Pour ceux qui entretiennent un petit bout de jardin, le sujet de plainte du moment, c’est le puceron. Il y en a beaucoup cette année, ils se sont installés très tôt et les coccinelles peinent parfois à les contrôler. On en a déjà fait le sujet d’un article de printemps où on fêtait l’arrivée des « bêtes à bon dieu » dans nos cultures. Deux mois plus tard, la situation reste très tendue pour nous, notamment dans les concombres et les fèves, où les ravages sont très importants. On croise parfois des larves de coccinelles mais jamais là où on les attend (au milieu des choux de l’année dernière par exemple). Dans nos serres, les larves de syrphes semblent mener la lutte en solitaires mais sont clairement insuffisantes. En lisant la note éditée par la chambre d’agriculture sur le parasitisme dans les productions légumières, on voit que le problème est généralisé. Ça ne nous rassure pas mais, au moins, on se sent moins seuls. Dans la galerie de photos, vous verrez que certaines de nos cultures ont réussi à surmonter leur parasitisme et poursuivent leur croissance (les melons et les aubergines notamment).
Cette année, on est aussi très vigilants concernant une autre catégorie de parasites : les acariens. Ceux qui nous préoccupent s’appellent «tétranyques tisserands» ou aussi «araignées rouges». Ces minuscules arachnides phytophages avaient réussi, l’année dernière, à nous décimer nos haricots à rame, à nanifier nos aubergines et à rendre invendables nos concombres. Là encore, vous avez déjà eu droit à un article sur le sujet. Cette année, on a détecté très vite les premières attaques et on a décidé de prendre les devants en introduisant dans notre écosystème des auxiliaires pour les contrôler. Il s’agit en fait d’acariens prédateurs, qui se nourrissent … de tétranyques tisserands (ça tombe bien). Ceux-là s’appellent Phytoseiulus persimilis et Amblyseius californicus. Comme ça, si vous les croisez dans nos cultures, vous pourrez les appeler par leurs petits noms. Les californicus, on les a déposés en avril à titre préventif (ils peuvent jeûner). Les persimilis, on les a apportés en trois fois, tout au long du printemps, notamment sur les foyers d’infestation. Pour l’instant, c’est difficile de quantifier l’efficacité de nos interventions mais on ne pourra pas dire qu’on ne s’est pas donné tous les moyens de réduire la pression parasitaire. Par ailleurs, on bassine régulièrement les serres infestées pour favoriser les persimilis (qui aiment l’eau) et défavoriser les tétranyques (qui détestent l’eau). Et on se prépare à blanchir nos serres, pour réduire la température en plein été (les tétranyques ont un cycle accéléré en période de fortes températures).
On a passé un peu de temps avec une loupe à la main pour essayer de se rendre compte de la lutte biologique en cours. On sait que les persimilis sont plus rouges que leurs proies et que leurs œufs sont roses (alors que ceux des tétranyques sont blanc crème). Finalement, ce sera le mode macro de notre appareil photo qui nous permettra de voir un peu ce qui se passe. Vous trouverez de nombreux clichés de dessous de feuilles dans la galerie ci-dessous. On arrive parfois à décrire ce qu’on voit, parfois non. Dans tous les cas, on aperçoit une vie incroyable, souvent insoupçonnable.
«Bon, mais, me direz-vous, vous n’avez pas passé toute la semaine à regarder sous vos feuilles ?» Non, certes, et vous retrouverez quelques uns de nos chantiers de la semaine dans la galerie.
À la semaine prochaine !