Choux et courges, de nouveau au centre de votre cuisine

Au centre, une série d’aubergines en cours de désinstallation. Admettez que nos salades ont de toute façon meilleure allure.

Il y a quelques semaines encore, quand on plantait une série de salades à côté d’une planche d’aubergines, on sentait que ces dernières toisaient les frêles rosettes de leurs gros yeux noirs d’une façon particulièrement narquoise. Ces grandes plantes abritaient encore toute la vigueur d’un été chaud et lumineux. Nos tomates ont donné généreusement quelques 80 kg de fruits par semaine jusqu’à début novembre. Et, comme on vous le racontait précédemment, ces mêmes tomates sont venues concurrencer nos courges et nos brocolis sur notre propre étal, ce qui est un comble ! Mais, maintenant, il semblerait que l’été indien soit enfin terminé. Désormais, une modeste plantation de mâche, avec ses belles lignes vertes et vigoureuses, suffit à détourner notre attention des concombres, aux feuilles déjà bien marron. Et ça tombe bien, parce qu’on a accéléré le rythme de désinstallation des légumes d’été, afin d’installer les dernières séries de légumes-feuilles d’hiver : épinard, mesclun, mâche, salade, etc.

Paradoxe de cet automne : nos choux verts sont arrivés bien plus tôt que d’habitude, à un moment où personne n’en voulait. Maintenant que les aubergines désertent notre stand, la première vague de choux frisés est déjà en train de monter et la série de choux-fleurs d’automne est derrière nous. Heureusement, il y a des légumes qui vous ont attendu gentiment : nos choux blancs (particulièrement réussis cette année !), nos poireaux et nos courges. Il va donc falloir réviser nos classiques et réhabiliter au plus vite les légumes d’automne. Est-ce qu’il y a lieu de s’en attrister ? Je ne crois pas ! Pour preuve, cette semaine, chez moi, on se prépare à déguster une série de burgers au steak de potimarron. Et la semaine précédente s’est conclue sur un magnifique plat de frites de patate douce au four. Pour ce qui est du chou et des légumes-racines, si vous vous lassez d’alterner entre crudités et sautés de légumes[1]Ah non, n’allez pas me dire que vous ne mettez vos navets que dans des soupes, hein ! Sinon, je vous renvoie sur notre article sur le légume en question : «Jamais sans mes navets», sachez que la lacto-fermentation est une alternative ludique et savoureuse pour votre apéritifs et vos salades d’hiver. D’ailleurs, je sors tout juste d’une journée de formation sur la lacto-fermentation et ça me démange de vous raconter tout ce que j’y ai appris. Mais comme ça sort un peu du thème de ce blog, je n’ose pas trop m’étendre sur le sujet… À moins que vous ne me le réclamiez…

Claire et Claire (cliquer pour agrandir)

Qui a planté des épinards à nos côtés cette semaine ? Claire et Claire ! La première, c’est la fameuse wwoofeuse éleveuse de mantes religieuses. La deuxième, c’est notre stagiaire BPREA du moment. Elle est issue de la formation Pratiques paysannes, organisée par la dASA, le Crefad Auvergne et le Cfppa de l’Allier. C’est la deuxième fois qu’on reçoit des stagiaires issus de cette formation de très bonne qualité. Claire, en plus d’apprendre vite le métier, est déjà spécialiste en onomatopées. On ne sait pas encore à quoi ça va lui servir mais, comme c’est très amusant, pour le moment, on laisse faire.

À la prochaine !

Denis

References

References
1 Ah non, n’allez pas me dire que vous ne mettez vos navets que dans des soupes, hein ! Sinon, je vous renvoie sur notre article sur le légume en question : «Jamais sans mes navets»

Les corps fatigués

On récolte les tomates avec des petites caisses. Puis, on conditionne dans des caisses plus grandes pour le marché de Vichy.

On a changé d’heure. Pour nous, la journée s’arrête désormais à 17h00. Un peu comme tout le monde, finalement. L’occasion de souffler, de retrouver du temps à consacrer à ses proches, à ses loisirs. À la musique, à la lecture, au tricot. Aux papoti-papota avec les ami·es. Du coup, on devrait être moins fatigués que pendant l’été, c’est mathématique. Alors, d’où ça vient cette petite raideur au bas du dos que je sens ce matin, pendant que nous faisons quelques étirements sur le parking du marché de Vichy ? Je n’ai pas à chercher beaucoup dans ma mémoire : la veille, j’ai beaucoup porté. Des caisses et des caisses et des caisses. Pendant qu’on récolte, la caisse se remplit. Puis, il faut la porter pour la poser sur la brouette. Ensuite, il faut décharger la caisse à la station de lavage pour mouiller le légume. Puis, la replacer sur la brouette. Après ça, on la dépose soit dans le camion, soit dans la chambre froide. Souvent, il faut transvaser la caisse de récolte dans une caisse de conditionnement (nos fameuses caisses vertes pliantes, si pratiques sur le marché). Le lendemain, on sort la caisse verte du camion. Elle transite sur un charriot et se retrouve finalement déchargée sur le stand. Vous imaginez le nombre de manipulations pour une simple caisse de blettes ? On n’a jamais compté le nombre de caisses qu’on emmène à Vichy. Parce que ça fait peur…

Des choux Romanesco fraîchement récoltés. À partir de ce moment-là, un long voyage commence pour eux…

Cette semaine, il y avait un facteur de fatigue supplémentaire. Depuis quelques jours, Fabrice est de nouveau attaqué par un vilain covid, qui le cloue au lit. Alors, en plus des caisses, il faut porter toute la charge mentale. Ne rien oublier, ni aucune récolte, ni aucune commande, ni aucune caisse dans la chambre froide. Jeter un œil à chaque légume récolté. Veiller à ne pas prendre de retard sur le planning pour avoir le temps de tout cueillir avant la nuit. Les petites mains qui m’assistent demandent très peu d’encadrement et c’est une chance ! Laurence est là depuis deux semaines et a déjà participé à toutes les récoltes (ou presque). Claire est une grande habituée des fermes maraîchères (et des Grivauds en particulier). Et puis, vendredi, on a été rejoint·es par Nel. Nel, qui nous connaît par cœur et qui partage notre exigence pour le légume soigneusement pomponné.

Nel me raconte ses derniers stages. Elle me parle de transpalettes, de diables, de rails de chargement. De chambres froides si grandes qu’on peut y stocker des palettes entières. «Ne pas porter», est-ce que c’est ça le Graal du fameux «moins de gestes – plus de gestes» ? Peut-être bien. S’il n’est pas possible pour nous de couler une grande dalle de béton devant la bergerie pour imiter ce genre d’espace de stockage, on a toujours cherché à alléger nos journées. Par exemple, en adaptant les volumes des caisses à leur contenu (plus le légume est dense et moins on en met). Par exemple, en s’obligeant à plier les genoux chaque fois qu’on vient récupérer une caisse posée au sol. Par exemple, en organisant des espaces en hauteur (à main) pour y déposer les caisses de récolte, sans avoir à se baisser.

Les salades, c’est léger, alors on peut les mettre dans une grande caisse. Et si la caisse est posée en hauteur, alors il faut moins d’effort pour la récupérer. Du bon sens qui nécessite quelques piles de palettes pour pouvoir être mis en œuvre.

Les stagiaires ont l’habitude de m’entendre les reprendre sur leur posture. «Pas en extension» – «Jamais d’efforts quand on est penchés» – «Varier la position régulièrement». On se débrouille pour lancer toujours plusieurs chantiers en même temps, afin de pouvoir passer de l’un à l’autre régulièrement et varier les efforts. Et puis, on fait des pauses, où on s’assoit et où on se détend un peu[1]Alors, là, il y a eu débat cette semaine : parce que, parfois, la pause, ça démotive un peu. Ça coupe l’élan en deux et ça rend difficile la reprise du travail.. Et puis, notre rythme de travail n’est pas frénétique. On est doux avec nos corps. On pourrait l’être encore plus, mais il y a déjà une certaine philosophie de l’économie des corps aux Grivauds. Je suis persuadé qu’en étant un peu malin·es, on pourrait inventer un maraîchage qui nous mette constamment en bonne santé, et qui ne nous ferait jamais mal. Un maraîchage doudou.

Bon, ne vous inquiétez pas, il nous suffira d’un bon dimanche de repos pour redémarrer en fanfare. Dès lundi, ça va de nouveau fuser aux Grivauds !

À la prochaine !

Denis

References

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1 Alors, là, il y a eu débat cette semaine : parce que, parfois, la pause, ça démotive un peu. Ça coupe l’élan en deux et ça rend difficile la reprise du travail.