Toi aussi, arrache des plantes…

(Cliquer pour agrandir) Zone où les épinards ont jauni (serre 2). Peu de racines sortent de la motte. Et celles qui tentent leur chance sont horizontales.

Non, non, rassurez-vous, le blog n’a pas changé de propriétaires… D’accord, le titre de l’article est légèrement provocateur mais on est bien toujours les mêmes : à respecter tant et tant notre sol qu’on n’ose même pas déraciner les adventices qu’on y extrait (sauf quelques exceptions, comme les fameuses potentilles). Mais des fois, cette attitude radicale nous porte préjudice. Par exemple, en n’allant pas étudier les racines des plantes les moins en forme, on se prive d’une clé de lecture simplissime pour comprendre leur manque de vigueur. En arrachant un pied d’épinards jaunis de la serre 2, on constate que les racines partent uniquement horizontalement, et pas verticalement. Comment expliquer ça ? Cette semaine, on a eu une révélation : on ne connait finalement que les premiers centimètres de nos sols. En dessous, c’est une boite noire. C’est Alexandre Barrier-Guillot, le conseiller maraîchage Bio de la FRAB qui nous a aidés à y voir plus clair. Mais que venait-il faire aux Grivauds ? Oui, vous avez raison, commençons par contextualiser son intervention.

Le groupe GIEE Climat en visite aux Grivauds. Au centre, Alexandre Barrier-Guillot, conseille maraîchage biologique de la Frab.

Au sein de la FRAB[1]Fédération Régionale d’Agriculture Biologique, il s’est formé un groupe GIEE[2]Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental autour de la question de l’adaptation des pratiques maraîchères au changement climatique. Composé d’une douzaine de membres, le groupe commence ses activités en venant identifier des problématiques et des solutions sur le terrain. Et comme Fabrice en fait partie, c’est tout naturellement qu’il a proposé de faire visiter les Grivauds pour montrer quelles actions y avaient été mises en place pour limiter l’impact des agressions climatiques sur les cultures (sécheresses, canicules, grêles, tempêtes, etc.). C’est donc dans ce cadre qu’Alexandre se met à creuser des trous dans notre sol à l’aide d’une tarière. L’objectif est triple : étudier l’évolution de la composition du sol en fonction de la profondeur (les différents horizons du sol), détecter la présence de compaction et étudier l’hydratation des différentes couches. Sans surprise, dans les serres 1 et 2, on tombe rapidement sur de l’eau libre (dans les argiles profonds, vers 50 cm) : signe d’hydromorphie. Ça rend le sol peu appétant en profondeur et ça explique pourquoi on y trouve peu de turricules (et donc peu de vers de terre anéciques). Par contre, ce qui est plus surprenant, c’est de découvrir que, passés quelques centimètres bien hydratés, l’hydratation du sol décroît rapidement. Voilà pourquoi les épinards ont des racines horizontales : ils ont été plantés dans un sol qui n’était hydraté qu’en surface : la couche immédiatement en dessous étant sèche, elle s’est comportée comme une semelle, empêchant les racines de passer. Du coup, l’épinard épuise les ressources minérales du premier horizon et devient jaune au bout de 2-3 coupes seulement. Verdict : à la sortie de l’été, après une culture asséchante (comme la tomate), il faut envoyer beaucoup d’eau dans le sol pour le recharger. La tarière nous permettra désormais de vérifier l’homogénéité de l’hydratation du sous-sol.

Cette semaine, un léger vent de folie traverse les Grivauds…

Il ne faudrait pas croire qu’on a passé la semaine à s’extasier sur cette grande révélation, on a aussi fait avancer beaucoup de chantiers ! Ce serait fastidieux de tout lister. Retenons peut-être la mise en place du tunnel nantais pour les carottes, la plantation des choux-fleurs, les premières greffes d’aubergine (vous aurez des photos plus tard, là, on n’est pas très sûrs d’être fiers de ce qu’on a fait…). On fête aussi le retour de deux têtes connues des Grivauds ! Céline, d’abord, qui termine son 4ème stage chez nous et qui nous a beaucoup fait rire tout au long de la semaine. Parce que c’est aussi ça un beau jardin : un lieu où on se sent bien et où on peut laisser libre cours à sa bonne humeur. Bien entendu, on parle aussi plantes sauvages, floraison, itinéraires techniques. Elle profite qu’on a le dos tourné pour faire le mur et aller visiter le verger d’Aurélie Cleenewercke à Saint-Aubin [3]Les Jardins de la Brouette Bleue. Mentionnons ensuite le passage de David, notre collègue des Jardins de Mirloup dans le Morvan. Il est venu discuter, poser quelques questions, passer du temps avec nous et en profite pour filer un coup de main non négligeable (plantation des choux-fleurs et paillage des rhubarbes) ! Merci à tous les deux pour cette belle semaine !

Et à la semaine prochaine !

References

References
1 Fédération Régionale d’Agriculture Biologique
2 Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental
3 Les Jardins de la Brouette Bleue

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