Joyeux solstice !

De Erza à Quenelle : «Faut qu’ils arrêtent de se plaindre, elle est belle leur mâche !»

Comme vous l’avez vu avec le précédent article, un paysan, ça aime bien se plaindre. D’ailleurs, on l’a bien senti à la Journée de Maraîchers organisée par la Frab, ce mardi : l’année n’a pas été marrante pour tout le monde. Évidemment, le climat n’a convenu à personne et on a bien eu notre lot de ravageurs (limaces, altises et mouches en tout genre) mais on se rend compte que même après une année très dense, le moral est meilleur chez nous que chez certains collègues. En particulier, on a été assez fiers de présenter nos techniques de sol vivant. On a bien senti un peu de scepticisme mais on sait déjà qu’on sera pris au sérieux rapidement si d’autres bonnes années suivent.

Des épinards en pleine forme !

Autre motif de satisfaction : nos cultures d’hiver sous serre vont plutôt bien ! En particulier, les épinards prennent du poil de la bête de jour en jour. Bonnes conditions climatiques ? Les températures sont douces, il pleut très peu et il y a toujours un peu de vent : idéal pour des serres bien saines. À moins que ça ne soit plutôt les effets d’un sol qui commence à devenir vraiment bien actif ? De la même manière, nos mâches décollent partout, quelle que soit la période de plantation. On profite d’ailleurs de la douceur pour en planter une dernière série.

Dans les bonnes nouvelles de la semaine, il y a cette jolie vente de courges ‘spéciale Amap’ qui nous a permis de faire significativement baisser nos stocks. Un passage à la ferme des Mangetouts (c’est là qu’elles sont stockées) nous permet de vérifier que la conservation se passe bien. L’occasion pour nos amis suisses de nous faire découvrir leur dernière création : une confiture de courges à la vanille et au citron. Un régal !

À la semaine prochaine et d’ici-là, bonnes fêtes à tous !

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Nous paysans, oubliés de la Macronie

Ça y est, notre président Macron a lâché du lest aux gilets jaunes. Il paraît que ça se chiffre à une dizaine de milliards pour l’État, ce qui serait un geste conséquent. En découvrant la liste des mesures prises pour redonner du pouvoir d’achat aux classes laborieuses, on constatera, une fois de plus, que nous, les paysans, avons à nouveau été complètement oubliés. En cherchant un peu sur le web, on tombe sur une étude menée en 2017par la MSA dont les résultats étaient édifiants : «En2016, près de 20% des exploitants ne pouvaient pas se verser de salaires alors que 30% d’entre eux touchaient moins de 350 euros par mois.» En ce qui nous concerne, c’est seulement de justesse qu’on est passés à cette deuxième catégorie cette année. Nous payons nos charges mais notre salaire est principalement composé des légumes que nous ramenons chez nous. Et pour ce qui est du temps de travail, nous battons des records : un agriculteur travaillerait en moyenne 53h par semaine (selon la même étude). Nous, en maraîchage diversifié, on dépasse largement cette moyenne.

Cette semaine, Sandrine vient apporter sa touche personnelle à notre stand sur le marché de Vichy : un délicieux gâteau à la courge !

« Mais alors, nous direz-vous, que faites-vous encore dans vos champs ? » Eh bien, il y a trois explications à ça. D’abord, nous pratiquons un travail qui nous épanouit, physiquement et psychologiquement. Nous aimons vaquer dans notre jardin, voir nos légumes pousser, voir la nature environnante changer de palette de couleurs à chaque saison, voir évoluer autour de nous insectes, oiseaux, chats et ânes. Ensuite, notre travail est reconnu socialement : nos clients sont satisfaits de nos légumes et nous le disent. Ça aide beaucoup, surtout lorsqu’on sort d’une semaine glaciale comme celle qui vient de se terminer. On a encore pu le constater ce samedi sur le marché de Vichy : nos légumes s’arrachent littéralement ! À 10h nos caisses sont presque vides et on ré-étale nos courges pour donner l’impression d’un stand encore un peu fourni…

«La transition écologique, c’est nous !»

Oui, même pour tailler nos haies on travaille à la main !

Mais le plus important pour nous, c’est que notre travail est en adéquation permanente avec nos valeurs écologistes. Par notre choix d’un travail essentiellement manuel, par notre pratique MSV (Maraîchage sur Sol Vivant), par notre choix de vendre en circuits courts, nous stockons plus de carbone que nous n’en émettons. Si demain le cours du pétrole devait s’envoler, nous pourrions encore travailler et produire de la nourriture. Quel autre secteur d’activité pourrait en dire autant ? Nos sols, constamment couverts, ne s’érodent pas, ne se lessivent plus et se chargent en humus et en vie souterraine. Nos longues haies un peu hirsutes, nos prairies peu entretenues, notre petit étang, tout ça permet à une biodiversité impressionnante de s’installer chez nous. Pour faire un peu pompeux, notre activité a des externalités positives : elle contribue à l’amélioration de l’écosystème qui l’accueille, et ce faisant a des répercussions positives sur la santé de ceux qui la fréquentent ou l’entourent. Dans un pays avec un taux de chômage élevé, qui se targue de vouloir promouvoir une certaine «transition écologique», il faudra bien qu’on se décide rapidement à créer tous ces emplois qui allégeraient la charge de travail des paysans et leur permettraient de satisfaire la demande croissante en produits bio et locaux.

Télescopage malheureux de l’actualité, c’est aussi cette semaine que nous avons reçu un courrier de la DDT nous informant que nous pourrions avoir à rembourser une partie de la DJA (Dotation Jeunes Agriculteurs) que Fabrice avait reçue au moment de son installation. Motif : Fabrice n’a pas réussi à se dégager un SMIC au bout de 5 ans d’exercice… Cette condition ubuesque, complètement inadaptée aux petites exploitations maraîchères, fait peser sur nous une lourde menace économique. Nous nous défendrons, évidemment, car notre cause est juste. Mais que d’énergie et de temps perdus !

Que notre lecteur nous excuse de la tonalité un peu amère de cet article, mais il y a des colères qui doivent s’exprimer. Et notre activité nous laisse peu de temps pour du militantisme… Alors il nous restait la plume. On retournera dans nos champs un peu plus légers, préparer les dernières distributions d’Amap avant la coupure des fêtes.

À la semaine prochaine !

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À petits pas vers la nouvelle serre à plants !

Découpe de l’ancienne serre

On vous avait déjà raconté qu’une nouvelle serre était en construction aux Grivauds. Mais en réalité, c’est plutôt une résurrection à laquelle on assiste ! Car tout le matériau qu’on utilise est issu d’une serre que Fabrice avait installée quelques années plus tôt et qui avait été tristement pliée par un coup de vent. Du coup, Fabrice trie les pièces réutilisables et raccourcit les arceaux abîmés. Il s’y met les jours où le temps s’y prête et où les récoltes ne nous accaparent pas.

Côté plantation, on n’a pas chômé non plus ! Un peu de mesclun, deux caisses de salades et une belle série de mâche ont trouvé leur place au chaud dans nos serres. La douceur de ces derniers jours permet de belles reprises de tout ce que nous avons repiqué récemment. Les blettes décollent (ainsi que leurs petites sœurs, les mini-blettes), les épinards se remplument et la roquette semble déjà avoir oublié sa dernière coupe !

Laurence à la récolte des derniers céleris raves

Cette semaine, on a reçu de nouveau Laurence pour une journée de stage. Au programme : récolte de céleris-raves et désherbage. D’ailleurs, en parlant de désherbage, on a aussi commencé à éliminer quelques tâches de potentilles en plein champ et on a un peu toiletté nos fraisiers. Des travaux qui nous font prendre un peu d’avance sur le printemps…

À la semaine prochaine !

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Voici la saison des longues nuits

Dernière récolte de mâche de plein champ

À une vingtaine de jours du solstice d’hiver, les jours se sont considérablement raccourcis et même si les températures restent douces, nos légumes ne s’y trompent pas et se sont un peu mis en veille. Nos journées finissent plus tôt et ça nous laisse un peu plus de temps pour cuisiner nos (trop) nombreuses courges… Mécaniquement, la proportion du temps consacrée à la préparation des paniers et du marché augmente. On récolte toujours beaucoup : poireaux, carottes, mâche, mesclun, batavias, scaroles, etc.

Mardi, Fabrice participe à une formation animée par Gilles Domenech organisée par la FRAB AuRA autour de la vie des sols et des techniques de Maraîchage sur Sol Vivant (MSV). Il en revient avec des idées plein la musette ; attendez-vous à voir pousser plein d’engrais verts sur nos parcelles dans les années qui viennent… Symboliquement, c’est aussi cette semaine qu’on a commandé nos premiers porte-greffes pour l’installation de nos futures haies fruitières.

Serre nº4 : on termine la planche de mâche avec 4 caisses de mesclun !

Jeudi, Laurence fait un (bref) retour aux Grivauds ! Depuis son premier stage chez nous en août, elle a passé le pas, s’est inscrite à une formation (BPREA) et apprend tous les aspects du métier, tant théoriques que pratiques. Ce jour-là, on lui réserve quelques récoltes bien typiques de la saison (poireaux, mâche et carottes) et une plantation de mesclun. On a tellement de choses à se raconter que j’en oublie de prendre des photos…

À la semaine prochaine !

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