«C’est calme pour vous en ce moment, non ?» Ça, c’est une phrase qu’on a beaucoup entendu ce mois-ci. C’est censé nous consoler de vivre une des périodes les plus humides de toute l’histoire des Grivauds, de patauger dans nos chemins, de devoir creuser des fossés en urgence pour vider le bas de la parcelle de plein champ… Quand vous dîtes «c’est calme», vous évoquez les semis et les plantations, je suppose. Et là, désolés de vous contredire, mais non ! ça n’est pas calme en ce moment ! On sème beaucoup beaucoup, à tel point que la serre à plants est quasiment saturée. En serre, on n’a pas cessé de planter de tout l’hiver : de la salade et de la mâche essentiellement. Mais là, on se prépare à passer aux choses sérieuses dans les semaines qui viennent : petits pois à ramer, choux, oignons nouveaux, navets nouveaux, etc. Et toujours de la salade et encore de la salade ! Semaine après semaine, on suit tranquillement notre planning de semis. On se place dans l’onglet «tâches» de Qrop et les semis et plantations de la semaine s’affichent. Cette sérénité, on la doit à de longues journées passées devant l’écran pendant le mois de décembre : on sait constamment quoi semer et en quelle quantité et sur quelle planche la série sera implantée. En choisissant d’afficher les plantations des semaines suivantes, on voit très rapidement quelles seront les prochaines buttes à nettoyer, pailler, fertiliser, etc. En ce moment, on a clairement l’impression d’avoir sans cesse un coup d’avance et c’est très agréable !
Zoomons les deux plus gros semis de la période. On ne retrouve pas ces deux séries chez tous les maraîchers : ils correspondent à un choix que nous effectuons pour tenir compte d’un contexte cultural particulier. D’abord, parlons des petits pois. Oui, on sème nos petits pois en mottes[1]mottes carrées de 3,5cm, ce qui est une pratique relativement hétérodoxe. On a fait ce choix l’année dernière pour résoudre un double problème. 1) Nos sols sont trop froids pour une levée rapide en février. Résultat, la levée est fractionnée, beaucoup de graines pourrissent dans le sol et la précocité n’est pas franchement au rendez-vous. 2) En semis direct, pendant la germination, les semences intéressent énormément les mulots et on peut se retrouver avec de longues zones (jusqu’à un mètre de long) sans aucun plant. Alors, d’accord, «semis en motte + repiquage», c’est un itinéraire technique bien plus laborieux que ce qui se fait ailleurs mais on assume ! Si vous voulez vous convaincre de l’efficacité du procédé, allez donc jeter un coup d’œil sur les articles de l’année dernière (à partir de février) : on n’a pas cessé de prendre nos petits pois en photos tellement ils étaient beaux ! Ensuite, la deuxième grosse série de semis, ce sont nos oignons rouges. Allez comprendre pourquoi mais les bulbilles d’oignons rouges réagissent très mal chez nous. En particulier, ils ont une très forte tendance à vouloir fleurir en fin de printemps. Certes, il n’est pas trop tard pour former de nouveaux bulbes en supprimant les tiges florales quand elles sont encore jeunes. Mais c’est un travail de titan à un moment où on a d’autres chats à fouetter (rendors-toi Mi-Roux, on ne parle pas de toi, non ne marche pas sur les plants, NON, aaaaaaarrrggghhhh, trop tard). En semant en janvier, on empêche les oignons d’être tentés de fleurir (on rappelle en passant que les oignons sont bisannuels). Là encore, semer en motte et planter en plein champ, c’est bien plus laborieux que de poser des bulbilles par terre (oui, en temps normal, une plantation d’oignons sur sol vivant, ça se limite à ça). Ce choix, que nous faisons en toute connaissance de cause, a une deuxième conséquence intéressante : l’oignon ainsi produit (à partir d’un semis de l’année) semble se conserver plus longtemps que l’oignon issu de bulbille.
Dans la même période, on a les yeux braqués sur nos épinards. Ils semblent enfin démarrer correctement, au profit du retour de la douceur. La prochaine coupe pourrait avoir lieu la semaine prochaine, pour la plus grande joie de nos amapiens qui trépignent d’impatience. En fin de semaine, Fabrice se lance dans la désinstallation de bâches d’occultation dans notre plein champ : c’est qu’un petit évènement se prépare aux Grivauds. Saurez-vous deviner lequel ?
À la semaine prochaine !
References
↑1 | mottes carrées de 3,5cm |
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