La technique du semis en poquets paillés

Oui, la pose est très importante dans cette technique : la graine ne germe que si on la sème avec élégance.

Moui, je cherche encore un nom un peu correct à cette technique «made in Grivauds» pour que ça sonne un peu mieux. Pour le moment, contentez-vous d’ouvrir grand les yeux et les oreilles, on va vous expliquer comment on sème des betteraves à travers la paille sans ouvrir de sillon. Peut-être que vous ne saisissez pas bien l’enjeu alors je vous explique la situation. D’habitude, les betteraves, on les sème dans du terreau (en mottes) et on repique les plants à travers la paille. Technique archi-rôdée. Mais avec la betterave, la reprise n’est jamais éblouissante (sauf pour la betterave de printemps) et on a du mal à avoir un bon rendement. On sait que les betteraves sont souvent plus vigoureuses lorsqu’elles sont semées directement en pleine terre (semis direct). Or, nous, on a du mal à faire des semis direct. Et pour cause : nos sols sont constamment couverts. Pour les carottes, vous le savez déjà, on ouvre des sillons dans la paille et on sème dans les sillons. Puis on couvre avec du compost. C’est laborieux à faire et il faut ensuite désherber le sillon. Pour la betterave (et le navet), on a testé une méthode qui permet de ne presque pas ouvrir la paille et de limiter l’enherbement. Voilà comment on procède.

À la fin, on a des petits poquets noirs (à cause du compost) visibles à travers la paille. Normalement, cette technique ne nécessite aucun désherbage d’annuelles !

D’abord, il faut un lit de paille assez fin. Un résidu de paille après une récolte de salades peut convenir. Ou alors on dispose de la paille en andain sur la planche et on broie. Cette année, c’est ce qu’on a décidé de faire. Ensuite, avec la pointe d’un plantoir conique, on vient légèrement ouvrir la paille tous les 15 cm, de telle sorte à voir le sol. On dépose les graines sur le sol, on recouvre avec une pincée de compost et on arrose. C’est simplissime et ça marche. En tout cas, on a déjà réussi quelques semis comme ça (dont un semis de navets de printemps, sous serre). Comme on est un peu tard en saison, on sème des variétés à cycle court : Chioggia, Noire plate d’Égypte et Bolivar.

Des choux de Pontoise bien à l’abri sous leur filet d’ombrage.

Dans les gros chantiers de la semaine, il y a aussi la plantation des choux, qui avance d’un bon pas. Comme toujours, on protège les plants fraîchement repiqués des brûlures en leur procurant un ombrage. Cette année, on n’a pas besoin d’arroser après plantation : il pleut énormément… De même, inutile de se protéger des altises : elles sont tout simplement absentes ! Ça nous permet de ne pas avoir à disposer les filets anti-insectes par dessus les cagettes. On les installe une fois que les plants sont dé-cachés et prêts à recevoir la lumière.

Cette semaine, on dit au revoir le matin à Cécile et Manon, puis en fin de semaine à Adeline. Adeline qui s’est fait rejoindre par Étienne, son compagnon, pour son dernier jour de stage. On sait déjà qu’on reverra tout ce petit monde un jour ou l’autre aux Grivauds, on se s’inquiète pas trop pour ça. Hasard du calendrier, on a devant nous deux semaines sans « petites mains » et ça nous fait un peu bizarre. Est-ce qu’on serait devenus accros ? Il semblerait bien, oui…

À la semaine prochaine !

Encore un article a minima

Oui, bon, alors, il va falloir que vous vous détendiez un peu : je traverse une période où c’est très difficile de me poser devant un ordinateur quelques heures pour écrire et trier des photos. Du coup, l’article de la semaine va se réduire de temps en temps à une galerie de photos, postée un peu quand j’ai le temps… Mais ne vous inquiétez pas : je ne suis pas en train d’abandonner ce blog et je reviendrai prochainement à la charge ! Bon visionnage et à la semaine prochaine !

Questionner le modèle agricole, encore et encore

Récolte de fraises avec Manon, Céline et Adeline. Manon nous certifie qu’elle ne mange que les fraises abîmées…

Il y a des petits hasards qui donne un peu de sel à certaines rencontres. Figurez-vous que Céline, qui effectue son dernier stage aux Grivauds cette semaine, et Manon, notre nouvelle wwoofeuse, se connaissent déjà ! Marche pour le climat, chantiers participatifs, on sent que leur fibre écologique les rapproche. Manon, c’est une graphiste qui va de wwoofing en wwoofing en quête de sens et d’apprentissages. Elle nous pose de nombreuses questions sur notre condition paysanne. Avec elle, on se demande comment notre modèle agricole pourrait sortir de la précarité et gagner en résilience. Et, justement, le projet de Céline est un support de réflexion pertinent. Céline reprend la ferme familiale, aidée de son frère. Sur sa ferme (Ferme du Chapi[1]https://www.lafermeduchapi.com/ ; Et si vous alliez y manger un bout ? Nous, on y songe en tout cas !, dans le Beaujolais), de nombreuses activités agricoles différentes : élevage, grandes cultures (dont des lentilles), légumes et restaurant. Les activités agricoles sont mécanisées, contrairement aux Grivauds. Ce modèle est plus rentable que le nôtre. Par contre, la charge de travail y est tout aussi vertigineuse : les journées sont très longues et les jours de congés sont rares. «Si c’est si peu rentable de produire des légumes, pourquoi le faites-vous alors ?» La question est parfaitement légitime et même Adeline, de retour aux Grivauds pour une nouvelle série de stages, se sent interpelée. Elle aussi ressent l’appel de la terre, l’envie de produire de beaux légumes, dans un cadre riche de biodiversité. Mais s’épuiser à la tâche, ça n’est un objectif pour personne ! Manon nous pousse à nous souvenir de nos motivations profondes, des raisons qui nous ramènent encore et encore à arpenter notre jardin, une caisse de récolte à la main, un plantoir dans l’autre.

Broyage de l’engrais vert

La semaine a été prodigieusement dense et tout avance à grande vitesse. L’engrais vert, notre fabuleux mélange de seigle et de vesce, est broyé, signe que les plantations de choux vont bientôt démarrer. On paille une butte pour des céleris-branches et des fenouils et une autre pour un gros semis de haricots nains. Fabrice se lance dans la plantation des poireaux : une première salve de 1500 est en terre. Des routines se mettent en place sur la ferme : le matin, on récolte et on pollinise les courgettes. Puis on récolte les fraises. Et on emmène tout ça à la bergerie. Le soir, on prend le temps de tailler et palisser nos tomates, qui poussent enfin à une belle vitesse. On profite de l’abondance de main d’œuvre pour chasser les doryphores et pour désherber le blé qui pousse sournoisement dans nos panais. Bref, on ne chôme pas !

Non, vous ne rêvez pas, désormais on roule en merco. L’irrésistible ascension sociale des maraîchers des Grivauds se poursuit.

Autre évènement d’ampleur : mardi, on a troqué enfin notre vieux camion rouge contre un camion bleu un peu plus jeune et un peu plus grand ! Nous voilà endettés de nouveau, mais on a bon espoir que ça nous permettra de gagner en tranquillité. Vous ne pouvez pas vous imaginer le stress que représentait pour nous chaque nouvelle panne. Est-ce réparable ? Est-ce coûteux ? Le camion pourra-t-il être réparé avant la prochaine livraison d’Amap, avant le prochain marché ? Le temps, l’énergie et l’argent que nous allons ainsi économiser nous permettront de nous consacrer pleinement à nos légumes. Et de garder les idées claires pour mieux défendre notre modèle agricole face aux questions de nos stagiaires et de nos wwoofeurs·ses…

À la semaine prochaine !

References

References
1 https://www.lafermeduchapi.com/ ; Et si vous alliez y manger un bout ? Nous, on y songe en tout cas !

Pas d’article mais quelques photos

Chers lecteurs, toutes nos excuses pour l’absence d’article ce week-end ! J’ai de bonnes raisons pour ne pas avoir trouvé le temps de m’en occuper, rassurez-vous. N’empêche, je m’en voudrais de vous négliger complètement, alors je vous ai concocté une petite galerie.

Dernier tour d’honneur pour Charly

Ah si, tout de même ! J’avais envie de dire un petit mot pour Charly, qui vient de terminer cette semaine son dernier stage aux Grivauds. Avec lui, nous avons traversé l’automne, l’hiver et le printemps. C’est peu dire que nos cultures doivent beaucoup à son efficacité. Et que sa générosité restera une grande source d’inspiration pour nous. On te souhaite bon vent, Charly. On te souhaite de terminer avec brio ta formation. On espère que tes pas t’amèneront à arpenter d’autres jardins, car tu y es parfaitement à ta place. Et on espère te revoir ici, bien entendu !

À la semaine prochaine !