Quand nos visiteurs nous invitent à repenser notre ÉcoJardin

On trouve décidément de drôles de choses dans notre paille cette année…

Cette semaine encore, l’ÉcoJardin des Grivauds a été très fréquenté. Parmi ses visiteurs, il y avait Gaël et Marianne, qui entamaient leur deuxième semaine de Wwoofing chez nous et qu’on vous a déjà présentés la semaine dernière, ainsi que Gildas, stagiaire BPREA de passage pour 4 jours afin d’avoir un premier contact avec les techniques du Sol Vivant. Rarement nous n’avons été autant questionnés sur notre pratique qu’au cours de ces derniers jours. Ce sont surtout les gestes les plus répétitifs, ceux qui nous semblent maintenant banals, qui ont fait l’objet d’un ré-examen attentif. Pailler, d’accord, mais comment faire pour que ce soit plus rapide ? N’y aurait-il pas un outil à inventer pour faciliter la plantation des mottes sous la paille (une sorte de mini-tarière, en somme) ? Comment faire pour bien gérer les vivaces rampantes qui traversent la paille, sans avoir à passer trop de temps le sécateur à la main ?

Une planche de choux pointus et de choux-raves prometteuse

Notre jardin est déjà productif, nos marchés de l’an passé nous l’ont prouvé, mais nous manquons encore de recul. Après tout, ça ne fait que 3 ans que Fabrice a pris la décision de basculer en non-travail du sol et tous les problèmes ne sont pas résolus. Pour prendre un exemple de saison, on sent qu’il nous reste des progrès à faire sur les semis de petits pois et de fèves. Ces regards extérieurs que nous apportent nos wwoofeurs et nos stagiaires sont indispensables et ils mettent parfois le doigt où ça fait mal… Reste à trouver le temps de remédier concrètement aux problèmes soulevés. Nos impératifs de production nous obligent trop souvent à parer au plus pressé, malheureusement. Je rêve à mon tour de redevenir un temps wwoofeur pour aller voir d’autres maraîchers MSV plus expérimentés. Mais la saison avance et le temps des grandes plantations est revenu.

Je peux vous garantir que ces plants de tomate auront entendu parler de Sol Vivant !

Alors, on plante ! Des tomates (beaucoup !), des fenouils et du basilic en serre. Des blettes, des choux et des salades en plein champ. Les pluies de la fin de la semaine profitent immédiatement aux cultures et permettent aux sols de se réhydrater un bon coup avant les grosses chaleurs de fin de printemps. On palisse les haricots grimpants, on secoue nos fleurs de tomate et on observe les premières courgettes se former. Ça nous aide à patienter en attendant le retour de la prodigalité estivale de notre jardin…

À la semaine prochaine !

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Sortir de l’angoisse des nuits glaciales

La tâche bleue foncée au milieu de la France, c’est nous !

Il était trop tôt dimanche dernier pour tirer un bilan définitif de l’épisode de froid qui nous a affectés quatre jours et quatre nuits durant (du vendredi matin au lundi matin). Une grosse partie de la France a été touchée par le passage de cette masse d’air froid et sec en provenance de la Baltique. Mais ici, son amplitude a connu des valeurs extrêmes, comme le montre la carte ci-jointe. En plaine, notre région est l’une de celles où les gelées ont été les plus aiguës. Notre station météo a notamment enregistré un joli -5,5°C dimanche matin mais vu les dégâts dans les cultures non-gélives, il y a gros à parier qu’au niveau du sol (et en particulier au dessus des planches recouvertes de paille blanche ou brillante), la température a flirté avec les -8°C. On a ainsi vu «brûler» des choux, des fèves et des salades, ce qu’on n’avait jamais connu jusque là. Les articles de Météo France nous le confirment : l’épisode est exceptionnel : l’air a été extrêmement sec et l’absence de gelée blanche a entraîné une chute brutale des températures au ras du sol.

À droite, la tête du pied de tomate est grillée mais le gourmand (à gauche) a pris le relai !

Au final, quelles ont été les conséquences dans les cultures ? Il y a bien sûr de nombreux pieds de tomate, quelques courgettes et quelques haricots qui ont «grillé» sur place. Pour  les tomates, on remplace pied à pied grâce aux plants qu’on a achetés à notre confrère Jean-Baptiste Guinot (du Jardin de la Gare à Sorbier). Souvent, on hésite : la tête est morte mais… il y a de beaux gourmands, bien vigoureux ; que faire dans ce cas ? Les températures très basses de la nuit ont induit dans nos cultures des stagnations de croissance presque partout : rien ne décolle vraiment, même si, dans les serres, l’éclairement permet de dépasser les 20°C l’après-midi. Autre retard : le nôtre ! On a du décaler notre calendrier de plantation des tomates et des aubergines pour laisser passer la vague de froid. Sans parler du temps perdu à cacher et dé-cacher toutes les cultures sensibles…

La pompe est en panne, on arrose au jet pour parer à l’urgence. Ici, c’est Marianne qui s’y colle !

Dans la foulée de l’épisode de froid, la tiédeur se réinstalle et la matinée du mardi nous offre 7 mm d’une pluie plus que bienvenue. Dès le lendemain, le mercure s’envole et on se décide à relancer les arrosages en serre. Et là, nouveau drame : la pompe de la réserve tombe en carafe ! Branle-bas de combat aux Grivauds : on mène de front les diagnostics, les réparations, les solutions provisoires et … les arrosages manuels au jet (directement branché sur le puits). Un nouveau stress dont on se serait bien passé. On sait que sous la paille nos sols se dessécheront lentement et que nos plantes ne dépériront pas mais de là à dire que les réserves du sol seront suffisantes pour assurer la croissance qu’elles devraient avoir avec une telle douceur…

Plantation de tomates avec Gaël, Marianne et Maxime

Heureusement qu’on n’est pas seuls dans notre jardin en ce moment : ça nous aide à dissiper la grisaille qui s’est installée dans nos têtes préoccupées. Il y a Maxime, pour qui c’est la deuxième semaine aux Grivauds. Ses compétences en électricité nous permettront de prendre les bonnes décisions pour relancer au plus vite notre pompe. Et puis, il y a Marianne et Gaël, nos deux nouveaux wwoofeurs, venus de Lyon. Ce sont deux ingénieurs fraîchement diplômés qui ont décidé de faire rapidement un pas de côté et qui peaufinent un joli projet de maraîchage sur sol vivant, en essayant de ne laisser aucun aspect de côté. Avec eux, on a notamment une réflexion sur l’outillage lié à notre pratique. Tout ce petit monde nous permet d’avancer à grands pas : désherbage des carottes, déliseronnage des choux, paillage et plantation des mini-blettes, etc. Il y a même des tâches qu’on désespérait de voir se réaliser un jour, comme la plantation des artichauts ! Merci à tous les trois !

Samedi, fin de journée : la pompe re-fonctionne ! On quitte le jardin très soulagés !

Mon article est déjà très long mais je m’en voudrais de ne pas terminer par quelques bonnes nouvelles. D’abord, à la faveur de la douceur printanière, de nombreuses cultures ont daigné traverser la paille : les fèves, les petits pois, les oignons et les pommes de terre. On pense à tous ceux qui ont participé à la mise en place de ces cultures en début de printemps : Aymeric, Camille et Laurence. Enfin, la semaine se termine sur un cri de victoire : Fabrice a réussi à faire re-fonctionner la pompe et on lance un arrosage de plein-champ sur les épinards et les oignons ! Ouf !

À la semaine prochaine !

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Chante, Rossignol, chante !

Verdier d’Europe mâle

Faute de chaleur, le printemps nous apporte tout de même son lot d’oiseaux et Fabrice nous fait lever la tête à chaque instant : ici, une linotte, là,un rossignol, là-bas un grimpereau, ici une fauvette à tête noire ! Alors je dégaine mon appareil photo et je profite que nos arbres n’aient pas encore beaucoup de feuilles pour ajouter un nouveau volatile à ma collection photographique. Notre coup de cœur de la semaine : un petit groupe de verdiers qui s’est laissé approcher et photographier. Dans nos serres, la vie au sol commence à devenir de nouveau passionnante : on aperçoit nos premiers grillons, nos premières coccinelles, nos premières sauterelles et aussi … un magnifique crapaud calamite (voir la galerie à la fin de l’article) !

Maxime (à droite), notre nouveau wwoofeur, immédiatement mis dans le bain (de paille).

Heureusement qu’il y a tous ces apartés naturalistes dans notre travail parce les chantiers de la semaine ne sont pas les plus rigolos… Effrayés par les prévisions météos pour la fin de semaine (à juste titre d’ailleurs), on décide d’abandonner pour le moment toutes les plantations de légumes gélifs (dont les tomates) et on se concentre sur notre plein champ. Où, concrètement, le travail consiste principalement à pailler nos planches de culture… Bon, ce qui est gratifiant, tout de même, c’est qu’on voit le champ se remplir progressivement, bande après bande. Cette semaine, par exemple, les fèves ont enfin traversé la paille, à tel point qu’on voit bien les rangs ! Ce sera bientôt le tour des oignons en bulbille, des pommes de terre et des petits pois.

Récolte de panais : Camille utilise une technique très personnelle…

Cette semaine, un nouveau wwoofeur vient compléter notre joyeuse équipe : c’est Maxime, qui nous débarque du Loiret avec déjà de sérieuses connaissances en matière de jardinage sur sol vivant (merci Ver de Terre Production !). L’occasion pour lui de passer à la pratique et de voir concrètement comment se comporte un écosystème lorsqu’on arrête de travailler son sol. Plantation, paillage, récoltes, comme toujours on essaye de lui faire «goûter» à tout. Dans le même temps, c’est la dernière semaine de Camille et Aymeric aux Grivauds. On profite au maximum de leur énergie et de leur bonne humeur, ça nous permet de surmonter joyeusement la sécheresse de ce printemps et les fortes gelées matinales…

À la semaine prochaine !

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Coup de froid sur les tomates, les leçons d’un petit désastre

Tiens, il grêle aux Grivauds, ça nous change des gelées matinales…

Ça fait des semaines qu’on vous témoigne de notre inquiétude concernant la météo de ce printemps : trop de sécheresse, des gelées matinales systématiques et des amplitudes thermiques délirantes (notamment dans les serres). L’épisode de grêle de mercredi n’était pas pour nous rassurer. Habituellement, aux Grivauds, la première série de tomates est plantée dans la première semaine d’avril et, de fait, nos plants de tomates étaient plus que prêts à être plantés… Pas seulement les tomates d’ailleurs, les courgettes et les haricots aussi. Sauf que cette année, nos sites de météo nous prévoyaient une gelée dans la nuit de jeudi à vendredi (de -1°C à -3°C). Que faire ? Décaler les plantations, c’est prendre une semaine de retard sur toutes nos plantations. On décide de planter quand même et on protège toutes nos bandes avec deux couches de voiles thermiques. Dans l’euphorie de la plantation, on en profite même pour sortir de la pépinière tous nos plants de tomates un peu avancés et on les installe sur une planche fraîchement paillée en serre nº2.

Les tomates qui ont survécu au gel sont belles ! Pour les autres…

Finalement, la gelée annoncée a bien lieu. Sauf que le gel démarre à 22h00 et que la température descend à -5°C au sol en fin de nuit… Vendredi matin, on évalue les dégâts : plus d’un tiers des tomates plantées ont gelé sur pied et on perd au moins 4 caisses de plants. Au total, c’est entre 160 et 180 pieds de tomates qui vont nous manquer. On noie notre amertume dans le travail et on poursuit les plantations (courgettes et haricots) et le paillage (petits pois en plein champ). On en tire une leçon importante : partout où le paillage est récent (paille bien jaune), le gel a attaqué très fort. On le savait déjà : la paille a une faible capacité thermique (elle retient mal la chaleur) et lorsqu’elle brille, c’est encore pire puisqu’elle renvoie la lumière au lieu de l’absorber… On envisage plusieurs palliatifs pour l’année prochaine : installer une bâche noire temporairement au milieu des rangs de tomates ou bien pailler après la plantation, lorsque les gelées ne sont plus à craindre. C’est d’ailleurs comme ça qu’on a procédé pour les courgettes et les haricots et les dégâts y sont minimes (quelques feuilles brûlées).

Ah oui, ils peuvent être fiers d’eux, ces deux-là : on leur doit quelques beaux paillages de plein champ !

Heureusement que pour le reste, les choses avancent plutôt dans le bon sens ! Notamment grâce à Camille et Aymeric, nos deux wwoofeurs de choc ! Ils paillent, ils plantent et ils désherbent comme s’ils avaient fait ça toute leur vie. Le grand jeu du moment, c’est l’apprentissage des familles de plantes maraîchères : brassicacées, fabacées, apiacées, alliacées, solanacées, cucurbitacées, chénopodiacées, astéracées, etc. Sans parler du grand défi : placer le mot «convolvulacée» (famille du liseron et des patates douces) au milieu d’une conversation…

À la semaine prochaine !

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