Mercredi, La Montagne titre en une «Gardons notre calme !». Nous, c’est exactement ce qu’on se dit tous les jours lorsqu’on voit Mi-Roux marcher dans les caisses de plants ou s’allonger sur les oignons fraîchement repiqués. C’est ce qu’on a essayé de se dire aussi mercredi soir quand la boite de vitesse de notre vieux camion rouge a rendu l’âme… Ah mais non, dans le journal, ils font référence au Coronavirus, pardon ! Ce sont les mêmes qui appellent à garder notre sang-froid alors que ça fait des jours que toutes leurs unes font monter la mayonnaise. Marrant d’ailleurs comment on a l’inquiétude sélective. Un virus ressemblant à une méchante grippe suffit à coller tout le monde en état d’alerte et de grosses mesures de précaution sont prises. Par contre, le réchauffement climatique, ça va ! Depuis le 5 mars, la France vit à «découvert climatique», c’est-à-dire qu’elle a déjà émis plus de CO2 en 9 semaines qu’elle ne devrait le faire en un an si elle voulait respecter ses objectifs de neutralité carbone. À mon humble avis, il est bien plus probable de vivre de longues canicules/sécheresses/incendies dans les années à venir que d’attraper le Coronavirus. Mais pendant ce temps-là, les camions continuent à sillonner la France et les avions décollent (il paraît même que certains volent à vide). Cherchez pas, c’est compliqué. Comble du comble, on nous prive de nos rares sorties : le concert de la fanfare et de la chorale est annulé. Il va falloir donc arrêter de vivre pour survivre…
C’est dommage que La Montagne ait titré sur l’épidémie ce jour-là, parce qu’ils avaient tout de même du contenu intéressant en pages 2 et 3 : un bel article sur l’agriculture de conservation dans l’Allier ! Avec un carabe en photo ! Et des gens qui vous expliquent que c’est une bonne idée de «laisser le sol tranquille», que ça leur permet de diminuer leur bilan carbone et de réduire leur consommation de produits phyto. On nous explique même qu’un ravageur comme la méligèthe (parasite du colza) peut aussi être un auxiliaire pollinisateur. Bigre ! Des insectes qui seraient tantôt méchants tantôt sympas, ça existe donc ? Un peu plus et on serait capable de nous dire du bien des limaces… Bon d’accord, l’agriculture de conservation utilise aussi pas mal de glyphosate. Dans ses conférences, François Mulet (un des pionniers du MSV en France) aime bien demander à l’assistance : «qu’est-ce qui pollue le plus ? Un coup de glypho ou un coup de charrue ?» Cherchez pas, c’est compliqué (bis).
Bon, nous, on a tranché : ce sera ni l’un ni l’autre. Mais des fois, ça s’enherbe un peu, même malgré la paille. Alors, on intervient, soit manuellement, soit par occultation (on met une bâche sur le sol). Impossible sur une grande culture de procéder ainsi, c’est pour cela que vous ne trouverez quasiment aucun paysan qui soit à la fois en agriculture de conservation et en bio… Ça viendra peut-être plus tard, souhaitons-le. Revenons à nos cultures. Dans notre champ, les planches occultées en 2018 sont encore plutôt propres. On en nettoie une rapidement (un peu de renoncule, un peu de carex, un peu de pissenlit), on la paille et hop ! c’est prêt pour notre première plantation de plein champ de l’année ! À la manœuvre, nos deux premiers wwoofeurs de la saison : Denis et Cécile. Tous les deux sont en démarche d’installation et se forment en attendant le grand saut. Solides jardiniers, ils ont déjà beaucoup de connaissances et on échange autour de nombreux sujets. Mine de rien, on a planté pas mal de choses ensemble : des fenouils, des brocolis, des choux-fleurs, des choux-rouges, des salades et des épinards. Ils ont goûté aux joies du paillage en plein champ, sans sourciller – on sent qu’on a affaire à des sportifs. Les pignons des serres 6 et 7 sont montés, les derniers radis sous serre sont semés, les rhubarbes sont plantées ; bref, une semaine bien productive, encore une fois !
À la semaine prochaine !