«C’est fou comme l’herbe a poussé !» s’exclame Charly. Il a seulement quitté le jardin une dizaine de jours et il nous explique à quel point il sent du changement, ne serait-ce que dans nos prairies. Et c’est vrai que depuis quelques jours, les graminées s’en donnent à cœur-joie. Aux fleurs de Vulpins et de Bromes mous s’ajoutent désormais celles des Pâturins des prés, des Houlques laineuses, des Fétuques élevées et des Flouves odorantes. J’adore ces floraisons, que je trouve toujours particulièrement élégantes et graphiques. Et puis, je comprends l’enthousiasme de Charly : en traversant le verger, on se sent désormais comme accompagnés dans la prairie tout au long du chemin qui mène vers les champs. Lorsqu’on marche au milieu de l’herbe haute, on se sent littéralement enveloppé de végétation, dilué dans un paysage dans lequel on ne pourra bientôt plus prétendre être vu de loin, dans lequel l’animal humain ne domine plus son chemin. L’herbe haute, ça rend un peu modeste. Aux tiges des graminées s’accrochent follement les vrilles des Vesces et les minuscules aiguillons des Gaillets gratterons. Et pendant que nos yeux se laissent accrocher par le vol d’une libellule ou d’un papillon, une vie discrète mais abondante s’installe à toutes les hauteurs de la prairie : des abeilles, des mouches, des punaises, des fourmis, des araignées et j’en passe. On obtient une belle biodiversité à bon compte en arrêtant simplement de tondre ces espaces verts… D’où vient dès lors que nous n’avions pas perçu ce changement d’ambiance, pourtant significatif ? C’est que notre esprit est ailleurs.
Notre esprit est tourné vers la première livraison d’Amap, dans deux semaines. Et en particulier, nous sommes obnubilés par les floraisons de nos courgettes et de nos tomates. Car, tout est un peu en retard dans notre ÉcoJardin. La faute à un printemps désespérément froid, qui retarde tout, ça vous le savez déjà. Les premières fleurs de tomates sont arrivées cette semaine et elles sont encore très discrètes. Les courgettes ont commencé leur floraison quelques jours plus tôt mais elles n’ont produit pour l’instant que des fleurs femelles. Ce qui signifie qu’aucune pollinisation n’est encore possible… De toute façon, compte-tenu du froid qui règne encore dans le jardin (4 à 6°C le matin, 13 à 15°C l’après-midi), les insectes pollinisateurs ne sortent presque pas… Dans les petits pois, la situation se décante tout doucement et on devrait pouvoir faire une première récolte avant la fin du mois. Par contre, nos haricots à ramer n’ont toujours pas démarré, ce qui est extrêmement préoccupant. Les pommes de terre sortent timidement de la paille et les rangs apparaissent par à-coups. Soyons justes : il y a quelques cultures qui démarrent mieux que les années précédentes : les choux de printemps, les choux chinois, les navets, les oignons, les choux-raves, les petits pois de plein champ et les fèves… Et il semblerait qu’on ne manquera pas de salades cette année !
Les implantations ont continué bon train. On est à l’heure sur notre planning pour tous les légumes d’été : tomates, aubergines, poivrons et concombres. L’année dernière, on plantait encore des aubergines fin mai. Cette année, on a une bonne longueur d’avance : lundi prochain, on devrait avoir terminé de planter tous nos légumes d’été. Oui, tous. Notre célérité aura au moins eu un mérite : nos plants ne sont pas épuisés lorsqu’on les met en terre et reprennent rapidement. Les plantations de tomates nous ont d’ailleurs occupé une bonne partie de la semaine. Ce qui nous a permis de faire connaissance avec Alexandre notre stagiaire de la semaine. Alexandre nous vient de loin : le Cfppa de Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne ! Pour le moment, il profite de ses stages pour voir un maximum de techniques et de structures différentes. Il ne pense pas s’installer immédiatement, se sentant encore trop débutant. Pourtant le goût pour le maraîchage et la motivation sont déjà bien là ! Il nous bombarde de questions techniques, nous obligeant à détailler le moindre de nos gestes professionnels. Son passage aux Grivauds a été court mais intense et on le retrouvera un jour avec plaisir s’il le souhaite ! Merci Alexandre pour ton coup de main et ta bonne humeur. Je m’en voudrais aussi de ne pas saluer comme il se doit le départ d’Hélène, qui nous a quitté mardi matin, avec quatre incroyables semaines ! Hélène aura été à nos côtés pendant une grande partie de ce froid printemps. Son enthousiasme et son implication nous auront servi d’aiguillon pour ne pas céder à la morosité et pour poser sans cesse sur notre jardin un regard curieux et passionné. Là encore, ne vous inquiétez pas trop : il y a de fortes chances pour que vous la retrouviez un jour ou l’autre sur ce blog…
À la semaine prochaine !