Jamais on n’a autant planté de légumes de printemps aux Grivauds. Jamais on n’a été autant inquiets pour la constitution des paniers de juin. Ce paradoxe, on vous en a déjà parlé plusieurs fois, il est du à un contexte météorologique d’une rare complexité. Car, redisons-le, le printemps a été dramatiquement froid et humide. Et, pour le moment, nos sites de prévisions n’arrivent pas à nous annoncer un retour aux normales de saison. La température plafonne à 15°C l’après-midi, les éclaircies sont rares et courtes et, comble du comble, on a souvent des nuits beaucoup plus claires que nos journées, ce qui fait qu’on se réveille régulièrement avec des petits 5°C. Quant aux précipitations, elles dépassent les 120 mm pour le mois de mai, ce qui en fait un mois excédentaire de 50%. Tous nos chemins sont boueux et les zones les plus basses de notre parcelle sont de nouveau inondées, comme en janvier. Est-ce qu’on vous parle de l’averse de grêle de la semaine, qui nous a sectionné quelques courges ? Non, on garde ça pour nous.
Dans un tel contexte, nos légumes d’été prennent forcément du retard. Des plantes comme des aubergines, des poivrons ou des haricots, ça a besoin de beaucoup de chaleur. Dans les aubergines, seuls les pieds greffés semblent vraiment démarrer. Côté tomates, on sent un peu de croissance. Mais on ne voit pour le moment aucune tomate se former. On s’attend à une première récolte après le 15 juillet, trois semaines plus tard que l’année dernière. Les courgettes n’ouvrent pas des fleurs tous les jours et les pieds restent encore petits. Les paniers de juin et juillet vont être très délicats à préparer, on le sait déjà. Notre collègue de Sorbier, à l’Amap de Dompierre a déjà anticipé cette difficulté en proposant des paniers seulement une semaine sur deux en attendant les tomates. Allons nous devoir annuler des paniers ? C’est tout à fait possible. Allons-nous devoir renoncer au marché de Vichy pour pouvoir donner la priorité à nos paniers d’Amap ? Ça aussi, c’est à envisager.
Ce qui est sûr, c’est que cette météo printanière va avoir un impact économique non négligeable. Trois semaines de légumes d’été en moins sur l’année, c’est un sacré manque à gagner ! On sait bien que ça n’est la faute de personne et que tout le monde est logé à la même enseigne. Mais, n’empêche, ça nous rend quelque peu nerveux. Quand, mais quand la saison va-t-elle enfin démarrer ? Vendredi, on guette un intervalle sans pluie pour récolter les radis pour la vente à la ferme. Devant l’absence de créneau sec, je me résous à faire la récolte sous un petit crachin froid. On tourne en rond dans nos serres, impatients de pouvoir retourner travailler dehors, de planter nos céleris et nos betteraves. De pouvoir semer nos carottes et planter nos pommes de terre.
Des bonnes nouvelles cette semaine ? Oui, tout de même ! On a semé nos panais, palissé une partie de nos tomates, planté des salades et du basilic. Mais surtout, on a terminé de planter nos courges ! Jamais on ne les a plantées aussi rapidement. Thibaut et Elsa, nos petites mains du moment, n’ont même pas eu le temps de s’en lasser et en redemandent encore… Heureusement qu’ils sont-là ces deux-là, d’ailleurs ! Parce qu’ils nous empêchent de sombrer dans la maussaderie, notamment grâce à une technique imparable : celle qui consiste à nous préparer de petites douceurs pâtissières quotidiennement ! Crumble de rhubarbe, tiramisu aux spéculoos, pain perdu… Sans parler des mayonnaises maison pour accompagner nos bâtonnets de carottes nouvelles. Elsa nous quitte ce week-end et on la remercie bien bas pour sa présence au cours de ces deux semaines. Elle cède sa caravane à une revenante aux Grivauds. «Une revenante ? Quelqu’un de connu sur ce blog ?» Oh que oui ! Allez, les paris sont ouverts !
À la semaine prochaine !