En ce moment, avec Fabrice, on réalise un petit rêve : réussir à aller toutes les semaines sur le marché de Vichy, hors période de tomates. C’est inédit pour nous d’avoir autant de légumes à cette période. De même, en avril, on avait du rendre nos visites à Vichy plus régulières, pour écouler nos épinards et nos salades. Actuellement, ce qui embouteille notre chambre froide, ce sont les betteraves, les petits pois, les choux cabus, les courgettes et les concombres. Ah, et aussi quelques centaines de magnifiques salades de plein champ. Que s’est-il passé ? Les conditions météorologiques sont très favorables à une belle précocité, contrairement à l’année dernière. Et puis, on a encore fait des progrès, en termes de choix techniques : le réchauffement et l’hydratation des sols ont été mieux gérés. La fertilisation a été plus généreuse. Bilan : non seulement on a de la salade en continu (ce qui n’était pas le cas les années passées, où les premières salades de plein champ patinaient dans la choucroute), mais en plus elles sont énormes… Nos deux débouchés habituels (l’Amap de Bourbon-Lancy et le Marché de Vichy) sont à peine suffisants pour écouler tous ces beaux légumes, c’est fou !
Alors, oui, du coup, ça fait rentrer plus d’argent que les années passées. Et, ça, c’est quand même le but du jeu. Mais, et c’est là tout le paradoxe, ça nous laisse aussi beaucoup moins de temps pour planter, semer, désherber, palisser nos tomates. Mine de rien, préparer le marché de Vichy, ça nous prend une journée complète. La récolte des petits pois nous occupe trois bonnes heures, et on l’a effectuée deux fois cette semaine ! De plus, l’un de nous deux s’absente toute la matinée du samedi pour tenir le stand du marché. Alors, oui, semaine après semaine, le retard s’accumule. On se concentre sur l’imposant chantier des poireaux : pailler et planter les milliers de plants fraîchement reçus. Malheureusement, le soleil est si violent que les pauvres petits poireaux semblent brûler dans la paille, à peine installés dans le sol. On arrose pour calmer le jeu. Et on doute. Dans les serres, les tomates poussent tellement vite qu’on n’arrive plus à suivre leur croissance. Certaines s’écroulent, insuffisamment palissées. Les dernières séries de concombres et de salades patientent dans la pépinière. Et l’immense chantier choux est au point mort. De toute façon, c’est impossible de planter sur une toile tissée avec une telle température. Notre logiciel de planification ne cesse de nous seriner que nous devrions être en train de semer des carottes et des haricots verts. Bref, on est dépassés.
Alors, oui, de nouveau, on envisage une embauche. Inutile de vous jeter sur votre clavier pour postuler : on a déjà quelqu’un sous le coude. On attend que ce soit officiel pour vous présenter l’heureux·se élu·e qui aura l’insigne honneur de redresser nos tomates. En attendant, je vais aller me baigner dans la Loire, pour éviter de terminer grillé comme un poireau des Grivauds…
À la semaine prochaine !