Chère toile tissée

Du plastique ? Où ça ? Puisqu’on vous dit que l’agriculture bio c’est rien que du naturel !…

De la toile tissée, on en utilise tout le temps aux Grivauds ! C’est vraiment le produit un peu magique qui permet de bien maîtriser ses adventices et de réchauffer son sol. On utilise des toiles tissées non-trouées pour occulter nos sols pendant l’hiver afin de nettoyer nos planches et accélérer l’absorption de la paille. En saison, la toile tissée trouée permet de mettre en place une culture sur un sol non-désherbé. Autant dire que ce genre de produit a constitué un de nos investissements principaux ces dernières années. Nos besoins étant encore très forts, on lance des demandes de devis en vue d’un gros achat pour les occultations d’hiver et le paillage des épinards. Surprise : là où on obtenait un rouleau de 100m à 85€ l’année dernière, on nous le facture à 114€ cette année. 34% d’augmentation, tout simplement. En cause : l’explosion des prix des matières premières, en particulier celles issues de l’industrie pétrochimique. Ah parce que, oui, désolé de vous l’apprendre, mais la production de légumes, ça a aussi un bilan carbone, hein ! Entre le gasoil du tracteur, les bâches de serres, les paillages, les godets, les clips à tomates (oui, Hélène, on sait que tu les adores mais … ils sont aussi en plastique…), nos tuyaux d’irrigation, nos asperseurs, on n’en finirait pas de constater notre propre dépendance à l’omnipotent pétrole.

Tellement décroissants aux Grivauds, qu’ils font porter leurs récoltes de courges par Salomé, la stagiaire du moment

Et pourtant, nous, on est plutôt du genre sobres énergétiquement. L’absence de mécanisation réduit énormément nos besoins en carburant. Vous vous en doutez : tirer un outil attelé (comme une charrue par exemple), c’est extrêmement énergivore ! Pour le moment, la crise semble relativement conjoncturelle, et s’expliquerait par la forte demande créée par la relance économique. Mais n’empêche, ça laisse songeur : que se passera-t-il lorsque la crise de l’énergie tant annoncée finira enfin par se produire ? Est-ce que les maraîchers s’en sortiront en augmentant les prix des légumes ? Qui alors achètera encore des légumes ? Les questions s’imbriquent les unes dans les autres dans un délicat kaléidoscope d’inquiétudes.

En attendant, nous, on continue notre bonhomme de chemin, fiers d’être autant décroissants dans un tel contexte. À la seule force de nos mains rugueuses, on désinstalle nos concombres, on prélève des stolons de fraisiers, on taille les poireaux (qui ont pris le mildiou) et on récolte encore et encore ! Et notre beau stand à Vichy chante la prodigalité de notre dur labeur. Chant du cygne, demanderiez-vous dans un demi-sourire narquois ? Oh que non, répondrions-nous, car nous n’avons pas dit notre dernier mot ! Et vous tournant le dos crânement, nous retournerions planter nos épinards. Non mais.

À la semaine prochaine !

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