite la course : on plante et on sème à tour de bras pour avoir un maximum de légumes le plus tôt possible. Parce que c’est un paradoxe des climats tempérés : c’est souvent au printemps qu’on trouve le moins de légumes… Des salades, des radis et des blettes pour résumer. Les légumes «nouveaux» (carottes, navets, oignons) arrivent au compte-goutte et aident à patienter en attendant les légumes d’été. Et c’est là que le bât blesse pour nous cette année : nos légumes d’été prennent du retard et nos légumes nouveaux ne sont pas toujours au rendez-vous… Il y a sans doute une part de responsabilité qu’il faudra nous imputer : certains de nos itinéraires techniques sont perfectibles (trop de paille sur les fèves, pas assez de voiles thermiques en plein champ, une bande trop tassée pour les carottes sous serres, etc.). Mais ça ne nous empêchera pas de râler contre notre ennemi du moment : le froid !

Ça, des fleurs, on en a !…

On lui doit quelques échecs de culture, comme cette jolie vernalisation des navets nouveaux sous serre, qui se sont mis à monter à la première après-midi un peu chaude. On lui doit des retards dans nos planches : les fèves stagnent, les épinards de plein champ poussotent (oui, c’est le terme technique consacré), les planches de salade se rattrapent et donnent toutes en même temps… On lui doit de beaux dégâts dans les premières plantations de légumes d’été : on se souvient du gel dans les tomates, les courgettes et les haricots. On lui doit d’avoir repoussé plusieurs implantations, pour cause de vague de gel, nous faisant perdre toute espoir de précocité sur les tomates cerise (par exemple). On lui doit de perdre du temps un 4 mai à couvrir toutes les cultures gélives parce qu’on nous annonce à nouveau trois matinées de gel successives. Mais ce qui est le plus impardonnable, c’est que les matinées froides nous privent de nos premières nouaisons de tomates ! Pourtant, on a des fleurs partout et on les secoue vers midi tous les jours, scrupuleusement. Mais, on ne voit toujours rien venir…

340 choux-raves fraîchement plantés : j’espère que vous connaissez quelques recettes…

Ne vous méprenez pas : on ne reste pas assis au milieu du jardin, les bras croisés en attendant que le flux de nord s’inverse ! On se démène de tous les côtés pour préparer l’été en espérant qu’un tel déferlement d’énergie finira par inspirer nos courgettes et les faire fleurir… On paille, on plante (des aubergines, des choux raves, des betteraves et de la salade), on désherbe (notamment en serre), on sème des carottes et des radis. Jamais notre ÉcoJardin n’aura vu autant de légumes en terre à la même date ! Si tout ça finit par donner, ça nous consolera de ce printemps interminable…

Tiens, et si on finissait par une bonne nouvelle ? Vous vous souvenez que Fabrice était sous le coup d’un remboursement partiel de sa DJA (Dotation Jeune Agriculteur) ? Fabrice avait alors envoyé à la DDT une longue lettre pour défendre sa cause, assortie de nombreuses pièces annexes, pour montrer qu’il n’avait pas passé les 5 premières années de son installation à jouer de la guitare en sirotant des Piña Coladas les doigts de pied en éventail au milieu du jardin. Finalement, après 5 mois de silence radio, il apprend par courrier que rien ne lui sera réclamé : on lui reconnaît des «circonstances exceptionnelles». Je ne sais pas pour vous, mais moi je vais aller fêter ça en me cuisinant une bonne soupe de blettes !

À la semaine prochaine !

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2 réponses sur “Un printemps qui noue les gorges mais pas les tomates”

  1. On voit bien qu’il fait froid grâce à la position toute pelotonnée du chat et de la chenille. Même les insectes attendent le printemps avec impatience ! Au fait ? C’est quand la fin de l’automne ? 😁😁😁

  2. Le climat ne vous rend pas la tache facile 🙁
    Mais je ne doute pas que vos plantes vous rendrons ce que vous leur apportez.
    Super pour Fabrice 😉
    Mais où sont les petits chats ? 😀 😀
    Courage à vous.

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