Devant chez moi, j’ai laissé pousser un vaste Cirse des marais. La plante est spectaculaire de part son ampleur. Le·la visiteur·euse est sensible tantôt au charme violacé de ses fleurs, tantôt à l’aspect inquiétant de ses longues épines. «C’est un chardon ?» – «Non, mais c’est une cousin du chardon.» Et voilà l’occasion de parler des astéracées. On est en été, les floraisons se font déjà plus rares. C’est fini les prunus, les tilleuls, les pâquerettes. Dans les friches, dominent les fleurs d’ortie et de carottes sauvages, qui n’intéressent pas tellement les abeilles. Par contre, mon Cirse, il est visité toute la journée par tout un tas d’hyménoptères. Un peu plus tard, quand les graines seront prêtes, les Chardonnerets élégants recommenceront leur ballet. Parfois, la biodiversité, ça n’est pas compliqué : il suffit d’un peu de lâcher-prise et de patience.
Vous auriez tort de hausser les épaules devant un pissenlit. D’abord parce qu’il porte un nom bien plus classe que le vôtre[1]Taraxacum officinale, excusez du peu !. Ensuite parce que s’il décide de ramener toute sa famille, vous feriez moins les malin·es. Les astéracées comptent 23 500 espèces, répartis en 1 600 genres ! C’est la deuxième famille de plantes la plus riche en espèces[2]derrière les Orchidacées. Ce sont essentiellement des herbacées, c’est à dire, des plantes qui ne forment ni des arbres, ni des arbustes. Ça ne veut pas dire qu’elles ont toutes des dimensions de pâquerettes, hein ! Regardez à quelle hauteur pousse un artichaut. Ou un topinambour ! Dans le champ des Grivauds, on joue souvent à reconnaître les plantes. Et cette semaine, on est tombés plusieurs fois sur des Vergerettes du Canada ou sur des Laitues sauvages[3]Tu as vu, Nel, je ne descends plus à l’espèce avant d’avoir vu les akènes. Je progresse, non ? Oui, parce que entre la Laitue vireuse et la Laitue scariole, la différence est … Continue reading. Je me suis alors dit : «tiens, ça pourrait faire un sujet d’article : ça fait longtemps que je n’ai pas parlé de botanique sur le blog». Alors, je me suis mis à mieux regarder autour de moi et j’ai du me rendre à l’évidence : les floraisons d’astéracée sont encore très présentes, même au cœur de l’été. Toutes ont en commun d’être constituées d’un capitule de fleurs minuscules. Ce capitule peut être immense (Tournesol) ou très réduit (Séneçon commun). Les laiterons et les laitues nous offrent l’occasion de parler de latex. Avec les chardons, on illustre l’anémochorie des graines munies de pappus : les petites aigrettes de soie qui surmontent les fruits leur permettent d’être dispersées par le vent. Les matricaires à odeur de pomme, la délicatesse de l’arôme des vergettes et les achillées finement odorantes offrent l’occasion d’une pause olfactive. L’œil se réjouit avec les centaurées et les bleuets. Mais moi, il y a deux plantes que je trouve remarquables. Les grands Séneçons jacobés (Jacobaea vulgaris) d’abord, avec leurs fleurs en forme de soleils orangés. Ils forment de grosses thalles et dominent allégrement une prairie rabattue par les pluies d’orage. Ensuite, il y a les Cardères sauvages. Ah les cardères ! C’est tellement fou cette plante ! C’est une plante qui a des épines sur ses feuilles ! Pas sur le limbe comme les chardons mais directement sur la face ventrale de la feuille ! C’est une plante dont les feuilles sont soudées par paire pour former des cuvettes qui recueillent l’eau de pluie et dans lesquelles les oiseaux peuvent venir se rafraîchir. C’est une plante dont les capitules (l’organe qui supporte les fleurs) sont ovoïdes ! Et les fleurs s’ouvrent en formant des lignes violettes. Si vous ne tondez pas votre prairie, les capitules secs de cardère peuvent rester plusieurs années le nez en l’air, distribuant sur un temps très long la séduction de son port riche de mille petits détails charmants (même ses longues bractées valent le détour !).
La semaine a de nouveau été très productive, comme vous pourrez le voir dans la galerie qui suit. Notons le retour de Claire, la wwoofeuse-cycliste-multi-récidiviste. Cette fois-ci, elle débarque avec Laurence, qu’elle a rencontrée dans un autre wwoofing. Toutes les deux sont déjà très complices et l’ambiance s’en ressent. On a beaucoup ri cette semaine, vous comprendrez pourquoi en voyant les photos…
À la semaine prochaine !
Un chaleureux merci Denis pour cet article. Il est vrai que la complicité grandissante entre Claire et moi a été particulièrement bénéfique cette semaine aux Grivauds. Au plaisir de te relire. Laurence, l’inspectrice des travaux finis.