Après les gros chantiers de juillet (dont la plantation des derniers poireaux et des derniers choux), on a toujours l’impression qu’on va pouvoir souffler un peu. Las, c’est oublier que les récoltes nous prennent à ce moment-là un temps considérable (en particulier les tomates et les haricots verts) et que les plantations de navets et de radis d’hiver ne tarderont pas à frapper à la porte du jardin. Néanmoins, on admet que pour le blog, ce sera une petite semaine… Un peu de paillage, quelques plantations de plein champ (salades, scaroles, choux raves et courgettes d’automne) et des récoltes (dont celle des oignons, qui se poursuit de façon prometteuse), voilà tout ! Nos nouveaux wwoofeurs (Lea et Jérémy) vous seront présentés la semaine prochaine : ils n’ont passé qu’une petite journée au jardin pour le moment. Comble du comble, je (Denis) me suis offert une journée de congés samedi pour cause de fête de famille… Promis, la semaine prochaine, on revient avec plus de contenu…
Au départ, on avait un plan bien huilé pour satisfaire les envies de haricots tout en nous ménageant : il suffit d’en semer régulièrement de telle sorte que dès qu’une planche commence à donner des signes de faiblesse, une autre vienne la remplacer. En début d’été, on comptait sur nos haricots à rame (en serre). Malheureusement, les acariens s’en sont mêlés, et, favorisés par la canicule de juin, ils ont méthodiquement décimé toute la planche… Pour le relais, on comptait sur une planche de plein champ semée début juin : las, la grêle s’en est mêlée et le développement des plantes s’en est trouvé fortement perturbé. Bon an mal an, les pieds se sont refait une santé et finissent par donner leurs premiers haricots, au milieu d’une floraison très généreuse ! Du coup, on en profite pour en mettre une petite livre dans nos paniers d’Amap du mercredi et pour exposer fièrement la récolte de vendredi sur notre stand de Vichy ! Ensuite, la relève sera prise par une planche de haricots beurre semée juste après la grêle (comme pour conjurer le mauvais sort) puis par deux planches en serre (vert, beurre et haricots plats) qui donneront à la fin de la saison. Comme l’année dernière, en somme, on se ménage une belle montée en puissance : ce sera au moment où l’été tirera sa révérence qu’on fera nos plus belles récoltes !
Tiens, et qui trouve-t-on à la récolte des haricots ce vendredi ? Fabrice et … Jacqueline, ma mère. Et moi, de mon côté, je récolte les blettes, les choux et les carottes en compagnie d’Alain, mon père ! Ça n’est pas la première fois qu’on reçoit de la famille dans les champs et apprécie toujours ces petits coups de main qui nous allègent notre quotidien. Le monde des jardins est loin d’être étranger à nos deux familles et ça n’est pas vraiment un hasard que, l’un comme l’autre, nous ayons choisi de nous reconvertir vers le maraîchage… Jacqueline et Alain ont tenu à participer à la vente sur le marché de Vichy ce samedi. Hasard du calendrier, il s’avère que le stand a connu ce jour-là une de ses plus belles affluences. Il faut dire qu’on avait de quoi se la raconter sur notre stand : en plus de nos tomates et de nos haricots, on arborait fièrement un légume quelque peu inattendu en cette saison ; saurez-vous deviner lequel ?…
C’est symbolique, une tomate. C’est un légume très apprécié, très attendu, pour lequel il est de notoriété publique que «c’est meilleur en saison, cueilli mûr et cultivé chez un petit maraîcher voire en jardin». Et sans produit chimique s’il vous plaît. Même en dépit de la complexité de la culture, qui requiert de nombreuses petites attentions, tous ceux qui ont un petit terrain tente leur chance, parce que cultiver ses propres tomates, c’est déjà le début du bonheur. Cette année, aux Grivauds, elles ont un goût très particulier : elles ont traversé de nombreuses gelées de printemps (certaines en portent encore les stigmates) et deux canicules coup sur coup (celle de juin et celle de juillet). Néanmoins, elles sont là, très tardives, mais finalement plus généreuses que l’année dernière. Alors qu’on n’avait récolté qu’une cinquantaine de kilos la semaine dernière, on passe tout de suite à la vitesse supérieure. Mercredi, la récolte de tomates pour l’Amap tourne au comique : là où on avait mis une heure la semaine dernière pour tout récolter, Fabrice met 4 heures à sortir tous les fruits mûrs des serres. Au total, on pèse 117 kg de tomates. Auxquelles s’ajoutent les « petites » récoltes de la fin de semaine (environ 40 kg). Bref, on assiste à une belle synchronisation des maturations, dans toutes les planches, sans doute due à une baisse généralisée du stress causé par les hautes températures… En tout cas, il était temps qu’on fasse baisser la charge en fruit des pieds : on sentait que la croissance et la nouaison était devenue difficile. Espérons que ça ne nous occasionne pas un creux dans la production plus tard…
Concrètement, que trouve-t-on dans les sachets de tomates de l’Amap et de la vente à la ferme ou sur l’étal du marché de Vichy ? Comme l’année dernière, on a cherché à brosser toute la palette des saveurs, des textures, des formes et des couleurs. Des rondes rouges (Previa et Saint-Pierre), oranges (Earl of Edgecomb) et roses (Rose de Berne) ; des cornues (Jersey Devil) et des striées (Green Zebra) ; et quelques originalités (Indigo, Kakao et Tonnelet). S’il ne fallait en essayer qu’une, Fabrice et moi serions d’accord pour vous conseiller la ronde orange ; cette variété originaire de Nouvelle-Zélande produit des fruits de beau calibre, très charnus, à la texture particulièrement douce, bien sucrés et très peu acides. Une merveille ! À Vichy, ce samedi, nos clients les plus anciens ont très rapidement vidé les caisses de Earl of Edgecomb, signe qu’eux aussi en ont gardé un bon souvenir !
Cette semaine, le jardin a croisé des revenants ! Camille et Aymeric, nos premiers wwoofeurs de l’année, sont de retour pour 3 jours. Officiellement, ils viennent pour récupérer un chaton mais on les croise dans les cultures où ils nous gratifient de leur bonne humeur, de leur humour et … de l’expérience qu’ils ont accumulé au cours des précédents wwoofings. Mardi, Adeline, qui a été wwoofeuse chez nous début juin, passe nous faire un petit coucou : elle est de nouveau wwoofeuse dans le coin, à la ferme de Layat, à Trézelles. Pour l’occasion, est accompagnée de Chloé, stagiaire à Layat. On est contents de montrer à tout ce petit monde qu’on a pris soin des cultures dans lesquelles ils sont intervenus ! Ridha, de son côté, profite de la fin de son stage pour participer à nos récoltes d’échalotes et d’oignons jaunes et s’extasie devant la taille de nos salades… Tu peux, Ridha, on est très fiers de nos Merveilles de Verano ! Merci à toi pour ton passage par chez nous et bonne chance pour tes démarches d’inscription en Bprea !
Nos wwoofeurs allemands du début du mois de juillet ont pris beaucoup de photos de notre jardin et de nos activités. Leurs clichés dépassent le simple cadre documentaire que peuvent avoir les nôtres. On y trouve notamment un émerveillement pour les fleurs de cucurbitacées (courgettes, pâtissons et courges), de jolis portraits de vos maraîchers (avec ou sans chat), de belles photos d’ensemble et des photos montrant les cultures avant et après la grêle. Ce témoignage visuel nous est précieux et nous souhaitions le partager avec vous.
Certes, on a flirté avec les 39°C, certes on a eu quelques dégâts dans les tomates (les plus foncées d’entre elles ont un peu cuit sur les pieds) mais rien de dramatique. Les bassinages réguliers en serre, aux heures les plus chaudes, permettent de réduire le stress et limitent la propagation des acariens. Mercredi, au moment où le mercure s’affole, coup de chance, un nuage d’orage se forme au sud ouest et vient masquer l’astre brûlant. Et jeudi, même scénario ! Bigre, on a du bol, cette fois ! Vendredi soir, l’orage éclate pour de bon et une pluie très dense arrose le jardin. Pas de grêle cette fois-ci, rien ne vient gâter le tableau. Samedi, la pluie met du temps à venir et reste très timide au final. N’empêche, toutes nos plantes ont déjà réagi à cette réhydratation des sols : nos courges envahissent joyeusement leurs bâches, les poireaux s’élancent fièrement vers le ciel, les fanes des carottes et des céleris prennent une jolie teinte vert-foncé. On sent que la sécheresse et la canicule avaient un peu mis nos cultures sur «pause».
On pense évidemment à nos collègues des environs dont les réserves en eau sont déjà épuisées et qui se demandent quels légumes ils doivent sauver… Notre puits tient le choc pour l’instant mais son épuisement plane sur notre saison telle une épée de Damoclès. Même si la quinzaine de millimètres de pluie de ce week-end nous offre un petit répit, rien n’est définitivement gagné. En plus de réserves d’eau suffisantes (jusqu’ici), il y a aussi deux choses qui nous aident à traverser la sécheresse plus sereinement qu’ailleurs : nos sols sont paillés et de nombreuses cultures de plein champ sont irriguées en goutte-à-goutte. En plus d’empêcher l’évaporation, la paille limite le réchauffement du sol et des parties aériennes de la plante, réduisant ainsi la transpiration des feuilles. Mieux encore, la paille nous permet de planter par n’importe quelle température ! Ainsi, cette semaine, on a mis en terre de la salade, des scaroles et des choux chinois. Bien sûr, il y a toujours quelques feuilles qui brûlent, mais au final, les taux de reprise sont toujours très élevés (supérieurs à 95%). Émettons une dernière hypothèse : est-ce que le fait d’avoir un sol vivant n’améliorait pas la résistance des plantes face à la chaleur ?
Tiens, une autre hypothèse : et si manger de bons légumes améliorait la capacité des êtres humains à résister à la canicule ? En tout cas, ça semble marcher pour nos petites mains de la semaine… On retrouve Ridha, notre stagiaire, qui entame avec un enthousiasme communicatif sa reconversion personnelle et professionnelle vers le maraîchage. Et on accueille un couple franco-anglais : Louise et Louis. Ces deux-là sont de passage en France et profitent de leur été pour filer un coup de main à un projet écolo tout en perfectionnant leurs connaissances en jardinage. Nous de notre côté, on réactive des bases d’anglais parfois un peu lointaines. Et on apprend que chardon se dit thistle en anglais et que c’est un des symboles officiels de l’Écosse. Ils sont fous ces écossais !
Deux semaines après la forte grêle qui nous a si sévèrement touchés, le jardin commence vraiment à retrouver le sourire ! Sur de nombreuses cultures, les feuilles abîmées sont remplacées par de nouvelles, les tiges cassées par des gourmands et les fruits impactés (courgettes, pâtissons) ont fait place à une nouvelle génération immaculée. Les haricots verts de plein champ sont en fleur, les haricots beurres s’élancent hardiment hors de leurs poquets, les betteraves et les céleris raves commencent à grossir, les fenouils bulbent et les poireaux d’été grandissent à vue d’œil. Côté salades, après avoir éliminé celles qui étaient trop avancées pour former un nouveau cœur, les séries suivantes prennent déjà le relais. Soyons clairs, on ne parle pas d’une reprise intégrale et sans conséquence de l’ensemble du champ mais la belle réactivité de nos plantes fait plaisir à voir et nous aide à poursuivre le travail !
D’ailleurs, côté travail, il y a des chantiers importants qui se terminent : les derniers poireaux sont en terre et les choux sont presque tous plantés. Côté choux, ce sont les brocolis, les choux fleurs et les choux kale qui nous ont beaucoup occupés cette semaine. À la manœuvre, on retrouve Pauline, notre vaillante stagiaire lycéenne, qui cède la place en fin de semaine à Ridha, qui fait un stage chez nous avant de se lancer dans une formation Bprea. Ridha nous confesse avoir beaucoup à apprendre mais son enthousiasme face à toutes les tâches qui lui sont confiées nous laisse à penser que le métier rentrera vite ! Mais finalement, la grosse surprise de la semaine, c’est notre nouvelle wwoofeuse : Bénédicte. Je (Denis) la croise pour la première fois mardi matin au petit déjeuner et c’est le choc : «zut, on se connaît, non» ? Et effectivement, il s’avère qu’on a chanté dans la même chorale à l’époque où j’habitais Aubervilliers ! Que le monde est petit… Bénédicte, c’est une wwoofeuse qui a déjà énormément pratiqué ; elle profite de sa retraite pour donner un coup de main à toutes les initiatives qui lui plaisent, grand jardin, exploitations maraîchères bio et même écovillage. Ses récits sont précieux et on reste captivés par son expérience. Et puis, il faut voir avec quelle énergie elle plante les choux, dans des conditions climatiques pourtant parfois éprouvantes ! Chapeau bas !
Dernière nouveauté de la semaine : nous avons enfin franchi le pas et nous allons au marché de Vichy toutes les semaines désormais ! On a estimé qu’on avait assez de marchandises et on a tenté notre chance. Les premières tomates cerise disparaissent à une vitesse hallucinante et nos clients ont fait honneur à ce petit évènement. Même les pâtissons sont partis comme des petits pains ! En somme une semaine vraiment positive ! En espérant que la canicule à venir et les orages qui suivront ne doucheront pas notre enthousiasme renaissant…
Et c’est bien dommage ! Parce que Terre de Ma’Lice, c’était LE magasin bio du coin (Dompierre) et qu’on y trouvait vraiment de tout : du frais, du vrac, des produits locaux, des produits d’entretien, cosmétiques, etc. On y allait aussi pour l’humour corrosif d’Olivier, le gérant, qui vous mettait autant de bonne humeur que sa délicieuse sélection de chocolat… Mais ça n’est pas seulement en tant que consommateurs que nous sommes tristes, c’est aussi parce que Terre de Ma’Lice était un acteur important pour le bio local. Cette fermeture nous interroge : à l’heure où les préoccupations écologiques ont pris une place importante dans le quotidien de nombre d’entre nous, comment se fait-il qu’une entreprise aussi indispensable qu’un magasin bio ne trouve-t-elle pas sa place ici, en Sologne Bourbonnaise ? Quoi qu’il en soit, nous tenons à remercier chaleureusement Olivier, Anne et toute la petite équipe qui l’entoure pour cette belle aventure. Olivier a déjà des projets pour rebondir et on suivra avec attention ce qu’il aura à proposer dans l’avenir.
Parenthèse refermée, retournons aux Grivauds. Où on s’était quitté sur une averse de grêle ravageuse. La consternation passée, on s’est remis au travail. D’abord contacter nos Amaps pour prévenir que les paniers à venir ne seront pas complets. Ensuite, tenter de réparer ce qui peut l’être : on épluche les blettes pour éviter que les feuilles abîmées ne viennent pourrir sur les cœurs. On prélève un maximum de fruits blessés sur les courgettes pour les forcer à redémarrer. Les salades ne sont plus vendables ? Qu’à cela ne tienne, on les désinstalle et on profite de la paille plutôt propre pour semer du haricot beurre en poquets. Et puis, on se remet à la plantation de choux, on récolte l’ail, on fait des bottes de carottes et de betteraves pour Vichy, etc. Bref, on ne lâche rien !
Drôle de période pour débuter un stage, c’est pourtant ce lundi que Pauline nous fait l’honneur de venir renforcer notre petite équipe pour 10 jours. Pauline est lycéenne, intéressée par le jardinage, la permaculture, l’écologie et elle a décidé de sacrifier une partie de ses grandes vacances pour faire un stage chez nous. Quand on vous dit que nos jeunes ne se tournent pas les pouces face à l’urgence écologique !… Jeudi matin, on dit au revoir à Ellen, notre wwoofeuse allemande, ainsi qu’à Florin et Marie ses deux enfants. Ellen nous a laissé quelques bonnes idées qu’on réutilisera par la suite, notamment pour ce qui est de la présentation des légumes à l’Amap ou sur le stand de Vichy. Danke schön ! Bis zum nächsten Mal…
On est samedi soir, il y a du monde aux Grivauds. Ellen et sa petite famille, nos wwoofeurs venus d’Allemagne, ont comploté avec Sandrine pour organiser un petit concert improvisé autour du piano. La soirée se termine tranquillement dans la mélancolie calme d’un morceau de Tiersen joué par Mathilde. Tout à coup, on entend toquer à notre fenêtre. Un rapide coup d’œil à travers la vitre et toute notre insouciance s’est envolée d’un seul coup : de beaux cailloux blancs viennent s’abattre bruyamment sur le perron. Un vent violent vient brasser l’air encore très chaud de cette fin de soirée, rendant le paysage complètement chaotique. Je cherche des yeux Fabrice : je le retrouve dans le garage, en train de gérer un début d’inondation. Il faut dire que dehors, ça ne fait pas semblant : en une demi-heure, on prend quasiment 40mm d’eau.
Le lendemain main, on mesure l’ampleur des dégâts dans le champ. La grêle a méticuleusement cassé, broyé, écrasé les feuilles, les tiges et les fruits. Aucune plante ne peut se targuer d’avoir entièrement résisté à la violence du phénomène mais il y a des cultures qui s’en remettront mieux que d’autres. On tire une croix sur nos salades (il y en environ 1200 dans notre champ en ce moment) et sur nos blettes. Nos courges s’en remettront très difficilement, c’est certain. Pour le reste, tout dépendra de la capacité des plantes à se redresser et à remettre de nouvelles feuilles. Parmi les dégâts, il faudra aussi tenir compte de l’impact que cette catastrophe aura sur notre moral et notre fatigue. Pour résumer : nous n’avions pas besoin de ça.
La grêle jette un froid sur une semaine qui avait pourtant plutôt bien commencé ! On paille (salades et poireaux), on plante, on désherbe et on récolte joyeusement. Ellen et Marie (sa fille) m’accompagnent mercredi à l’Amap et nos clients s’attardent pour échanger quelques mots en français avec elles. Marie prononce désormais le nom de plusieurs légumes à la perfection. Vendredi, on mange nos premières tomates (enfin !!!). Pour l’occasion, Laurence, notre stagiaire de cette année, est là aussi. Elle vient fêter d’obtention de son BPREA (encore toutes nos félicitations, Laurence !). Martin, le mari d’Ellen nous a rejoints dès lundi et ses dons de cuisinier font des merveilles avec nos légumes. Pour ne rien gâcher, il nous fait profiter de ses talents de pianiste.
On se concentre maintenant sur la suite des choses : voir avec les amapiens comment gérer la crise et terminer les implantations des légumes d’hiver (choux et poireaux notamment). Il faudra plus qu’une grêle pour nous abattre, soyez-en sûrs !
On a une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer. On commence par laquelle ? La bonne ? Eh bien, figurez-vous qu’il y a enfin des tomates qui changent de couleur sur nos pieds ! Bon, pour l’instant, c’est plutôt une dizaine de courageuses et comme ça fait très peu, on se résoudra, la mort dans l’âme, à les manger nous-mêmes. Les autres devraient suivre dans la foulée. Alors, oui, la saison est tranquillement en retard de deux semaines, conséquence d’un printemps particulièrement froid. Mais, il y a quand même un peu d’été dans nos paniers : les premiers haricots, les premiers aulx, des courgettes, etc. Et notre stand sur le marché de Vichy a vraiment fière allure : fèves, petits pois, blettes blanches et jaunes, courgettes multicolores, carottes, betteraves, oignons, ail, persil. Sans oublier le grand retour de la Merveille de Verano, notre batavia rouge d’été et l’arrivée des imposantes cressonnettes du Maroc.
La mauvaise nouvelle ? C’est qu’on a une serre (la serre nº4 si vous voulez tout savoir) qui se fait envahir d’acariens rouges, les fameux Tétraniques tisserands (Tetranychus urticae). Ça a commencé d’abord dans les aubergines et on a essayé de contenir l’invasion en bassinant (aspersions courtes) très régulièrement les plantations. Et puis, les concombres ont commencé à blanchir et on n’a pas compris qu’il s’agissait de la même bestiole. Et au final, on commence même à avoir des dégâts dans les haricots à rame. Figurez-vous que ces acariens adorent les fortes températures et la sécheresse… Du coup, la canicule les fait ricaner et nous, on grince des dents en voyant les plantes dépérir. Pour les concombres, on se résout à planter une deuxième série dans une autre serre, histoire de couvrir la fin de la saison. Par contre, pour les aubergines, on est très pessimistes…
Côté wwoofeur, Charlotte nous tire sa révérence mercredi, après quelques magnifiques récoltes… de doryphores ! Et dans la foulée, on reçoit Ellen et ses enfants, Florin et Marie. C’est la première fois qu’on reçoit des wwoofeurs d’un autre pays ! Tous les trois viennent d’Allemagne (Berlin). Ellen et Florin parlent un peu français et quelque chose me dit que Marie ne tardera pas à saisir rapidement quelques brides de nos conversations… Ellen nous accompagne dans nos tâches (récoltes, préparation des paniers, palissage des tomates, etc.) avec une belle vaillance. Samedi, elle règle son réveil sur 5h00 du matin pour emmener sa tribu sur le marché de Vichy pour voir comment se passe l’ambiance côté coulisses. Quand on vous dit qu’on est gâtés avec nos petites mains aux Grivauds !…
Le chou, aux Grivauds, on y tient ! Quand on les réussit, on en est très fiers et nos clients nous en redemandent. On en fait de plein de variétés différentes, histoire de varier les plaisirs : des choux cabus blancs et rouges, des choux de Milan (dont le fameux chou violet de Pontoise), des choux de Bruxelles, sans oublier les choux-fleurs et les brocolis. En tant que jardiniers, on admire le port majestueux de la plante, avec ses immenses feuilles basales encadrant la pomme ou la fleur. Et puis, on ne se l’avoue pas, mais il y a toujours un peu du défi à réussir ses choux : c’est un légume exigeant, soumis à une grande variété de parasites (altises, punaises, charançons, noctuelles, piérides, etc.) et de maladies (dont la hernie du chou, dont nous avons déjà fait les frais il y a deux ans). On rajoute à ça le fait que la plantation demande un soin particulier car toute la motte doit être enterrée, ainsi qu’une partie de la tige. Je vous laisse imaginer ce que ça demande comme travail dans nos sols non travaillés…
Cette année, on a une contrainte particulière : la plantation de nos choux d’hiver aura entièrement lieu sur bâche tissée. Pour une raison très prosaïque : on n’a plus de bandes de culture suffisamment propres pour planter sous la paille. Pour les choux fraîchement installés, c’est la première semaine qui est la plus dure : il faut qu’ils résistent aux limaces, à la chaleur, aux U.V., aux brûlures provoquées par la bâche elle-même (qui est toujours de couleur sombre). Cette année, on a choisi d’acheter quelques centaines de collerettes en jute pour limiter les brûlures. Grand bien nous en a pris, à peine on avait commencé à installer nos choux qu’on nous annonçait la canicule de la semaine prochaine… Dès lundi prochain, on envisage même de cacher nos 400 premiers choux sous de vieilles cagettes pour les ombrager un peu… En attendant, on apprécie le fait que le filet anti-insecte (qu’on utilise pour les protéger des altises) soit un peu brillant : si ça peut éviter que la bâche ne chauffe trop. Peut-être que tout ça ne suffira pas mais on pourra au moins se dire une chose : on se sera donné un maximum de chance pour réussir nos choux cette année !
On a progressé pour nos plantations de choux mais pas seulement. Tiens, une journée symptomatique de notre capacité à réagir vite et bien : celle de samedi. Le matin, on se demande comment nos plants de melon (déjà bien avancés) vont survivre à la canicule. Il est prévu qu’on les plante en serre 5, là où il reste encore quelques oignons nouveaux. Dans la matinée on se décide à tout récolter. On trie ceux qui ont commencé à sécher et ceux qui peuvent encore être vendus comme oignons nouveaux. On nettoie rapidement la planche (un peu de liseron, un peu de potentilles) et on se rend compte que le reliquat de paille est trop faible pour contenir la digitaire et la renouée persicaire. La digitaire, c’est le genre de graminée tropicale à affronter la canicule en ricanant… On ne tergiverse pas et on se décide à re-pailler la bande. À 15h, c’est terminé et la plantation des melons commence.
Ça nous fait encore des journées bien chargées et Charlotte, notre valeureuse wwoofeuse, nous y accompagne avec une énergie et une patience salutaires. Il faut voir avec quelle attention elle plante les choux ou récolte les doryphores dans les pommes de terre ! On est à peine surpris quand elle nous raconte qu’elle fait des nuits de 10h de sommeil. Qu’on ne vienne pas nous raconter que les jeunes sont devenus fainéants… Les deux derniers jours, on retrouve Yannick, le frère de Fabrice qui adore venir nous filer un coup de main chaque fois qu’il vient visiter le jardin.