Alors qu’ici on attend la pluie désespérément, à São Paulo, première ville du Brésil, il a plu des cendres. Des cendres venues tout droit des incendies qui touchent la forêt amazonienne depuis le début du mois. En cause, l’accélération de la déforestation sous le mandat de Bolsonaro. Mais ne faisons pas l’autruche, au final les bénéficiaires de cette politique nous sont aussi très proches. Car là-bas, on abat principalement la forêt pour produire du soja ou de l’huile de palme, choses qu’on retrouve en Europe par la suite (la France, par exemple, a importé 2,5 millions de tonnes de soja brésilien en 2017). Il y a donc un problème global, pas seulement local. Un problème de modèle, un problème de rapport à la nature voire même un problème de rapport à la réalité. Car, la réalité, cinglante, vient frapper violemment à notre porte cet été : la sécheresse et les canicules sont là pour nous le rappeler, le changement climatique est déjà en marche. D’ailleurs il ne marche pas, il court. Dès lors, que faire ? Je sens bien que nous devrions être présents nous-aussi au contre-sommet anti-G7 dans le pays basque mais notre ÉcoJardin nous a trop enraciné pour que nous puissions faire le déplacement en plein été. Plus de temps pour tergiverser : c’est l’heure de se retrousser les manches et de se poser des questions brûlantes. Comme celle-ci : que peut-on faire à notre échelle pour faire pousser des légumes avec le moins d’eau possible ? Ou encore plus prosaïque : comment faire pour planter des navets quand le mercure s’obstine à dépasser les 30°C toutes les après-midi ?
Pour les navets, on a commis deux erreurs cette année. D’abord, celle de croire que les altises étaient définitivement allées se mettre au chaud dans le sol et avaient abandonné pour cette année leur fâcheuse habitude d’aller piquer nos feuilles de brassicacées (la famille des choux et … des navets). Ce qui fait qu’on n’a pas caché la première série de plantation… et qu’elle se retrouve aujourd’hui complètement parasitée. Car les altises ont adoré le gros coup de chaud tardif que nous vivons actuellement ! La deuxième erreur a été de penser qu’on pouvait se permettre de planter nos navets par n’importe quelle température, comme on le ferait pour une salade. Résultat : de nombreux plants ont tout simplement brûlé au soleil ! On retient avec amertume qu’avec certaines cultures, il faut prendre les mêmes précautions lors d’un coup de chaud de fin août que lors d’une canicule de fin juin…
N’empêche, notre ÉcoJardin est resté vert cet été. Grâce à notre puits et notre irrigation, certes, grâce aussi à nos techniques MSV (Maraîchage sur Sol Vivant) et en particulier grâce à la paille. Grâce à une énergie immense dépensée à bichonner nos cultures à chaque étape : paillage, ombrage, pose de collerettes, désherbage, protection contre les insectes ravageurs… Grâce à toutes nos petites mains (wwoofeurs et stagiaires) qui nous ont permis d’être efficaces et d’entretenir au mieux nos cultures. Vue la rudesse de la saison, on s’émerveille de la taille de nos choux, de la longévité de nos haricots (qui continuent à donner alors qu’on ne les arrose plus depuis deux semaines pour ne pas mouiller les oignons rouges juste à côté), de la résilience de nos courges (qui avaient pourtant perdu leurs feuilles et leurs premiers fruits lors de la grêle du 6 juillet), de la résistance de notre première série de concombres (qui continuent à donner des fruits alors que chaque nouvelle feuille émise est méticuleusement desséchée par les acariens en moins de 10 jours). Cette sécheresse, en poussant le jardin dans ses retranchements, nous aura appris énormément de choses cette année. Elle nous a obligé à repenser certains itinéraires techniques, pour favoriser l’implantation, pour limiter le stress végétal et pour gagner en efficacité. Cela dit, elle nous confirme dans nos grandes lignes directrices : soigner le sol, soigner la biodiversité et réduire la mécanisation.
À la semaine prochaine !
Une belle biodiversité à l’œuvre dans le jardin, c’est beau à voir !
Une question, en passant : si la sécheresse ou le manque d’eau s’installent, est-ce que c’est intéressant d’envisager de faire pousser des légumes adaptés à ce genre de climat, des légumes qui poussent généralement sous d’autres latitudes ? (Je sais que ce n’est pas ça changer de modèle, mais ça permet de s’adapter, pour un temps – ???).
Tu penses à quoi ? De la noix de coco ? 😉 Plus sérieusement, sans eau, il n’y a pas grand-chose qui pousse… Des cactus peut-être…
Connais tu le ou la polythère. C’est une nouvelle technique pour avoir de l’eau pour les végétaux. Ce sont des ajouts mis lors de la plantation qui au fur et à mesure se gorge d’eau et la restitue au fil de l’eau au cours de la vie du végétal. D’après la présentation faite cela est utilisé pour les arbres. Voir si cela peut être appliquer à la culture des légumes!!!!
Bon courage, bises à bientôt
Salut à vous deux !
Quand je vois Fabrice dans les tomates, ça me rappelle qui faut que revienne en picorer !
Mais malheureusement pas cette année, je n’ai qu’un petit week-end de vacances et je les passe à Montpellier.
PS : Tu as remplacé les chats par des serpents de compagnie ?