Il y a des légumes qui sont très attendus, on le sait. Mais ça nous fait toujours un petit quelque chose de voir la mine réjouie de nos amapiens de Bourbon-Lancy quand on débarque avec des petits pois et des courgettes dans les paniers. Les choux-raves ne bénéficient pas du même accueil et c’est un peu injuste pour eux parce que, franchement, ils sont vraiment beaux cette année ! Pour les fraises, c’est le tour de l’Amap de Dompierre de recevoir les jolies petites barquettes rouges. On sait bien que tout ça n’est qu’une façon de faire patienter tous les amateurs de légumes en attendant les tomates mais ça commence déjà à être réjouissant pour les papilles.
D’ailleurs, côté tomates, on n’a pas à rougir (elles, si, en revanche) : on a vraiment mis toutes les chances de notre côté en mettant un grand coup d’accélérateur à notre premier gros chantier de taille et de palissage. Cette semaine, on est aidés par Adeline, une wwoofeuse avec des connaissances en jardinage déjà très solides, pour avoir contribué pendant un an à l’entretien d’un jardin partagé, en permaculture, près de Lyon. Son efficacité et sa bonne humeur nous permettent d’avancer très vite sur un certain nombre de tâches : le paillage de notre nouveau semis de carottes, le «déliseronnage» de certaines planches du plein champ, la plantation des dernières betteraves, des fenouils, des salades, des physalis, des maïs doux et des San Marzano. Ajoutez à ça une récolte de petits pois et des récoltes de fraises et vous commencez à percevoir qu’on ne l’a pas ménagée… Merci mille fois à elle pour le coup de main !
Paradoxe du maraîcher : c’est au moment où les températures décollent qu’il doit planter ses légumes d’hiver… Bon, cette année, on a un peu d’avance : on n’a pas attendu la fin du printemps pour commencer ces lourds chantiers. La semaine qui vient de s’écouler a été l’occasion de mettre un gros coup d’accélérateur, jugez plutôt : la plantation de courge est terminée, les betteraves sont presque toutes installées (il reste 2 caisses sur 22 à planter), les panais sont semés et … on a dégainé nos premiers poireaux ! À partir de vendredi, les températures décollent et on se méfie des premiers 30°C annoncés pour ce dimanche ; du coup, on a arrêté les implantations jeudi et on irrigue pour limiter la casse. La fin de semaine, en plus d’être consacrée aux récoltes pour le marché, est l’occasion de faire avancer le palissage et la première taille des tomates.
Laurence et Laura, à nouveau, nous permettent d’avancer à vitesse accélérée dans nos cultures. Et puis, vous me connaissez, ça discute beaucoup en travaillant… Parfois on branche donc «Radio Grivauds» pour parler du jardin ou du fonctionnement du sol vivant. Mais aussi, souvent, on sort la tête des plantes et on divague autour de la musique ou de l’animation – les anecdotes de Laura sont savoureuses, à ce sujet ! Et puis, le jardin nous rappelle soudainement à lui et on se précipite pour aller admirer une couleuvre qui s’est installée dans notre tas de compost, une coccinelle qui fait un festin de pucerons ou le chat du voisin qui se fait passer pour une botte de carottes (mais personne n’est dupe, hein).
Côté récolte, on réussit cette semaine à mettre des fraises et des radis dans les paniers d’Amap. Très bonne réception de la part de nos amapiens, vous vous en doutez ! Mais c’est sur le marché que le succès est encore plus criant : on y amène une quinzaine de barquettes de fraises, histoire de tester un peu ce nouveau produit auprès de notre clientèle vichyssoise. Résultat : elles sont parties à une telle vitesse que j’ai à peine le temps de les prendre en photo sur le stand (il ne reste plus qu’une barquette sur la photo ci-contre). Bien entendu, on s’arrache aussi nos premières courgettes, sorte de petit prélude à l’été. Sur le stand, on trouvait aussi des aromates en pot et des choux pointus, deux nouveautés qui nous avaient été réclamées par nos clients l’année dernière. Promesse tenue, donc !
Les courges, ça a un peu été un de nos grands succès de l’année passée. Alors on réitère quasiment à l’identique : une culture sur bâche, irriguée en goutte-à-goutte, sur un sol très enherbé. Le morceau de la parcelle qu’on a choisi pour cette année est très riche en longues graminées, déjà en fleurs : de la houlque laineuse, des fétuques élevées, des crételles, dactyles, vulpins et autres bromes… Avant la pose des bâches, la végétation est broyée et vaut pour engrais vert. En creusant le sol pour y installer les plants, on tombe parfois sur des racines aux fragrances prononcées : celles de la menthe ou de la flouve odorante en particulier.
À la manœuvre, Laura, notre wwoofeuse du moment, et Laurence, qui fait son retour au jardin pour son avant-dernier stage. Laura est animatrice en environnement et développement durable et vient aux Grivauds avec l’envie d’élargir ses connaissances en jardinage et en biodiversité. La période est bien choisie : notre faune et notre flore se sont considérablement étoffées avec l’arrivée des premiers beaux jours de printemps. Les floraisons se multiplient, les libellules sortent pour leurs premiers ballets et un bihoreau s’est même installé sur notre petite mare.
Mercredi, la première distribution d’Amap de cette nouvelle saison nous a permis de dégainer nos carottes nouvelles, de préparer de belles bottes d’oignons nouveaux, quelques jolies salades de plein champ, du persil et des pommes de terre. C’est encore timide mais ça va aller en s’étoffant, c’est promis ! Signe que la météo est plus clémente : on mange nos premières courgettes et on s’oblige à palisser en urgence les tomates qui ont bien poussé ces derniers jours !…
Ça fait longtemps qu’on ne vous avait pas fait faire un petit tour des plantations, alors allons-y ! Ceux qui nous suivent régulièrement savent qu’on a eu ici un printemps un peu «Rock and Roll», avec une météo hostile qu’on peut résumer en trois points : du froid, du vent, du sec. Le sec, on commence à avoir l’habitude et on sait faire. Le vent, c’est déjà beaucoup plus pénible : les bâches et les voiles ne tiennent pas en place, la paille s’envole avant qu’on la dépose au sol et nous, on tangue sous les rafales… Le froid, on l’a déjà dit, c’est le pire pour nous ! Sous la paille, nos sols se réchauffent lentement et les risques de gelées blanches sont décuplés, même en serre. La dernière gelée a eu lieu le 16 mai et elle nous a grillé quelques feuilles de courgettes et de pommes de terre. Le jardin dans son ensemble tourne au ralenti et ça nous attriste un peu ! Mais, pour autant, n’y a-t-il donc rien à sauver de ce printemps 2019 ?
Mais si, bien sûr ! D’abord, commençons par nous jeter quelques fleurs : on a quand même vachement bien bossé ! Le plan de culture, les gestes qui se fluidifient, la nouvelle serre à plants, les wwoofeurs qui débarquent plus tôt que l’année dernière, l’amélioration de notre technique de paillage, tout ça mis bout à bout fait qu’on gagne beaucoup de temps et qu’on arrive à planter plus rapidement. Les plants sont souvent plus jeunes lorsqu’on les met en terre, ce qui est une bonne chose pour la reprise. Mi-mai, tous nos légumes d’été sont déjà en place (concombres, haricots à rame, tomates, aubergines et poivrons) et certains sont bien plus développés que l’année dernière à la même date (malgré le froid) : c’est le cas de la première série de tomates (du moins, les pieds qui ont survécu aux différentes vagues de gel), des haricots, des choux et des pommes de terre nouvelles. De manière générale, dans nos serres, ça ne se passe pas si mal que ça. Mais admettez que c’est rageant de ne compter que 11 tomates formées sur 750 pieds… Derniers points sur lequel on a fait des progrès : la gestion de l’enherbement. Il y a de nombreuses planches en serre qui ont été désherbées à 100% et sur lesquelles il n’y aura plus qu’à gérer le liseron et les chardons. Le champ finira un jour par être propre, à force d’alterner les occultations et les cultures.
Alors, que trouvera-t-on dans les paniers dans les semaines à venir ? Des carottes nouvelles, des radis, des oignons nouveaux, des pommes de terre,(pas encore nouvelles), des salades et du persil. Ensuite, viendront les petits pois, les choux pointus, les betteraves et les pommes de terre nouvelles. Et les courgettes ? C’est difficile à dire. Actuellement, elles sont au stade où elles forment des mini-courgettes qui ne grossissent pas mais ça peut se décanter du jour au lendemain. Pour les tomates, c’est sûr que ce sera encore plus tardif que l’année dernière : la nouaison commence seulement maintenant… Patience, il paraît que c’est dans les maturations les plus longues que se forment le plus de vitamines et de sucre. Oui, on se console comme on peut…
Note : Notre appareil photo est cassé, ce qui explique qu’il y ait un peu moins d’illustrations que d’habitude. Du coup, j’en profite pour divaguer un peu et on refera le point sur l’avancement du jardin la semaine prochaine, d’accord ?
Au milieu de notre planche de fraisiers trône une plante énigmatique, à la fois étrangement familière et terriblement exotique. Imaginez une grosse tige bien érigée, de laquelle partent des feuilles longues, fines et rigides, disposées horizontalement selon deux axes perpendiculaires. À environ un mètre du sol, la tige se ramifie enfin pour porter de longues tiges florales rigides. L’ensemble arbore des couleurs tirant tantôt sur le vert bleuté, tantôt sur le violacé et répond au nom d’Euphorbe Épurge. Il s’agit d’une plante plutôt commune par chez nous et ça n’est pas sa rareté qui nous a poussé à ne pas la couper lors de nos désherbages. Mais il faut croire qu’on s’est un peu senti intimidés par son port si impétueux et qu’on sentait nos fraisiers bien à l’abri sous ce grand phare naturel. Allez savoir…
Il y a quelques semaines de ça, Jacques, notre propriétaire, est passé nous rendre visite. Pendant que je lui montrais nos tomates cerises fraîchement plantées, il s’étonnait de la présence de deux gros choux en plein milieu de la planche. Depuis qu’on ne travaille plus nos sols, ça arrive fréquemment qu’après récolte, quelques individus de la culture précédente tentent leur chance à partir de leurs réserves racinaires et refont une plante, qui, parfois, est parfaitement viable. On se souvient, l’année dernière, de récoltes de mesclun faites à partir de mini-salades repoussées sur un collet déjà coupé, de fenouils petits mais bien ronds ou de blettes qui redémarrent l’année suivante, comme si de rien n’était ! Dans le cas de ces choux, on les a vu pousser très tôt (février) et avec une belle vigueur. Leurs racines datent de l’année dernière et ont tranquillement attendu la fin de l’hiver pour s’exprimer de nouveau. On s’attendait à ce qu’ils montent rapidement en fleur mais on en a laissé deux se développer par curiosité. Deux mois après, ils étaient toujours là et on n’a pas eu le cœur de les désinstaller au moment de la plantation des tomates cerises. Actuellement, ils terminent de pommer et il manque peu avant qu’on les déguste. Ça nous changera des blettes… Jacques m’a alors fait la réflexion suivante : «c’est à ça qu’on voit que vous avez su rester jardiniers». C’est la même logique qui a fait qu’une matricaire quasiment en fleurs a survécu au désherbage des tomates de ces derniers jours… Mais si ! Vous savez, cette plante dont les fleurs ont une odeur de pomme !…
Notre part «maraîcher» s’exprime dans nos gestes du quotidien, dans nos plantations, dans nos récoltes ou lorsqu’on râle parce que la météo fait des siennes. Alors que notre part «jardinier» nous fait planter des fleurs à toutes nos entrées de serre, nous fait lever le nez lorsqu’un papillon volette dans les parages et nous pousse à épargner certaines adventices au moment d’un désherbage ou d’une plantation. Au motif que ça fera des fleurs pour les abeilles. Ou que la plante est rare. Ou qu’elle est belle… Nous cultivons ces deux facettes de notre activité, qui se complètent l’une l’autre et qui nous permettent de nous sentir à la fois productifs et en harmonie avec notre écosystème.
Chaque saison a ses avantages et ses défauts. En hiver, on a hâte que les journées s’allongent, que les températures remontent, que les arbres aient à nouveau des feuilles et que le jardin se repeuple d’oiseaux et de fleurs. Par contre, on a quand même pas mal de légumes à vendre et à se mettre sous la dent. Lorsque le printemps est là, c’est tout de suite la course : on plante et on sème à tour de bras pour avoir un maximum de légumes le plus tôt possible. Parce que c’est un paradoxe des climats tempérés : c’est souvent au printemps qu’on trouve le moins de légumes… Des salades, des radis et des blettes pour résumer. Les légumes «nouveaux» (carottes, navets, oignons) arrivent au compte-goutte et aident à patienter en attendant les légumes d’été. Et c’est là que le bât blesse pour nous cette année : nos légumes d’été prennent du retard et nos légumes nouveaux ne sont pas toujours au rendez-vous… Il y a sans doute une part de responsabilité qu’il faudra nous imputer : certains de nos itinéraires techniques sont perfectibles (trop de paille sur les fèves, pas assez de voiles thermiques en plein champ, une bande trop tassée pour les carottes sous serres, etc.). Mais ça ne nous empêchera pas de râler contre notre ennemi du moment : le froid !
On lui doit quelques échecs de culture, comme cette jolie vernalisation des navets nouveaux sous serre, qui se sont mis à monter à la première après-midi un peu chaude. On lui doit des retards dans nos planches : les fèves stagnent, les épinards de plein champ poussotent (oui, c’est le terme technique consacré), les planches de salade se rattrapent et donnent toutes en même temps… On lui doit de beaux dégâts dans les premières plantations de légumes d’été : on se souvient du gel dans les tomates, les courgettes et les haricots. On lui doit d’avoir repoussé plusieurs implantations, pour cause de vague de gel, nous faisant perdre toute espoir de précocité sur les tomates cerise (par exemple). On lui doit de perdre du temps un 4 mai à couvrir toutes les cultures gélives parce qu’on nous annonce à nouveau trois matinées de gel successives. Mais ce qui est le plus impardonnable, c’est que les matinées froides nous privent de nos premières nouaisons de tomates ! Pourtant, on a des fleurs partout et on les secoue vers midi tous les jours, scrupuleusement. Mais, on ne voit toujours rien venir…
Ne vous méprenez pas : on ne reste pas assis au milieu du jardin, les bras croisés en attendant que le flux de nord s’inverse ! On se démène de tous les côtés pour préparer l’été en espérant qu’un tel déferlement d’énergie finira par inspirer nos courgettes et les faire fleurir… On paille, on plante (des aubergines, des choux raves, des betteraves et de la salade), on désherbe (notamment en serre), on sème des carottes et des radis. Jamais notre ÉcoJardin n’aura vu autant de légumes en terre à la même date ! Si tout ça finit par donner, ça nous consolera de ce printemps interminable…
Tiens, et si on finissait par une bonne nouvelle ? Vous vous souvenez que Fabrice était sous le coup d’un remboursement partiel de sa DJA (Dotation Jeune Agriculteur) ? Fabrice avait alors envoyé à la DDT une longue lettre pour défendre sa cause, assortie de nombreuses pièces annexes, pour montrer qu’il n’avait pas passé les 5 premières années de son installation à jouer de la guitare en sirotant des Piña Coladas les doigts de pied en éventail au milieu du jardin. Finalement, après 5 mois de silence radio, il apprend par courrier que rien ne lui sera réclamé : on lui reconnaît des «circonstances exceptionnelles». Je ne sais pas pour vous, mais moi je vais aller fêter ça en me cuisinant une bonne soupe de blettes !
À la semaine prochaine !
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Cette semaine encore, l’ÉcoJardin des Grivauds a été très fréquenté. Parmi ses visiteurs, il y avait Gaël et Marianne, qui entamaient leur deuxième semaine de Wwoofing chez nous et qu’on vous a déjà présentés la semaine dernière, ainsi que Gildas, stagiaire BPREA de passage pour 4 jours afin d’avoir un premier contact avec les techniques du Sol Vivant. Rarement nous n’avons été autant questionnés sur notre pratique qu’au cours de ces derniers jours. Ce sont surtout les gestes les plus répétitifs, ceux qui nous semblent maintenant banals, qui ont fait l’objet d’un ré-examen attentif. Pailler, d’accord, mais comment faire pour que ce soit plus rapide ? N’y aurait-il pas un outil à inventer pour faciliter la plantation des mottes sous la paille (une sorte de mini-tarière, en somme) ? Comment faire pour bien gérer les vivaces rampantes qui traversent la paille, sans avoir à passer trop de temps le sécateur à la main ?
Notre jardin est déjà productif, nos marchés de l’an passé nous l’ont prouvé, mais nous manquons encore de recul. Après tout, ça ne fait que 3 ans que Fabrice a pris la décision de basculer en non-travail du sol et tous les problèmes ne sont pas résolus. Pour prendre un exemple de saison, on sent qu’il nous reste des progrès à faire sur les semis de petits pois et de fèves. Ces regards extérieurs que nous apportent nos wwoofeurs et nos stagiaires sont indispensables et ils mettent parfois le doigt où ça fait mal… Reste à trouver le temps de remédier concrètement aux problèmes soulevés. Nos impératifs de production nous obligent trop souvent à parer au plus pressé, malheureusement. Je rêve à mon tour de redevenir un temps wwoofeur pour aller voir d’autres maraîchers MSV plus expérimentés. Mais la saison avance et le temps des grandes plantations est revenu.
Alors, on plante ! Des tomates (beaucoup !), des fenouils et du basilic en serre. Des blettes, des choux et des salades en plein champ. Les pluies de la fin de la semaine profitent immédiatement aux cultures et permettent aux sols de se réhydrater un bon coup avant les grosses chaleurs de fin de printemps. On palisse les haricots grimpants, on secoue nos fleurs de tomate et on observe les premières courgettes se former. Ça nous aide à patienter en attendant le retour de la prodigalité estivale de notre jardin…
À la semaine prochaine !
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Il était trop tôt dimanche dernier pour tirer un bilan définitif de l’épisode de froid qui nous a affectés quatre jours et quatre nuits durant (du vendredi matin au lundi matin). Une grosse partie de la France a été touchée par le passage de cette masse d’air froid et sec en provenance de la Baltique. Mais ici, son amplitude a connu des valeurs extrêmes, comme le montre la carte ci-jointe. En plaine, notre région est l’une de celles où les gelées ont été les plus aiguës. Notre station météo a notamment enregistré un joli -5,5°C dimanche matin mais vu les dégâts dans les cultures non-gélives, il y a gros à parier qu’au niveau du sol (et en particulier au dessus des planches recouvertes de paille blanche ou brillante), la température a flirté avec les -8°C. On a ainsi vu «brûler» des choux, des fèves et des salades, ce qu’on n’avait jamais connu jusque là. Les articles de Météo France nous le confirment : l’épisode est exceptionnel : l’air a été extrêmement sec et l’absence de gelée blanche a entraîné une chute brutale des températures au ras du sol.
Au final, quelles ont été les conséquences dans les cultures ? Il y a bien sûr de nombreux pieds de tomate, quelques courgettes et quelques haricots qui ont «grillé» sur place. Pour les tomates, on remplace pied à pied grâce aux plants qu’on a achetés à notre confrère Jean-Baptiste Guinot (du Jardin de la Gare à Sorbier). Souvent, on hésite : la tête est morte mais… il y a de beaux gourmands, bien vigoureux ; que faire dans ce cas ? Les températures très basses de la nuit ont induit dans nos cultures des stagnations de croissance presque partout : rien ne décolle vraiment, même si, dans les serres, l’éclairement permet de dépasser les 20°C l’après-midi. Autre retard : le nôtre ! On a du décaler notre calendrier de plantation des tomates et des aubergines pour laisser passer la vague de froid. Sans parler du temps perdu à cacher et dé-cacher toutes les cultures sensibles…
Dans la foulée de l’épisode de froid, la tiédeur se réinstalle et la matinée du mardi nous offre 7 mm d’une pluie plus que bienvenue. Dès le lendemain, le mercure s’envole et on se décide à relancer les arrosages en serre. Et là, nouveau drame : la pompe de la réserve tombe en carafe ! Branle-bas de combat aux Grivauds : on mène de front les diagnostics, les réparations, les solutions provisoires et … les arrosages manuels au jet (directement branché sur le puits). Un nouveau stress dont on se serait bien passé. On sait que sous la paille nos sols se dessécheront lentement et que nos plantes ne dépériront pas mais de là à dire que les réserves du sol seront suffisantes pour assurer la croissance qu’elles devraient avoir avec une telle douceur…
Heureusement qu’on n’est pas seuls dans notre jardin en ce moment : ça nous aide à dissiper la grisaille qui s’est installée dans nos têtes préoccupées. Il y a Maxime, pour qui c’est la deuxième semaine aux Grivauds. Ses compétences en électricité nous permettront de prendre les bonnes décisions pour relancer au plus vite notre pompe. Et puis, il y a Marianne et Gaël, nos deux nouveaux wwoofeurs, venus de Lyon. Ce sont deux ingénieurs fraîchement diplômés qui ont décidé de faire rapidement un pas de côté et qui peaufinent un joli projet de maraîchage sur sol vivant, en essayant de ne laisser aucun aspect de côté. Avec eux, on a notamment une réflexion sur l’outillage lié à notre pratique. Tout ce petit monde nous permet d’avancer à grands pas : désherbage des carottes, déliseronnage des choux, paillage et plantation des mini-blettes, etc. Il y a même des tâches qu’on désespérait de voir se réaliser un jour, comme la plantation des artichauts ! Merci à tous les trois !
Mon article est déjà très long mais je m’en voudrais de ne pas terminer par quelques bonnes nouvelles. D’abord, à la faveur de la douceur printanière, de nombreuses cultures ont daigné traverser la paille : les fèves, les petits pois, les oignons et les pommes de terre. On pense à tous ceux qui ont participé à la mise en place de ces cultures en début de printemps : Aymeric, Camille et Laurence. Enfin, la semaine se termine sur un cri de victoire : Fabrice a réussi à faire re-fonctionner la pompe et on lance un arrosage de plein-champ sur les épinards et les oignons ! Ouf !
À la semaine prochaine !
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Faute de chaleur, le printemps nous apporte tout de même son lot d’oiseaux et Fabrice nous fait lever la tête à chaque instant : ici, une linotte, là,un rossignol, là-bas un grimpereau, ici une fauvette à tête noire ! Alors je dégaine mon appareil photo et je profite que nos arbres n’aient pas encore beaucoup de feuilles pour ajouter un nouveau volatile à ma collection photographique. Notre coup de cœur de la semaine : un petit groupe de verdiers qui s’est laissé approcher et photographier. Dans nos serres, la vie au sol commence à devenir de nouveau passionnante : on aperçoit nos premiers grillons, nos premières coccinelles, nos premières sauterelles et aussi … un magnifique crapaud calamite (voir la galerie à la fin de l’article) !
Heureusement qu’il y a tous ces apartés naturalistes dans notre travail parce les chantiers de la semaine ne sont pas les plus rigolos… Effrayés par les prévisions météos pour la fin de semaine (à juste titre d’ailleurs), on décide d’abandonner pour le moment toutes les plantations de légumes gélifs (dont les tomates) et on se concentre sur notre plein champ. Où, concrètement, le travail consiste principalement à pailler nos planches de culture… Bon, ce qui est gratifiant, tout de même, c’est qu’on voit le champ se remplir progressivement, bande après bande. Cette semaine, par exemple, les fèves ont enfin traversé la paille, à tel point qu’on voit bien les rangs ! Ce sera bientôt le tour des oignons en bulbille, des pommes de terre et des petits pois.
Cette semaine, un nouveau wwoofeur vient compléter notre joyeuse équipe : c’est Maxime, qui nous débarque du Loiret avec déjà de sérieuses connaissances en matière de jardinage sur sol vivant (merci Ver de Terre Production !). L’occasion pour lui de passer à la pratique et de voir concrètement comment se comporte un écosystème lorsqu’on arrête de travailler son sol. Plantation, paillage, récoltes, comme toujours on essaye de lui faire «goûter» à tout. Dans le même temps, c’est la dernière semaine de Camille et Aymeric aux Grivauds. On profite au maximum de leur énergie et de leur bonne humeur, ça nous permet de surmonter joyeusement la sécheresse de ce printemps et les fortes gelées matinales…
À la semaine prochaine !
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Ça fait des semaines qu’on vous témoigne de notre inquiétude concernant la météo de ce printemps : trop de sécheresse, des gelées matinales systématiques et des amplitudes thermiques délirantes (notamment dans les serres). L’épisode de grêle de mercredi n’était pas pour nous rassurer. Habituellement, aux Grivauds, la première série de tomates est plantée dans la première semaine d’avril et, de fait, nos plants de tomates étaient plus que prêts à être plantés… Pas seulement les tomates d’ailleurs, les courgettes et les haricots aussi. Sauf que cette année, nos sites de météo nous prévoyaient une gelée dans la nuit de jeudi à vendredi (de -1°C à -3°C). Que faire ? Décaler les plantations, c’est prendre une semaine de retard sur toutes nos plantations. On décide de planter quand même et on protège toutes nos bandes avec deux couches de voiles thermiques. Dans l’euphorie de la plantation, on en profite même pour sortir de la pépinière tous nos plants de tomates un peu avancés et on les installe sur une planche fraîchement paillée en serre nº2.
Finalement, la gelée annoncée a bien lieu. Sauf que le gel démarre à 22h00 et que la température descend à -5°C au sol en fin de nuit… Vendredi matin, on évalue les dégâts : plus d’un tiers des tomates plantées ont gelé sur pied et on perd au moins 4 caisses de plants. Au total, c’est entre 160 et 180 pieds de tomates qui vont nous manquer. On noie notre amertume dans le travail et on poursuit les plantations (courgettes et haricots) et le paillage (petits pois en plein champ). On en tire une leçon importante : partout où le paillage est récent (paille bien jaune), le gel a attaqué très fort. On le savait déjà : la paille a une faible capacité thermique (elle retient mal la chaleur) et lorsqu’elle brille, c’est encore pire puisqu’elle renvoie la lumière au lieu de l’absorber… On envisage plusieurs palliatifs pour l’année prochaine : installer une bâche noire temporairement au milieu des rangs de tomates ou bien pailler après la plantation, lorsque les gelées ne sont plus à craindre. C’est d’ailleurs comme ça qu’on a procédé pour les courgettes et les haricots et les dégâts y sont minimes (quelques feuilles brûlées).
Heureusement que pour le reste, les choses avancent plutôt dans le bon sens ! Notamment grâce à Camille et Aymeric, nos deux wwoofeurs de choc ! Ils paillent, ils plantent et ils désherbent comme s’ils avaient fait ça toute leur vie. Le grand jeu du moment, c’est l’apprentissage des familles de plantes maraîchères : brassicacées, fabacées, apiacées, alliacées, solanacées, cucurbitacées, chénopodiacées, astéracées, etc. Sans parler du grand défi : placer le mot «convolvulacée» (famille du liseron et des patates douces) au milieu d’une conversation…
À la semaine prochaine !
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