Tomates : les raisons d’une prodigalité éphémère

Des fruits sur les premières grappes mais pas après.

Une ombre plane au dessus de nos tomates. Une vague malédiction semble vouloir systématiquement nous priver de grosses récoltes après le 15 août. Le front plissé, nous consultons les livres sacrés de notre profession (Itab, La Note Maraîchage Bio, E-phytia, etc.). L’apocalypse y prend des noms barbares, cladosporiose, alternariose, mildiou, et ça nous épouvante encore plus. «Mais qu’est-ce qui vous inquiète précisément ?» seriez-vous en droit de me demander. Eh bien, c’est un ensemble de symptômes : flétrissement, décoloration générale, feuilles abîmées, croissance ralentie, mauvaise nouaison à partir de la 4ème grappe (parfois dès la deuxième grappe pour certains pieds). Bref, maintenant qu’on a récolté les premiers fruits de chaque pied, on sent que la suite va être beaucoup moins marrante…

Histoire de mieux suivre l’évolution de nos rendements, on a décidé de peser systématiquement chaque récolte. Les résultats (provisoires) apparaissent dans le graphique ci-contre. Pour l’instant, on voit surtout qu’on fait un bon début de saison, le meilleur depuis longtemps. Curieusement, les pieds plantés les plus tard sont ceux qui restent les plus vigoureux. Et comme on a planté en trois vagues successives, la production est plus lissée que l’année dernière. La première planche donne ses derniers fruits – les premiers pieds de Saint-Pierre sont complètement vides, par exemple – alors que la troisième série entre en ce moment en pleine production. À partir de la semaine prochaine, le gros de nos récoltes viendra de ces pieds-là. Alors qu’on peine à vendre le surplus de cette semaine (les jardiniers commencent à en avoir aussi), on s’attend déjà à des semaines où il faudra choisir entre les Amaps et le marché. Heureusement, on va bientôt commencer à récolter nos premiers poireaux d’été, on devrait se faire pardonner comme ça…

Racine liégeuse (Corky root)

Nos tomates ont toujours été un peu malades mais pas à ce point. L’alternariose, par exemple, nous accompagne depuis un certain temps. Et comme les spores sont aussi présents dans les graines et qu’on fait nos graines sur des plants atteints, on sait qu’il va falloir «faire avec». Pour expliquer le mauvais état sanitaire de nos cultures, on a d’abord soupçonné les pucerons d’avoir contribué à accélérer les contaminations. Dans le doute, toujours accuser les pucerons, c’est un principe maraîcher. Et puis, finalement, Fabrice a lâché le mot qui tue : «Corky root», la racine liégeuse. En déracinant un plant très atteint, on constate que certaines racines sont effectivement abîmées. Il s’agit d’une maladie cryptogamique qui peut survivre plusieurs années dans le sol. C’est pour cela que les rotations sont recommandées pour les tomates. Il faut bien admettre que chez les petits maraîchers et chez les jardiniers, ce sont des cultures qui ne changent pas beaucoup d’emplacement… Tant que ça se passe bien, on ne touche à rien. Un jardinier ne va pas se mettre à déplacer sa serre à tomates tous les ans, soyons pragmatiques ! Et puis, nous, on est contents de cet emplacement parce que ça permet de limiter les convoyages des tomates vers la bergerie, et ça, ça compte ! Dès lors, que faire ? Il y a une piste à envisager pour l’année prochaine : le greffage des plants. À condition, bien entendu, de choisir un porte-greffe résistant au Corky Root. Si certains d’entre vous pratiquent déjà, merci de nous raconter comment ça se passe et si vous en êtes contents.

Claire et Gwenegan à la récolte des aubergines

«Bon, mais à part se lamenter sur vos tomates, qu’avez-vous fait de la semaine ?» Eh bien, d’abord, on a beaucoup récolté ! Les tomates, les aubergines, les haricots, les courgettes, tout ça prend beaucoup de temps. On plante un peu de salades, de choux chinois, on sème des radis et des navets, on désherbe nos carottes… Cette semaine, on est accompagnés de deux wwoofeurs atypiques : ils sont venus de Bretagne en … tandem ! Après avoir sillonné leur région, Claire et Gwenegan ont suivi la Loire pour arriver jusqu’à nous. Quel honneur ! Dans le jardin, on sent bien qu’ils ne sont pas vraiment débutants et qu’ils ont déjà quelques heures de jardinage et de wwoofing derrière eux ! Cerise sur le gâteau, ils sont aussi naturalistes et Fabrice peut enfin se faire pleinement comprendre quand il s’extasie sur un passage de cigognes ou de guêpiers…

À la semaine prochaine !

Une réponse sur “Tomates : les raisons d’une prodigalité éphémère”

  1. Noooon !! Pas les tomates !!
    Bon ben je vais devoir revenir (juste) pour apprendre l’art du porte-greffe !
    (Et vous aviez encore des choux à planter !!?)
    Bon courage avec les tomates !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *