La guerre a commencé

Larve de syrphe sur ortie infestée de pucerons blancs

Moui, c’est vrai, c’est un titre un chouia excessif pour l’évènement dont on va vous parler ci-dessous. On vous laisse râler face à votre écran et on enchaîne. Alors, la première bataille de cette guerre sans merci a démarré à la fin de l’hiver : l’assaillant a alors débarqué dans notre jardin par milliers et a colonisé nos plantes à tous les stades (tiges, feuilles, hampes florales, etc.). Les jardiniers haussent déjà les épaules : «oh non ! ils vont nous parler de leurs pucerons…». Certes. Nous, en général, on laisse un maximum de plantes fleurir (choux chinois, moutardes, rumex, orties, etc.) pour que les pucerons aillent s’y fixer et fichent la paix à nos cultures (blettes, petits pois, salades, etc.). Si tout se passe bien, avant que les pucerons ne colonisent l’ensemble du jardin, les syrphes et les coccinelles débarquent et pondent massivement sur les premiers foyers d’infestation. Les larves se développent en se gavant de pucerons et forment une deuxième génération prête pour aller nettoyer le reste du jardin. De notre côté, on se contente de ricaner et on patiente gentiment.

Sur cette feuille de blettes : des pucerons et leur pire ennemi, la larve de coccinelle (cliquez pour zoomer)

Las ! Cette année, les pucerons ont gagné la première bataille : on les a retrouvés en masse dans les petits pois et dans les blettes. Dans la serre 5, l’infestation a été telle qu’on hésite même à désinstaller les blettes montées : et si les pucerons, privés de leur pitance, avaient la mauvaise idée d’aller chatouiller nos jeunes courgettes ?… On ne ricane plus du tout et on se met à fouiller un peu partout dans le jardin à la recherche de traces de coccinelles. Pourquoi un tel retard cette année ? Les conditions climatiques sont plutôt bonnes pour elles. Des syrphes, on en voit partout mais les larves sont difficiles à repérer. Il a fallu attendre samedi matin avant d’assister à la contre-attaque. Dans les foyers les plus denses de nombreuses larves sont désormais à l’œuvre : beaucoup de très petites et quelques très grosses. Une première vague de coccinelles était donc déjà venue pondre quand on avait eu le dos tourné. Curieusement, ce samedi matin, je croise aussi des adultes un peu partout. A priori, pour les cultures hors serre, la riposte a lieu au bon moment : il n’y a pas encore de pucerons sur les fèves par exemple. Par contre, pour les cultures sous abris, il va peut-être falloir qu’on révise notre stratégie. Par exemple en installant des abris à insectes (syrphes, coccinelles, chrysopes, etc.) dans les serres pour que les auxiliaires interviennent plus tôt dans les années à venir. À méditer.

Puisqu’on vous dit qu’on bosse !

À ce stade, le lecteur se demande : c’est donc à ça que sert l’argent qu’ils ont récolté (8005€ à ce jour) ? À passer des journées à étudier leurs pucerons ? En plus pour en conclure qu’il est urgent de ne rien faire ? Eh oh, doucement, on a abattu pas mal de boulot cette semaine ! On a paillé et planté deux buttes de tomates (300 pieds), une demi-butte de concombres et une butte de choux. Sans parler du désherbage des carottes du plein champ et des petits pois (merci Sandrine). Et de la plantation d’une série de salades en plein champ. Les Amaps ré-ouvrent leurs portes dans moins d’un mois, il s’agit d’être prêts à ce moment-là et d’avoir mis un maximum de chantiers de plantation derrière nous. C’est pour ça qu’on est très heureux d’avoir Maxime avec nous en ce moment : il y a beaucoup à faire en peu de temps !

Pour terminer, un petit mot concernant le mini-marché de Pierrefitte-sur-Loire (les samedis matin). Ce samedi, nous avons été rejoints par Pierre-Yves, qui a monté un stand à côté du nôtre. Pierre-Yves est un nouveau maraîcher sur notre village, installé depuis l’année dernière. On trouve quelques infos sur Facebook : https://www.facebook.com/FermeJoca/ Pour la pérennité de ce petit marché, sa venue tombe à pic : on commence à tirer sérieusement la langue pour trouver des légumes dans notre jardin. Plus d’épinards, plus de blettes, presque plus de radis (on a arrêté les semis au début du confinement, quand on s’est retrouvés tous seuls…). On est au plus creux de la saison, qui redémarrera avec l’arrivée des courgettes et des carottes nouvelles. En attendant, c’est comme pour les pucerons : patience !

À la semaine prochaine !

Merci, tout simplement.

Cliquez sur l’image pour accéder à la cagnotte

Il y a ceux qu’on connaît. Ceux qui font partie de nos familles, nos clients d’Amap et de vente à la ferme, nos anciens stagiaires ou wwoofeurs. Ceux qui font partie de nos cercles de connaissance, d’amis – les choristes de Denis, les naturalistes avec lesquels Fabrice est resté en contact, ceux qui lisent notre blog régulièrement, etc. Et puis, il y a ceux qu’on ne connaît pas, qui ont été sollicités par l’un d’entre vous et qui se sont dit : et pourquoi pas ? Il y a des Bourbonnais(es) et des Bombonnais(es)… En 5 jours, ce sont 91 personnes qui ont participé à notre cagnotte en ligne et qui y ont placé plus de 6000€ ! Cette générosité de toutes et tous, elle nous va droit au cœur ! Elle nous permet d’envisager la saison sous un autre jour, sans avoir à sacrifier des cultures, sans le stress de l’endettement. Elle nous rend aussi un peu redevables : on sait ce qu’on vous doit et on ne le gaspillera pas ! Dès lors, on met toutes les chances de notre côté pour produire un maximum de légumes cette année ! À vous tous, donc, on vous dit merci, tout simplement !

Maxime, saisonnier aux Grivauds !

Premier effet positif de cette cagnotte : on a pu embaucher un saisonnier ! Il s’agit de Maxime, un de nos anciens wwoofeurs de l’année dernière (on peut retrouver des traces de son passage ici et ). Au cours de l’année passée, Maxime est allé de ferme en ferme, s’est perfectionné en maraîchage sur sol vivant (!) et en auto-construction et a décidé d’aller s’inscrire à un BPREA à son tour pour faire pousser ses propres légumes. Bref, c’est un saisonnier très très luxueux pour nous ! En quelques jours, il nous permet d’accélérer tous nos chantiers urgents : plantation des aubergines et des échalotes, paillages divers, désherbage des carottes et des fraisiers, récolte des épinards, etc. Autre surprise de la semaine : on apprend qu’il est toujours autorisé de faire faire du bénévolat au membre de nos familles, y compris s’ils ne viennent pas du coin ! Du coup, Laurence, la belle-sœur de Denis, se porte volontaire pour venir nous filer un coup de main dans les champs. On lui fait désherber du liseron en serre nº7 et elle nous aide à planter des salades, des blettes et des pommes de terre. On n’oubliera pas non plus les passages de Sandrine, qui vient notamment chapeauter le repiquage des aromates de la semaine. Bref, ça dépote aux Grivauds en ce moment !

Oh ! Une fleur de tomate !

La pluie n’est toujours pas arrivée et la sécheresse s’accentue. On s’oblige désormais à bien arroser nos sols avant de les pailler. Les nuits sont plus douces et ça se sent dans les cultures : tout va plus vite ! Les courgettes décollent, les tomates reprennent de belles couleurs et ouvrent leurs premières fleurs, les haricots s’allongent et les petits pois se forment. Sur notre stand samedi matin, quelques bottes d’oignons nouveaux et de navets nouveaux ! Ça nous aide à patienter avant les premières courgettes…

À la semaine prochaine !

La cagnotte est ouverte !

Bonjour à tous,

Comme nous l’avons expliqué dans notre précédent article, notre ÉcoJardin traverse une période difficile, tant sur le plan financier que sur le plan de la main d’œuvre. Pour pouvoir continuer notre aventure légumière et écologique avec sérénité, nous avons lancé une cagnotte en ligne : https://www.gofundme.com/f/l039ecojardin-des-grivauds-a-bes…

Cette cagnotte nous permettra essentiellement de procéder au recrutement d’un(e) saisonnier(ère) pendant deux mois. On a donc besoin de vous pour remplir cette cagnotte, notamment en diffusant ce message à vos contacts susceptibles d’être intéressés par notre démarche.

On ne vous remerciera jamais assez de votre soutien : nous mesurons chaque jour ce que nous devons à nos clients, nos stagiaires, nos wwoofeurs, nos lecteurs et tous ceux qui de près ou de loin gravitent autour de notre ÉcoJardin !

Denis et Fabrice

On veut continuer à produire !

Voir vivre notre jardin, semer, planter, récolter. Permettre à de nombreuses familles de profiter de bons légumes de saison nourrissants. Montrer qu’une autre relation à la terre et à l’écosystème est possible, susciter des vocations, être exemplaires sur le plan écologique. Voilà ce qui nous motive, ce qui nous rend heureux, ce qui nous permet de rester debout malgré l’imposante charge de travail. Malheureusement, notre ÉcoJardin traverse actuellement une double crise qui nous empêche de rester sereins et de nous concentrer sur nos plantations.

Des cultures plus en forme que nos finances…

Notre premier problème est économique. Notre structure, sous sa forme actuelle (GAEC), n’existe que depuis deux ans et nous n’avons jamais caché notre fragilité. Nos résultats comptables ont jusqu’alors été positifs, malgré nos tâtonnements (2018) et malgré les difficultés climatiques (grêle et sécheresse de 2019). Forts de cette bonne santé, nous avons fait quelques investissements en fin d’année 2019 (nouvelles serres notamment), qui ont terminé de vider notre trésorerie. Malheureusement, en ce début 2020, plusieurs incidents nous mettent dans le rouge : notre camion, sur lequel nous avons enchaîné de nombreuses réparations, notre système de pompage qui n’est plus compatible avec nos besoins et que nous devons améliorer rapidement et notre chambre froide, dont le compresseur est en rade. Heureusement, la MSA a repoussé son premier appel de charges, ce qui nous a permis de limiter la casse. Mais ça n’empêche pas que nous continuons à nous endetter… Pour surmonter cette mauvaise passe, on comptait surtout sur notre capacité à produire, sur nos nouvelles serres, sur notre expérience qui commence à grandir et aussi sur de nombreuses «petites mains» (stagiaires et wwoofeurs).

Nos plants s’accumulent inexorablement…

Et c’est là que se situe notre deuxième problème : la crise sanitaire nous interdit de recevoir nos stagiaires et nos wwoofeurs. Conclusion : on se retrouve tous seuls, avec une montagne de plants qui s’accumulent. Que faire ? Renoncer à tout planter, se concentrer sur nos Amaps et se préparer à ne retourner sur le marché que toutes les deux semaines, comme en 2018 ? Ce serait tout de même un beau gâchis ! Surtout que la demande en légumes locaux de qualité n’a jamais été aussi forte. Alors, on franchit le pas et on s’apprête à embaucher un saisonnier pour nous épauler. Problème : où trouver son salaire ? C’est là qu’on fera plaisir aux lecteurs de ce blog, qui le réclament depuis un certain temps : nous allons lancer très prochainement une cagnotte en ligne ! On vous préviendra sur ce blog, par mail et sur les réseaux sociaux quand tout sera prêt. On aura besoin de vous pour relayer au maximum cette campagne.

Mais qui sera donc le ou la saisonnier(ère) qui aura la chance de venir se déconfiner chez nous ? Vous le saurez dans notre prochain article. Sachez simplement qu’il nous a suffit d’envoyer un mail à nos anciens stagiaires et nos anciens wwoofeurs pour obtenir une réponse positive. Les paris sont ouverts !

Semis de pois mangetout, façon Sandrine

Pour ce qui est de l’avancement de nos cultures, on va faire bref et vous renvoyer à la galerie de photos : on a planté notre première série de tomates, nos haricots à rame, une série de betteraves, une série de salades et quelques blettes. Ah ! J’oubliais ! Sandrine a héroïquement semé 12 mètres de pois mangetout. Bon, vu le rendement de ce genre de culture, ce sera plutôt de la consommation familiale. Qu’on partagera avec nos wwoofeurs du moment. Si le confinement est terminé, bien entendu…

À très bientôt !

Nous aussi, on en parle…

La pluie serait-elle aussi confinée ?

Pardon, pardon ! Je sais qu’on vous a saturés d’informations à ce sujet et que tous les médias ne parlent que de ça en boucle. N’empêche, nous aussi on a besoin de s’exprimer sur le sujet, par qu’il nous préoccupe peut-être bien plus qu’on ne le voudrait. Ne tournons pas autour du pot et lâchons les grands mots : la sécheresse est de retour ! Je vous vois faire la moue devant votre écran ; vous pensiez qu’on parlerait d’autre chose ? Allons, ça viendra, promis. Mais la sécheresse, c’est sérieux, très sérieux ! Depuis le 5 mars, il n’a pas plu aux Grivauds (quelques gouttelettes de temps en temps mais rien de significatif). Et les bulletins météos sont unanimes : personne ne sait prévoir la fin de cette sécheresse ! Aux Grivauds, on voit déjà des fentes de rétractation (les argiles secs se fissurent), un phénomène plutôt typique du mois de juillet… On a déjà plusieurs planches de culture installées en plein champ et leurs besoins en eau ne sont pas satisfaits (épinards, salades, oignons en mottes et carottes en tunnel nantais). Du coup, on installe déjà de l’arrosage un peu partout. Hasard de notre plan de culture, les cultures en question ne sont pas jointives et c’est un gros travail de toutes les irriguer. Avec l’arrivée de la douceur printanière, nos sols vivants sont censés passer par un pic d’activité et finir de dégrader la paille déposée l’année dernière, libérant ainsi de précieuses unités d’azote – c’est comme ça qu’on obtient l’auto-fertilité. Or, la déshydratation superficielle risque de limiter le travail des vers de terre, des limaces, des champignons, etc. Si la pluie ne revient pas rapidement, on devra compenser cette perte de fertilité en épandant du compost ; un comble ! Ce qui nous préoccupe surtout dans cet épisode météorologique, c’est qu’il nous rappelle de mauvais souvenirs… Des souvenirs pas si anciens que ça… Une façon de nous rappeler que ça n’est pas parce qu’on ne parle plus du réchauffement climatique qu’il ne poursuit pas sa funeste besogne. C’est dit !

Des gelées printanières bien plus fortes que les gelées hivernales !

Histoire de compliquer un peu le tableau, la clarté du ciel et le vent d’est nous ont apporté des gelées systématiques pendant deux longues semaines. Tous les soirs, on cache les cultures qui craignent le gel (dont les courgettes) ainsi que les plants de légumes d’été (tomates, aubergines, haricots, poivrons, etc.). Et tous les matins, on décache les cultures qui ont besoin de «respirer» et de prendre beaucoup de lumière. Malgré notre discipline d’enfer, nos courgettes sont mal en point. Pas à cause de la gelée, non ! Mais plus vraisemblablement à cause d’un champignon du collet ou des racines (diagnostique difficile à établir) qui a profité du stress de nos plantes pour leur sauter dessus. Maintenant que les gelées sont terminées, on espère que le réchauffement du sol permette aux courgettes de décoller. Pour information, en début de semaine, la température du sol était descendue à 10°C au pied des courgettes, pourtant plantées sous une bâche noire ! Autre phénomène inattendu, nos petits pois se sont courbés ! Comme ils n’ont pas connu de gelées pendant l’hiver, ils ont poussé très vite et leurs tiges n’étaient pas endurcies. Pas de casse, a priori, mais il va falloir tout redresser et tirer un fil pour ramener les rangs sur le filet à ramer.

On est censés avoir planté tout ça avant la mi-mai…

On râle, on râle, mais apprendre à faire face à une météo agressive, on sait bien que ça va devenir le défi nº1 de notre profession dans les années à venir. Finalement, on s’en accommode pas si mal que ça aux Grivauds et on arrive déjà à produire pas mal de légumes malgré ça. Bon. Par contre, la crise du Covid-19, ça, on ne pouvait pas prévoir ! Ah, je vous avais bien dit que j’y viendrais ! Alors ? Quel impact après 3 semaines de confinement ? La principale conséquence pour nous, c’est qu’on se retrouve sans stagiaire et sans wwoofeur pour une durée inconnue. Nous sommes en pleine période d’installation des légumes d’été et nous savons déjà que nous ne serons pas capables de tout planter dans les temps. Chez nous, c’est toujours la mise en place d’une nouvelle culture qui prend le plus de temps : on nettoie la planche de ses vivaces (potentilles, renoncules, pissenlits, etc.), on paille et on plante à travers la paille. Ça nous demande bien plus de temps que si nous étions en sol travaillé ! Certes, on gagne du temps en pleine saison, parce qu’on désherbe finalement très peu. Pour vous donner un ordre de grandeur, cette semaine, on a implanté 30 m d’échalotes (paillées dans la foulée), 44 m de pommes de terre (paillées aussi), 12 m de persil et 23 m de courgettes (sur toile de chanvre). À quoi on ajoute 25 m de paille prête pour recevoir des salades en plein champ. On est le 5 avril et on n’a toujours pas planté une tomate… Finalement, on est revenus à la situation de 2018, où on avait passé une bonne partie du printemps tous seuls. Sauf, que cette année-là, nos premiers paniers d’Amap ont été durs à remplir et qu’on n’a pas pu aller sur le marché de Vichy avant fin juin – et encore, seulement toutes les deux semaines. Perspective peu réjouissante, surtout qu’on sait que les maraîchers font une grosse partie de leur chiffre d’affaire avec du légume d’été…

Mathilde à la rescousse pour le paillage des pommes de terre

En dehors de ça, on s’en tire plutôt bien ! On n’est pas malades, on a nos proches auprès de nous, on peut produire et on peut vendre. Sandrine et Mathilde viennent filer un coup de main de temps en temps et ça nous fait du bien ! Pour le moment, on vend sans problème nos légumes à Pierrefitte et on est bien contents de cette situation. On se doute qu’après le confinement – en été notamment – on risque d’avoir du mal à écouler nos légumes sur un si petit marché. D’autant plus que les gens ont des jardins ici et que beaucoup de monde fait ses tomates. Tant pis ! L’expérience aura été intéressante ; et même plaisante, disons-le !

À la semaine prochaine !