Aurons-nous des courges qui sentiront la flouve ou la menthe ?…

Bon, d’accord, il y a des zones où même la tarière a du mal à entrer (à cause des racines de graminée)… À la manœuvre : Laura, notre wwoofeuse du moment.

Les courges, ça a un peu été un de nos grands succès de l’année passée. Alors on réitère quasiment à l’identique : une culture sur bâche, irriguée en goutte-à-goutte, sur un sol très enherbé. Le morceau de la parcelle qu’on a choisi pour cette année est très riche en longues graminées, déjà en fleurs : de la houlque laineuse, des fétuques élevées, des crételles, dactyles, vulpins et autres bromes… Avant la pose des bâches, la végétation est broyée et vaut pour engrais vert. En creusant le sol pour y installer les plants, on tombe parfois sur des racines aux fragrances prononcées : celles de la menthe ou de la flouve odorante en particulier.

Un bihoreau chasse des tritons dans notre mare !

À la manœuvre, Laura, notre wwoofeuse du moment, et Laurence, qui fait son retour au jardin pour son avant-dernier stage. Laura est animatrice en environnement et développement durable et vient aux Grivauds avec l’envie d’élargir ses connaissances en jardinage et en biodiversité. La période est bien choisie : notre faune et notre flore se sont considérablement étoffées avec l’arrivée des premiers beaux jours de printemps. Les floraisons se multiplient, les libellules sortent pour leurs premiers ballets et un bihoreau s’est même installé sur notre petite mare.

Première récolte de courgettes. Pas de quoi faire une distribution d’Amap mais ça va venir !

Mercredi, la première distribution d’Amap de cette nouvelle saison nous a permis de dégainer nos carottes nouvelles, de préparer de belles bottes d’oignons nouveaux, quelques jolies salades de plein champ, du persil et des pommes de terre. C’est encore timide mais ça va aller en s’étoffant, c’est promis ! Signe que la météo est plus clémente : on mange nos premières courgettes et on s’oblige à palisser en urgence les tomates qui ont bien poussé ces derniers jours !…

À la semaine prochaine !

Avant la reprise des Amaps, faisons le point !

Il commence à y avoir du monde dans notre champ !

Ça fait longtemps qu’on ne vous avait pas fait faire un petit tour des plantations, alors allons-y ! Ceux qui nous suivent régulièrement savent qu’on a eu ici un printemps un peu «Rock and Roll», avec une météo hostile qu’on peut résumer en trois points : du froid, du vent, du sec. Le sec, on commence à avoir l’habitude et on sait faire. Le vent, c’est déjà beaucoup plus pénible : les bâches et les voiles ne tiennent pas en place, la paille s’envole avant qu’on la dépose au sol et nous, on tangue sous les rafales… Le froid, on l’a déjà dit, c’est le pire pour nous ! Sous la paille, nos sols se réchauffent lentement et les risques de gelées blanches sont décuplés, même en serre. La dernière gelée a eu lieu le 16 mai et elle nous a grillé quelques feuilles de courgettes et de pommes de terre. Le jardin dans son ensemble tourne au ralenti et ça nous attriste un peu ! Mais, pour autant, n’y a-t-il donc rien à sauver de ce printemps 2019 ?

Admettons-le : en serre, ça pousse !

Mais si, bien sûr ! D’abord, commençons par nous jeter quelques fleurs : on a quand même vachement bien bossé ! Le plan de culture, les gestes qui se fluidifient, la nouvelle serre à plants, les wwoofeurs qui débarquent plus tôt que l’année dernière, l’amélioration de notre technique de paillage, tout ça mis bout à bout fait qu’on gagne beaucoup de temps et qu’on arrive à planter plus rapidement. Les plants sont souvent plus jeunes lorsqu’on les met en terre, ce qui est une bonne chose pour la reprise. Mi-mai, tous nos légumes d’été sont déjà en place (concombres, haricots à rame, tomates, aubergines et poivrons) et certains sont bien plus développés que l’année dernière à la même date (malgré le froid) : c’est le cas de la première série de tomates (du moins, les pieds qui ont survécu aux différentes vagues de gel), des haricots, des choux et des pommes de terre nouvelles. De manière générale, dans nos serres, ça ne se passe pas si mal que ça. Mais admettez que c’est rageant de ne compter que 11 tomates formées sur 750 pieds… Derniers points sur lequel on a fait des progrès : la gestion de l’enherbement. Il y a de nombreuses planches en serre qui ont été désherbées à 100% et sur lesquelles il n’y aura plus qu’à gérer le liseron et les chardons. Le champ finira un jour par être propre, à force d’alterner les occultations et les cultures.

Les courgettes sont enfin paillées !

Alors, que trouvera-t-on dans les paniers dans les semaines à venir ? Des carottes nouvelles, des radis, des oignons nouveaux, des pommes de terre,(pas encore nouvelles), des salades et du persil. Ensuite, viendront les petits pois, les choux pointus, les betteraves et les pommes de terre nouvelles. Et les courgettes ? C’est difficile à dire. Actuellement, elles sont au stade où elles forment des mini-courgettes qui ne grossissent pas mais ça peut se décanter du jour au lendemain. Pour les tomates, c’est sûr que ce sera encore plus tardif que l’année dernière : la nouaison commence seulement maintenant… Patience, il paraît que c’est dans les maturations les plus longues que se forment le plus de vitamines et de sucre. Oui, on se console comme on peut…

À la semaine prochaine !

Ces choux qui prouvent qu’on a su «rester jardinier»

Note : Notre appareil photo est cassé, ce qui explique qu’il y ait un peu moins d’illustrations que d’habitude. Du coup, j’en profite pour divaguer un peu et on refera le point sur l’avancement du jardin la semaine prochaine, d’accord ?

Euphorbe Épurge au milieu des fraisiers

Au milieu de notre planche de fraisiers trône une plante énigmatique, à la fois étrangement familière et terriblement exotique. Imaginez une grosse tige bien érigée, de laquelle partent des feuilles longues, fines et rigides, disposées horizontalement selon deux axes perpendiculaires. À environ un mètre du sol, la tige se ramifie enfin pour porter de longues tiges florales rigides. L’ensemble arbore des couleurs tirant tantôt sur le vert bleuté, tantôt sur le violacé et répond au nom d’Euphorbe Épurge. Il s’agit d’une plante plutôt commune par chez nous et ça n’est pas sa rareté qui nous a poussé à ne pas la couper lors de nos désherbages. Mais il faut croire qu’on s’est un peu senti intimidés par son port si impétueux et qu’on sentait nos fraisiers bien à l’abri sous ce grand phare naturel. Allez savoir…

Deux choux cabus au milieu des tomates cerises

Il y a quelques semaines de ça, Jacques, notre propriétaire, est passé nous rendre visite. Pendant que je lui montrais nos tomates cerises fraîchement plantées, il s’étonnait de la présence de deux gros choux en plein milieu de la planche. Depuis qu’on ne travaille plus nos sols, ça arrive fréquemment qu’après récolte, quelques individus de la culture précédente tentent leur chance à partir de leurs réserves racinaires et refont une plante, qui, parfois, est parfaitement viable. On se souvient, l’année dernière, de récoltes de mesclun faites à partir de mini-salades repoussées sur un collet déjà coupé, de fenouils petits mais bien ronds ou de blettes qui redémarrent l’année suivante, comme si de rien n’était ! Dans le cas de ces choux, on les a vu pousser très tôt (février) et avec une belle vigueur. Leurs racines datent de l’année dernière et ont tranquillement attendu la fin de l’hiver pour s’exprimer de nouveau. On s’attendait à ce qu’ils montent rapidement en fleur mais on en a laissé deux se développer par curiosité. Deux mois après, ils étaient toujours là et on n’a pas eu le cœur de les désinstaller au moment de la plantation des tomates cerises. Actuellement, ils terminent de pommer et il manque peu avant qu’on les déguste. Ça nous changera des blettes… Jacques m’a alors fait la réflexion suivante : «c’est à ça qu’on voit que vous avez su rester jardiniers». C’est la même logique qui a fait qu’une matricaire quasiment en fleurs a survécu au désherbage des tomates de ces derniers jours… Mais si ! Vous savez, cette plante dont les fleurs ont une odeur de pomme !…

Parfois, quand on lève les yeux, c’est pour constater qu’un tourbillon est en train d’embarquer le voile de culture de nos épinards…

Notre part «maraîcher» s’exprime dans nos gestes du quotidien, dans nos plantations, dans nos récoltes ou lorsqu’on râle parce que la météo fait des siennes. Alors que notre part «jardinier» nous fait planter des fleurs à toutes nos entrées de serre, nous fait lever le nez lorsqu’un papillon volette dans les parages et nous pousse à épargner certaines adventices au moment d’un désherbage ou d’une plantation. Au motif que ça fera des fleurs pour les abeilles. Ou que la plante est rare. Ou qu’elle est belle… Nous cultivons ces deux facettes de notre activité, qui se complètent l’une l’autre et qui nous permettent de nous sentir à la fois productifs et en harmonie avec notre écosystème.

À la semaine prochaine !

Un printemps qui noue les gorges mais pas les tomates

«Fabrice, t’es où ?» – «Je désherbe les courgettes.» – «Ah zut, on était dans la même serre mais je ne t’avais pas vu…»

Chaque saison a ses avantages et ses défauts. En hiver, on a hâte que les journées s’allongent, que les températures remontent, que les arbres aient à nouveau des feuilles et que le jardin se repeuple d’oiseaux et de fleurs. Par contre, on a quand même pas mal de légumes à vendre et à se mettre sous la dent. Lorsque le printemps est là, c’est tout de suite la course : on plante et on sème à tour de bras pour avoir un maximum de légumes le plus tôt possible. Parce que c’est un paradoxe des climats tempérés : c’est souvent au printemps qu’on trouve le moins de légumes… Des salades, des radis et des blettes pour résumer. Les légumes «nouveaux» (carottes, navets, oignons) arrivent au compte-goutte et aident à patienter en attendant les légumes d’été. Et c’est là que le bât blesse pour nous cette année : nos légumes d’été prennent du retard et nos légumes nouveaux ne sont pas toujours au rendez-vous… Il y a sans doute une part de responsabilité qu’il faudra nous imputer : certains de nos itinéraires techniques sont perfectibles (trop de paille sur les fèves, pas assez de voiles thermiques en plein champ, une bande trop tassée pour les carottes sous serres, etc.). Mais ça ne nous empêchera pas de râler contre notre ennemi du moment : le froid !

Ça, des fleurs, on en a !…

On lui doit quelques échecs de culture, comme cette jolie vernalisation des navets nouveaux sous serre, qui se sont mis à monter à la première après-midi un peu chaude. On lui doit des retards dans nos planches : les fèves stagnent, les épinards de plein champ poussotent (oui, c’est le terme technique consacré), les planches de salade se rattrapent et donnent toutes en même temps… On lui doit de beaux dégâts dans les premières plantations de légumes d’été : on se souvient du gel dans les tomates, les courgettes et les haricots. On lui doit d’avoir repoussé plusieurs implantations, pour cause de vague de gel, nous faisant perdre toute espoir de précocité sur les tomates cerise (par exemple). On lui doit de perdre du temps un 4 mai à couvrir toutes les cultures gélives parce qu’on nous annonce à nouveau trois matinées de gel successives. Mais ce qui est le plus impardonnable, c’est que les matinées froides nous privent de nos premières nouaisons de tomates ! Pourtant, on a des fleurs partout et on les secoue vers midi tous les jours, scrupuleusement. Mais, on ne voit toujours rien venir…

340 choux-raves fraîchement plantés : j’espère que vous connaissez quelques recettes…

Ne vous méprenez pas : on ne reste pas assis au milieu du jardin, les bras croisés en attendant que le flux de nord s’inverse ! On se démène de tous les côtés pour préparer l’été en espérant qu’un tel déferlement d’énergie finira par inspirer nos courgettes et les faire fleurir… On paille, on plante (des aubergines, des choux raves, des betteraves et de la salade), on désherbe (notamment en serre), on sème des carottes et des radis. Jamais notre ÉcoJardin n’aura vu autant de légumes en terre à la même date ! Si tout ça finit par donner, ça nous consolera de ce printemps interminable…

Tiens, et si on finissait par une bonne nouvelle ? Vous vous souvenez que Fabrice était sous le coup d’un remboursement partiel de sa DJA (Dotation Jeune Agriculteur) ? Fabrice avait alors envoyé à la DDT une longue lettre pour défendre sa cause, assortie de nombreuses pièces annexes, pour montrer qu’il n’avait pas passé les 5 premières années de son installation à jouer de la guitare en sirotant des Piña Coladas les doigts de pied en éventail au milieu du jardin. Finalement, après 5 mois de silence radio, il apprend par courrier que rien ne lui sera réclamé : on lui reconnaît des «circonstances exceptionnelles». Je ne sais pas pour vous, mais moi je vais aller fêter ça en me cuisinant une bonne soupe de blettes !

À la semaine prochaine !

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