Choux, poireaux, carottes : les gros chantiers d’été sont terminés !

C’est officiel : tous nos choux sont plantés !

«On a peut-être vu un peu grand.» C’est ce qu’on s’est dit plusieurs fois au cours de l’été en constatant à quel point on avait du mal à suivre le calendrier d’implantation qu’on s’était fixé. Notre dernière plantation de choux-fleurs a plus de 2 semaines de retard. Nos semis de carottes s’enchaînent le plus vite possible (55m par semaine tout de même !) et Fabrice choisit des variétés à cycle très court (Nantaise et Napoli) pour se garantir d’un calibre minimum avant l’arrivée du froid. On s’autorise désormais à dire que le plus gros est derrière nous ! On n’est pas en vacances pour autant même si c’est vrai que le stress baisse d’un cran. Il va falloir maintenant anticiper la remise en culture des serres d’intersaison (notamment les serres 6 et 7), qu’on a un peu abandonnées à la sortie du printemps… On sème nos navets, on désinstalle les petits pois pour les remplacer par une série tardive de haricots verts sous serre, on palisse les poivrons (enfin !). Et on se dit qu’on va pouvoir maintenant consacrer un peu plus de temps à l’entretien des cultures en place.

Et ça, c’est juste la récolte de mardi…

Heureusement d’ailleurs que nos programmes d’implantation s’allègent parce que les récoltes d’été s’intensifient sacrément ! Nos haricots à rame donnent à plein et on commence à récolter la série de plein champ. Côté tomates, on s’y attendait un peu : elles aussi atteignent leur pic de maturité cette semaine et les récoltes durent désormais plusieurs heures. Cécile est à la manœuvre pour les deux récoltes de la semaine et, ensemble, on fait rentrer plus de 160 kg de beaux fruits ! Même si les serres ont été blanchies, ça reste des moments très intenses physiquement et on se prend régulièrement à chasser du revers de la main la goutte de sueur qui, en terminant sa course dans nos yeux, nous empêcherait de distinguer la nuance de rouge qui sépare la maturité d’une Saint-Pierre et d’une Previa. Heureusement qu’on a limité un peu la gamme cette année et qu’on s’est contentés de «seulement» 8 variétés : Rose de Berne, cornue (Jersey Devil), orange (Earl of Edgecomb), Green Zebra, indigo (Alki Blue Blood), Petit Cœur de Bœuf, Saint-Pierre et Previa. Vendredi, on hésite sur la quantité de tomates à emmener à Vichy. Finalement, on charge plus de 60 kg dans le camion et … tout part ! Sur le stand, Alice et Cécile s’initient à la vente et permettent à Fabrice de ne pas se retrouver débordé par les hordes de clients qui assaillent le stand. Elles connaissent désormais très bien tous nos légumes pour les avoir récoltés/plantés/désherbés/conditionnés/cuisinés/dégustés/pris en photo.

David en son domaine ; c’est beau un maraîcher heureux !

Un mot pour terminer sur une visite que nous avons faite dimanche dernier. Nous sommes allés voir la ferme de David, un de nos stagiaires de l’année dernière qui vient de s’installer en maraîchage dans le Morvan. On parle de légumes, du plaisir de jardiner, des plantes qui soignent, de voyage, de politique… Pendant ce temps-là, alors qu’on rêvasse, les doigts de pied en éventail dans l’herbe fraîche, l’été termine son installation dans nos jardins et dans nos têtes…

À la semaine prochaine

PS : Cécile a tenu un blog pendant son séjour aux Grivauds : https://bborntobe.wixsite.com/uneteenwoofing

Calibre choupinet

Aux Grivauds, la récolte des courgettes et pâtissons est quotidienne. Les fruits récoltés sont issus de la floraison de la veille.

Il pleut des courgettes ! Pas seulement aux Grivauds, mais aussi dans les jardins. Ajoutez à ça que la saison a commencé très tôt et vous obtenez… une situation de surproduction. Dans un tel contexte, comment faire pour continuer à donner envie de manger des courgettes ? Depuis que nos pieds de plein champ donnent normalement, on a considérablement réduit les calibres à la récolte. Les fruits que nous récoltons sont ceux qui sont issus de la floraison de la veille. Idéalement, ils mesurent une vingtaine de centimètres de long et 3 cm de diamètre. Les fruits sont très denses, on ne les laisse pas se charger en eau (bonne tenue à la cuisson) et les graines immatures se distinguent à peine de la chaire. Aucune amertume, un goût presque sucré, subtil, tout simplement délicieux ! À Vichy, on associe les couleurs (vertes, blanches et jaunes) et on propose différentes formes (longues ou rondes) pour réjouir les yeux avant les papilles. Même scénario pour nos pâtissons, qui ont le mérite de ne demander aucun épluchage et qui peuvent même se manger crus (râpés en salade par exemple).

Alice à la récolte des haricots à rame

En me voyant hésiter devant les concombres, Alice et Cécile, nos petites mains du moment, adorent me répéter doctement que «la récolte, ça n’est pas une science exacte». Certes. Mais, n’empêche, la qualité gustative de certains légumes dépend du soin de la cueillette. On a déjà parlé du choix du calibre pour les courgettes. Pour les haricots, il faut venir souvent (4 récoltes par semaine aux Grivauds) et il faut essayer de ne rien oublier. Sans quoi, on risque de se retrouver avec des gros haricots qui pourraient prendre du fil. Pour les aubergines, il faut savoir saisir le stade où le fruit est à sa taille maximum mais où il n’a pas commencé à mûrir. Idem pour le concombre. Pour la tomate, au contraire, c’est la pleine maturité qui est recherchée. Et d’une variété à l’autre, les critères peuvent varier… Nos Previas se récoltent rouges et fermes alors que nos Saint-Pierre sont plus claires et souples. Les Roses de Berne doivent avoir les fesses presque rouges, les indigos doivent être noires et rouges et les Green Zebra se récoltent … orange (comme leur nom ne l’indique pas) ! Même quelque chose d’aussi simple qu’un bouquet de basilic ou de persil demande un soin qui ne s’invente pas. Sans quoi on se retrouve sur le marché avec des bouquets tout fripés qui ont déjà perdu une partie de leur arôme.

Vivien, de passage aux Grivauds, file un coup de main pour la plantation des choux.

En dehors des cueillettes, les implantations de culture continuent à aller bon train : on attaque la dernière ligne de choux (choux-fleurs et choux Romanesco), on sème une nouvelle série de carottes, on plante notre dernière série de concombres (sous serre) et on continue tant bien que mal à planter les poireaux d’hiver. On sent quand même une légère inflexion dans la vigueur générale, notamment en fin de semaine : c’est que les températures ont sacrément chuté ! On flirte bien plus souvent avec les 20°C qu’avec les 30°C. De mercredi à vendredi, on ne voit quasiment jamais le soleil… Parmi les moments lumineux de notre semaine, il y a le passage de Vivien, en transit depuis le Sud de la France et qui retourne en Lorraine. Mais si, souvenez-vous, il était venu faire du wwoofing aux Grivauds en octobre 2018 ! Il passe une grosse journée avec nous et vient renforcer la joyeuse troupe. Joyeuse troupe renforcée par Sandrine le temps d’un désherbage de carottes. Si on ajoute à tout ça la soirée crêpes de samedi soir, ça nous fait tout de même une semaine encore bien chargée…

À la semaine prochaine !

Ces paillages qui nous rapportent du blé

Des poireaux d’été qui mériteraient un petit «débléïage».

La sécheresse s’installe. Si ses effets ne se font pas encore sentir sur la végétation, vous êtes en droit de penser que le cerveau de votre serviteur a déjà pris un coup de chaud et que ça justifie un certain relâchement dans la titraille. N’empêche, derrière le bon mot, il y a tout de même une certaine dose de (bon) sens. Mais revenons d’abord en arrière. Souvenez-vous, pour la nouvelle année, nous avions pris la résolution de réussir nos poireaux ; parmi les pistes d’amélioration, nous avions évoqué l’enherbement. On s’était promis d’installer nos poireaux sur des planches débarrassées de vivaces. Pour cela, nous avons réalisé de longues occultations (jusqu’à 6 mois) avec de la toile tissée, puis nous avons paillé les sols ainsi nettoyés. La paille, vous le savez, permet d’empêcher la levée des adventices annuelles (les «mauvaises» herbes). Dès lors, on pensait pouvoir se passer de désherbage cet été pour la plupart de nos cultures ! Malheureusement, c’était sans compter sur le fait que notre paille contenait beaucoup de grains… Pour chaque planche, c’est le même scénario : on paille, on plante, on arrose et quelques jours après on vient tirer le blé qui germe partout. Lorsqu’on est débordés (comme c’est un peu le cas actuellement), le blé grandit, tale et devient difficile à désinstaller. Par endroit, c’est tellement dense qu’on pourrait presque en faire un engrais vert.

En serre 4, stupéfiant redémarrage des concombres ! Comparez les feuilles de bas et celles du haut !

À la sortie du printemps, on avait regretté certains de nos paillages en plein champ, un peu trop précoces : la paille avait freiné le réchauffement du sol et nos cultures s’étaient mises à végéter. Depuis que les températures passent régulièrement la barre des 30°C, la paille prend tout son sens : elle permet de réduire les excès de température au niveau du sol et limite l’évaporation. Mieux encore : depuis cette année, on arrose systématiquement nos sols avant de les pailler, ce qui permet d’«enfermer» de l’eau sous la paille, qui sera immédiatement disponible pour les jeunes plantes. Alors c’est vrai qu’on a des cultures qui démarrent plus lentement qu’ailleurs (comme les céleris raves par exemple) mais on peut espérer qu’inversement nos sols restent chauds plus longtemps et que les légumes continuent à se développer en arrière saison. Dans nos serres, les effets conjugués des paillages de couleurs claires (paille de blé et toile de chanvre) et du blanchiment des bâches permettent de bien maîtriser la montée en température. Les concombres et les aubergines prennent une ampleur inédite ! Et pour la première année, on peut y travailler sans suffoquer sous serre après 10h du matin, alors que le soleil est déjà haut dans le ciel.

Alice et Cécile mettent en claie les oignons de printemps pour séchage.

Et ça tombe bien parce que nos petites mains de la semaine ont toutes les deux du sang breton dans les veines et qu’on n’aimerait pas les voir tourner de l’œil en récoltant du persil… Précaution inutile d’ailleurs car, de la vaillance, Cécile et Alice en ont à revendre ! Il faut les voir pailler la planche des poireaux d’hiver par un joli 33°C à l’ombre. Et elles ont eu le courage de se lever avant 5h00 du matin pour accompagner Fabrice sur le marché de Vichy ! Présentons-les brièvement, on aura l’occasion de faire plus amplement connaissance car elles vont rester plusieurs semaines aux Grivauds. Cécile est une ergothérapeute en rupture avec son métier depuis quelques temps. Elle pique des cailloux un peu partout pour monter un grand cairn devant sa tente, dans le verger. Elle n’en est pas à son premier wwoofing et ça se sent ; elle est rapidement à l’aise chez nous ! De son côté, Alice est une étudiante en agronomie qui fait un stage d’immersion aux Grivauds pendant 4 semaines. «Qu’est-ce que tu aimes dans l’agronomie, Alice ? – L’halieutique». Allons bon ! On se gratte la tête en se demandant comment on va l’intéresser dans notre jardin. On a bien pensé à déguiser Mi-Roux en poisson mais il y a des chances que la supercherie soit vite dévoilée… En plus de leur curiosité et de leur vivacité, Alice et Cécile nous font sans cesse rire et ça, c’est très précieux !

À la semaine prochaine !

Et si, pour une fois, on avait une saison facile ?

Les courges commencent à courir dans tous les sens : c’est bon signe ! Pour l’instant, pas de grêle en vue : on devrait avoir une belle récolte cette année !

Depuis la création du GAEC, on peut dire que la météo a plus souvent été vécue comme une contrainte que comme un atout. En 2018, on a enchaîné un printemps très sombre avec un été très chaud et sec. En 2019, on a cumulé sécheresse, grêle et canicules. Mais cette année, à part un épisode un peu sec au printemps, on peut dire qu’on ne vit rien de particulièrement excessif. Du coup, tout pousse tranquillement et les légumes d’été arrivent en temps et en heure. On a déjà des concombres depuis deux semaines, on récolte quelques aubergines depuis la semaine dernière et on fait nos premières ventes de tomates cette semaine, à l’Amap de Bourbon-Lancy et sur le marché de Vichy. Les pieds de poivrons sont chargés de fruits, qu’on vendra principalement colorés (donc plutôt en août). Côté plein champ, tout ce qui a été installé démarre sans trop de peine : les poireaux, les betteraves, les céleris, les carottes, les panais, les courges, etc. Comme tous les ans, on a quelques mauvaises surprises (notamment certains plants de pommes de terre dont les germes pourrissent sous la paille) mais dans l’ensemble, on est plutôt bien partis pour faire une belle saison ! Évidemment, on ne vend pas la peau de l’ours et on se souvient que l’année dernière, la grêle du 6 juillet avait considérablement douché notre enthousiasme… S’il fallait nuancer mon propos, je dirais tout de même que la saison est plutôt sèche et qu’on sent que certaines cultures (comme les betteraves) sont déjà très dépendantes de nos aspersions. Mais avec notre nouvelle station de pompage, on peut lancer plusieurs lignes en même temps et du coup on est beaucoup moins débordés qu’auparavant.

Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu des aubergines autant en forme aux Grivauds !

Les années passées avaient aussi été marquées par un parasitisme croissant des cultures. On se souvient de l’invasion d’altises sur les choux et les navets l’année dernière, de la pression croissante des acariens sous serre, des attaques de charançons dans les collets des betteraves, etc. Cette année, il faut faire face aux pucerons (toujours très actifs, notamment dans les tomates) mais pour le reste, c’est plutôt sous contrôle. On continue à cacher scrupuleusement nos choux mais à part quelques piérides, rien de bien préoccupant. En serre, la combinaison des acariens prédateurs, du bassinage et du blanchiment permet à nos cultures d’été de se développer (presque) normalement.

Delphine et François à la récolte des pommes de terre

Cette semaine, on reçoit Delphine et François, deux stagiaires en fin de formation, quasiment prêts à s’installer. On travaille avec eux ce qu’ils n’ont pas vu ailleurs : les paillages, les récoltes d’été, le conditionnement, etc. Et on profite de désherbages de carottes pour réviser les annuelles : amarantes, chénopodes, digitaire, pourpier, etc. Nicolas, arrivé la semaine dernière, termine son deuxième séjour chez nous. Quelque chose nous dit qu’on le reverra une troisième fois cette année… Lors d’un entretien d’inscription à un BPREA de maraîchage, un responsable de la formation lui a demandé de faire deux semaines «en immersion» et que le wwoofing, c’était plutôt des vacances à la ferme. C’est mal connaître Nicolas ! Rarement on a accueilli un wwoofeur autant intégré à nos routines et autant capable d’initiatives ! Merci à tous les trois pour cette semaine d’échanges, qui fut l’occasion pour chacun d’un beau remue-méninges…

À la semaine prochaine !