Et pourtant, c’est déjà l’automne

Sur le stand de Vichy : vous êtes plutôt poivron-aubergine ou chou-fleur-épinard ?

Plus l’année avance, plus le paradoxe se creuse. Les jours sont à la fois de plus en plus courts et de plus en plus chauds. On se souvient de la vague de froid de fin septembre avec une sensation d’irréalité. On a l’impression d’avoir rêvé ces petits matins de gelée blanche. Depuis deux semaines, on travaille de nouveau en short et en tee-shirt. On continue d’alimenter la mare avec l’eau du puits, faute de pluies conséquentes pour la recharger. La sécheresse, d’ailleurs, on la sent quand on doit arracher les poireaux : c’est dur comme en été ! La conséquence de tout ça, c’est que les légumes d’été continuent de produire normalement : on a plein de tomates, d’aubergines et de poivrons ! Leur forte présence sur les étals freine d’ailleurs la vente des légumes de saison, comme les poireaux, les choux-fleurs ou les courges. Pour le moment, nos client·es se refont des tournées de ratatouille et de tomates-mozza. On verra plus tard pour les soupes de chou ou les poêlées de navets.

Ça fait mal au cœur : il reste plein d’aubergines à venir sur ces pieds…

Nous, aux Grivauds, ça nous pose un autre problème : même si les aubergines et les tomates sont encore en pleine forme, elles prennent la place des plantations d’hiver, qu’il est urgent d’installer. On parle de mesclun, de mâche, d’épinard, de salades en tous genres… Et même si on se résout à couper dans le vif, nos temps de récolte sont encore si longs qu’on n’arrive pas à enchaîner désinstallation-broyage-paillage-plantation avec la fluidité nécessaire. Moralité, le plant patiente en serre d’endurcissement plus qu’il ne le devrait.

Là, c’était le moment où Yolande et Flore évoquaient le fait que l’interdisciplinarité créait un décloisonnement mental qui aidait à lutter contre l’intolérance. Je ne plaisante même pas.

Heureusement, l’aide que nous apportent nos petites mains de la semaine nous permet de ne pas avoir à choisir entre récolte et plantation. Autrement, on aurait fait comme en 2019 : on aurait annulé un ou deux marchés pour pouvoir reprendre de l’avance sur nos plantations d’hiver. Au jardin, en ce moment, vous pouvez donc croiser deux revenantes : Yolande, qui peaufine ses publications poétiques et qui vient planter de l’ail ou récolter des tomates pour profiter du beau temps, et Laurence, qui crevait l’écran (du blog) en juillet. Laurence, désormais, elle est en mode studieuse, avec prise de notes et questions en rafale. Ce qui ne l’empêche pas de faire encore des blagues de temps en temps, rassurez-vous. En plus de ces deux têtes connues, il y a l’intrépide Flore, qui, après une longue carrière dans l’Éducation Nationale, cherche un nouveau souffle dans une activité agricole. Quand on voit comment elle est à l’aise, autant dans nos serres que sur le marché de Vichy, on se dit que ça n’est pas bête du tout !

À la prochaine !

PS : la galerie ci-dessous intègre aussi les photos de la semaine précédente ; cela explique pourquoi vous y retrouverez de nouveau Éric, par exemple.

Les bons dictons des Grivauds

Cette semaine, le blog fait place à William pour un article à sa façon. Mine de rien, derrière le côté potache de l’idée initiale, il y a quand même quelque chose à méditer. Et si, finalement, tous ces petits dictons n’étaient pas finalement aussi un outil didactique ? Un moyen de transmettre une valeur, un concept, une exigence ? D’offrir à la personne qui le reçoit un moyen simple de le transmettre à son tour ? Je me suis permis d’ajouter des petites remarques en notes de bas de page pour expliquer l’origine de certains de ces dictons.

On est d’accord, un bon dicton c’est celui qu’on retient avant même d’en comprendre le sens.

Il nous permet de retenir une idée simple grâce à une phrase rythmée, qu’une fois entendue on aura bien du mal à oublier, comme un refrain de Jul. Et puis c’est encore mieux quand ça rime, comme un refrain de Jul. Et aux Grivauds, les dictons, on en use et on en abuse !

En voici un florilège, décrypté.

  1. Moins j’exporte, mieux j’me porte !

Probablement le plus cité au Jardin des Grivauds, il résume presque à lui seul la philosophie de travail de Fabrice et Denis. Pour expliquer l’idée, je vais prendre un exemple concret vécu cette semaine au Jardin.

Le moment était venu de désinstaller les tomates cerises et d’installer une nouvelle série d’épinard. Les derniers fruit soigneusement récoltés, les pieds de tomates, dépouillés de leur fruits et dé-tuteurés ont été laissés sur place. Une fois les rémanents broyés par les soins de Fabrice, on a pu, dans la foulée venir planter notre série d’épinards sur une toile tissée installée sur le résidu de culture.

Les épinards sont plantés à travers un mulch de paille et de rémanents de tomate-cerise. La toile tissée permettra de maîtriser l’enherbement.

Pour résumer, la culture d’été a été désinstallée. La matière organique laissée sur place sera restituée au sol et l’épinard pourra en profiter, CQFD.

  1. Coller, c’est planter ! (Et réciproquement)

Moins philosophique, mais tout aussi efficace. Lorsque l’on plante un jeune plant en motte, il faut s’assurer que ladite motte reste bien collée. L’enjeu ici est l’enracinement de la plante.

Pour se faire, un arrosage est ainsi réalisé avant et après la plantation. Lorsque l’on plante, on appuie (sans exploser la motte on est d’accord) avec les doigts, si on essaye de la soulever (délicatement, c’est pas du chardon) et que la motte ne bouge pas, c’est planté ![1]Cette technique nous épargne d’avoir à creuser un trou dans le sol pour enterrer la motte. Cela dit, ça ne fonctionne pas avec toutes les cultures : les plants de chou, par exemple, on les … Continue reading

  1. Feuille coupée, feuille mouillée !

Qu’on se le dise, les salades des Grivauds sont les plus belles, et personne ne m’a payé pour le dire !

Mais comment font-ils pour présenter des scaroles aussi croquantes, des épinards aussi verts, un mesclun aussi vigoureux ? L’astuce est, qu’une fois récoltés, les légumes consommés pour leurs feuilles sont abondamment arrosés le plus rapidement possible. Cette douche va leur faire croire qu’ils sont toujours bien vivants. Le vice est poussé encore plus loin avec le persil et le basilic dont les tiges sont systématiquement immergées dans un sot d’eau jusqu’au moment de la vente au client. Vous avez dit maniaques ?[2]Ce dicton, je l’ai appris à l’époque où j’étais ouvrier agricole, à Coulommiers. C’est en constatant son efficacité didactique que j’ai eu envie d’en … Continue reading

  1. À force de faire n’importe quoi, on devient maraîcher

…Euh non c’est pas ça

  1. Un trou d’lumière, une digitaire !

Si comme moi, vous ne saviez pas ce qu’est une digitaire, une définition s’impose :

Les poivrons ont légèrement pris la Digitaire…

«Digitaria (les digitaires) est un genre de plantes herbacées de la famille des Poaceae, qui regroupe environ 300 espèces des régions tropicales et tempérées. Certaines espèces sont considérées comme des mauvaises herbes, en particulier dans les pelouses, les terrains de golf et dans certaines cultures.» Merci Wikipédia

Bien qu’on joue très peu au golf aux Grivauds, celle-ci pose quand même un problème, particulièrement l’été. A cette période, elle est trèèèèèèès présente sur la parcelle. L’avantage qu’on a, c’est que privée de lumière, elle ne pousse pas. Ce qui nous amène au prochain dicton.[3]Ce qui justifie qu’on cherche à faire des paillages bien occultants. Les digitaires profitent du moindre trou de lumière pour pousser. Ça explique aussi pourquoi on paille aussi nos … Continue reading

  1. Le plastique, c’est fantastique !

Ouais, j’vous l’accorde ça dénote un peu avec les précédents dictons, on dirait le slogan d’une mauvaise pub des années 60. J’ai l’impression que Greta Thunberg me fusille du regard à ce moment même. Mais c’est une réalité, dans la pratique du Maraîchage sur Sol Vivant aux Grivauds et chez leur confrères en MSV, le plastique est la clé de la gestion de l’enherbement. Aux Grivauds, on a fait le choix de se passer d’engin thermique au maximum mais l’utilisation de toile tissée intervient sur la plupart des cultures, mise à part en été, où son pouvoir réchauffant n’est pas souhaité. Il s’agit de faire des compromis comme souvent (toujours non ?) dans la vie.[4]Il existe un article sur le sujet : Plastique et MSV, une dépendance paradoxale

  1. Je plante, donc je suis

C’est un wwoofeur nommé Descartes qui avait sorti ça un jour. On n’a pas trop saisi ce qu’il voulait dire mais ça sonnait bien.

  1. Petit pied, petit fruit

Aller un dernier que je trouve très utile lorsque l’on se pose la question : Je récolte ou pas ?

Ce pied d’aubergine est vraiment plus petit que les autres. Alors, on y récolte des fruits plus petits que la norme.

L’idée c’est que si le pied est petit, sur une aubergine par exemple, et bien on récoltera les fruits plus petits sur ce pied là pour ne pas l’épuiser. Voilà simple et efficace comme un bon dicton ![5]Je complète : si on attend qu’une aubergine grossisse sur un petit pied, alors on prend le risque qu’elle se mette à faire des graines et qu’elle devienne amère. Idem pour les … Continue reading

  1. Moins de gestes, plus de gestes

Ça sonne comme un contresens, mais il faut comprendre le dicton comme tel : dans une journée au jardin, les petits chantiers se succèdent et la diversité des tâches est grande. Et chacune de ces tâches comprend son lot de petits gestes. Reprenons l’installation de la planche d’épinard par exemple. Il faut écarter la paille avec le bout du plantoir, faire un trou dans le sol, y déposer une poignée de compost, planter la motte, arroser… Et ça autant de fois qu’il y a de plants d’épinard. Ça prend du temps ! On doit donc rationaliser pour être efficace. Comment ? En isolant les gestes et en découpant chaque phase, on gagne de précieuses secondes qui, mises bout à bout, seront des minutes à la fin de la journée. Et puis on s’organise pour que les chantiers s’enchaînent avec fluidité. Ces attentions portées à nos gestes permettent aussi à nos corps d’être moins fatigués et de tenir plus longtemps physiquement. Cette fluidité, cette économie du geste font qu’à la fin de la journée on aura fait plus, en faisant moins.

BONUS : La récolte, c’est pas une science exacte

Toujours dans le registre de la récolte, cette fois-ci un dicton pour se décomplexer, parce qu’on peut parfois hésiter un peu trop et ne pas être sûr de soi devant un haricot vert. Alors dîtes-vous bien que la récolte c’est aussi très personnel ; le haricot ne vous en voudra pas. Le maraîcher peut être un peu plus.[6]Au départ, ce dicton, je l’avais inventé pour rassurer Cécile, wwoofeuse en 2020, qui était surprise que mes critères varient légèrement d’un concombre à l’autre…

Vous avez sûrement compris que je n’étais pas Denis, je suis William dit « Dubbleyou » stagiaire 2022 aux Grivauds, et Denis m’a fait l’honneur d’écrire l’article pour ma dernière semaine de stage.

Un grand merci à lui et à Fabrice qui ont été des maîtres de stages comme on en fait peu, qui font leur travail avec passion et la transmettent avec une grande bienveillance. Vous êtes au top !

References

References
1 Cette technique nous épargne d’avoir à creuser un trou dans le sol pour enterrer la motte. Cela dit, ça ne fonctionne pas avec toutes les cultures : les plants de chou, par exemple, on les rentre profondément dans le sol.
2 Ce dicton, je l’ai appris à l’époque où j’étais ouvrier agricole, à Coulommiers. C’est en constatant son efficacité didactique que j’ai eu envie d’en inventer d’autres.
3 Ce qui justifie qu’on cherche à faire des paillages bien occultants. Les digitaires profitent du moindre trou de lumière pour pousser. Ça explique aussi pourquoi on paille aussi nos passes-pieds. En réalité, ce principe n’est pas seulement vrai que pour les digitaires mais la rime était trop tentante…
4 Il existe un article sur le sujet : Plastique et MSV, une dépendance paradoxale
5 Je complète : si on attend qu’une aubergine grossisse sur un petit pied, alors on prend le risque qu’elle se mette à faire des graines et qu’elle devienne amère. Idem pour les concombres. Ce que Dubbleyou évoque, le fait de ne pas épuiser les pieds, c’est surtout vrai quand les pieds sont très jeunes et qu’on préfère qu’ils produisent des feuilles plutôt que des fruits.
6 Au départ, ce dicton, je l’avais inventé pour rassurer Cécile, wwoofeuse en 2020, qui était surprise que mes critères varient légèrement d’un concombre à l’autre…

Patate douce 2022 : plus tôt, plus fort !

Certains pieds donnent plus de 8 kg de tubercules !

On n’en revient toujours pas : on vient de récolter neuf pieds de patate douce et on a une moyenne de 7 kg par pied ! Les tubercules sont monumentaux – certains pèsent plus de 3 kg ! – et ils sont à peine grignotés par les campagnols. Ce qui fait que plus de 90% de la récolte est commercialisable. C’est un rendement énorme ! On suspecte les fortes chaleurs de cet été d’avoir été favorables pour ce légume demandant beaucoup de soleil. D’habitude on commence la récolte fin-octobre, début novembre. Là, on a un mois d’avance ! On en a déjà mis deux fois sur le marché de Vichy et une fois à l’Amap. On a planté une centaine de pieds en tout. Si tout a le même rendement, on part sur du 700 kg de patate douce pour l’hiver ! On a intérêt à faire une sacré promotion de ce légume pour écouler tout ça. Et à réussir notre conservation. On en reparlera plus loin.

Fleur et feuilles de patate douce

La patate douce, ça fait partie de la famille du liseron : c’est une convolvulacée ! D’ailleurs, la fleur ressemble à une fleur de liseron, mais en plus gros. Elle est gamopétale (toutes les pétales sont soudées entre elles) et prend une forme d’entonnoir. Sa culture est simple. On plante comme une courge, mais sous serre. On arrose abondamment (merci les gouttes-à-gouttes) et voilà. Comme toujours aux Grivauds, on prépare les planches en les nourrissant généreusement : compost, fumier et paille. En plantant à travers une toile tissée, on maîtrise l’enherbement. Nous, on considère que c’est vraiment une culture facile. Peu de ravageurs (en dehors de quelques coups de dents de campagnols), peu de maladies. Ça demande quand même de veiller à ce que les feuillages ne viennent pas s’immiscer au milieu des cultures voisines. Cela dit, les tiges sont souples et se manipulent encore plus facilement que des courges.

Feuillage des patates douces en octobre : tout est encore en pleine forme !

Jusqu’à présent, on achetait tous nos plants. Cette année, Fabrice a essayé de dédoubler certains pieds en prélevant des tiges et en les bouturant. Les plants ainsi créés semblent en forme. Pour autant, tant qu’on ne les a pas récoltés, on ne peut pas encore dire si c’est performant (et si les pieds amputés produisent autant que les autres). On fera une pesée pour vous dire, promis. Si on veut créer ses plants soi-même, le principe est le suivant. À la sortie de l’hiver, on place des tubercules dans du terreau et on attend qu’ils germent. On prélève les tiges et on les boutures dans des godets. C’est d’autant plus intéressant que les plants sont plutôt onéreux.

Bon, voilà, on a des patates douces. Mais, on en fait quoi concrètement ? Ben, un peu ce qu’on veut à vrai dire. Bon, on évitera en crudité : comme pour les pommes de terre, l’amidon cru, c’est pas tellement digeste. Alors, on fait sauter, on fait frire, on fait en vapeur ou rôtie, on la met en gratin, en soupe, en purée… Simple, non ? On a eu une stagiaire, Laurence, en 2019, qui nous avait fait un gratin de patate douce et chorizo. Fabrice en a encore des frissons de plaisir rien que d’y penser.

Il y a une dernière raison à acheter de la patate douce maintenant : certaines d’entre elles, à cause de leur aspect biscornu, sont vraiment décoratives. Oui, au même titre que les courges. Or, les patates douces apprécient la douceur humide de la maison et trouvera sa place sur une étagère de cuisine ou dans une bibliothèque. Comme pour la courge, la conservation permet de convertir une partie de l’amidon en glucose et donc d’augmenter le caractère sucré du légume.

Dans la galerie ci-dessous, vous noterez le retour de Claire. Et qui dit Claire, dit «petites bêtes». Avec elle, on s’extasie sur les insectes, les araignées, les campagnols et … les trèfles à 4 feuilles !

À dans deux semaines !

La visite et la surprise

Samedi après-midi, dans la cuisine de Fabrice, on est en train de faire les comptes du marché. On a peu de temps devant nous : il va falloir préparer la visite du jardin du lendemain. Il reste beaucoup de choses à faire en peu de temps et on est très fatigués. Et pour cause, on est levés depuis 4h40 du matin. Et là, sortis de nulle part, mes parents débarquent. J’ai toujours adoré les visites surprise, mais, là, en plus, mes parents tombent pile-poil ! Il fallait qu’ils soient là. Et alors, notre programme s’est déroulé à merveille. Même la pluie s’est fait discrète. Comble du comble, ma mère, Jacqueline, se propose de rédiger l’article de la semaine. Bon, j’avoue, j’ai un peu les meilleurs parents du monde, on ne va pas se mentir.

Et hop, grâce à mes parents (Alain et Jacqueline), on a même le temps de cueillir des tomates cerise pour vendre quelques barquettes après les visites !

Dans un précédent article du blog, nous avons lu « Ça faisait longtemps qu’on en avait envie : vous inviter tous·tes au jardin, pour une grande visite collective ! Fin septembre, il y a la semaine «Bio et local, c’est l’idéal», organisée par la Frab AuRA. L’idée est de faire la promotion de la Bio, à travers des visites de fermes. Alors, on s’est dit, «et pourquoi pas nous ?» . Et nous, les parents de Denis, nous nous sommes dit « et pourquoi n’irions-nous pas ? ». Nous avons décidé de faire la surprise à Denis de notre venue dès le samedi. Nos retrouvailles ont été pleines d’émotions et de joie !

Des panneaux qui ont eu le mérite d’exister. Et qui ont résisté à la pluie.

Denis et Fabrice étaient dans les préparatifs de la journée du lendemain : fabrication de grands panneaux indicateurs, préparation d’une planche de démonstration de plantation de mâche et aménagement d’un parcours à travers les cultures. Un pot était prévu pour les visiteurs en début et fin de visite. Bien vite, dans une bonne ambiance, nous avons participé à ces préparatifs, notamment par la cueillette de ces jolies et délicieuses tomates cerises « Datterini » pour agrémenter le pot.

Comme vous le savez, le jardin est cultivé selon la technique du Maraîchage en Sol Vivant (MSV). L’intérêt de la visite était aussi de découvrir des secrets de cette technique, de visiter un superbe jardin et d’écouter nos maraîchers préférés !

Le dimanche matin, dès 9h30 les premiers visiteurs arrivaient, sans crainte de la pluie !

Fabrice a commencé par nous montrer les pépinières. Les graines sont semées par leurs soins dans de petites mottes achetées chez un de leur confrère.

Plantes en phase d’endurcissement. Il faut 60000 mottes par an !

Dans une des serres, il y a les semis qui germent et dans l’autre, les semis en phase d’endurcissement. Dans les cageots nous voyons des petites mottes bien serrées les unes contre les autres avec des pousses de salades et du mesclun, des épinards, de la coriandre et bien sûr de la mâche.

Nous continuons la visite des autres serres dans lesquelles nous voyons ce qu’il reste des productions d’été : melon (les Amapiens ont adooooré !), des tomates cerises et pas cerises, des haricots verts, des aubergines, des poivrons, du magnifique persil au milieu des tomates. A propos des tomates, Denis nous montre les fameux pieds greffés conduits sur deux « têtes ». Une des têtes est le pied principal, celui que l’on plante tout jeune, et l’autre tête est un gourmand qu’on laisse pousser. Tous les autres gourmands sont enlevés au fur et à mesure de leur pousse. Il faut dire aussi que la tomate adore faire des gourmands, ce qui signifie que cultiver des pieds de tomate n’est pas de tout repos !

Heureusement, on ne fait pas la chasse aux gourmands sur les tomates cerises, alors ils forment d’immenses buissons colorés !

Pour plus de détails, consulter les articles « Le pari de l’année » et « Greffe des solanacées : vous reprendrez bien une deuxième dose de stress ? ».

Nous continuons la visite et nous nous intéressons aux méthodes de culture. « Maraîchage sur sol vivant » (MSV). Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il y a 3 règles à respecter :

1) On ne travaille pas le sol
2) On couvre le sol : toutes les planches sont couvertes de paille pour nourrir le sol. Aux Grivauds il en faut 12 tonnes par an ! On peut aussi bâcher par-dessus la paille afin de favoriser le réchauffement de la terre et de limiter un enherbement trop rapide.
3) On nourrit le sol : de paille, de broyat de végétaux.. et on laisse faire les vers de terre, tous les petits insectes qui vivent plus ou moins dans la terre ainsi que tous les micro-organismes qui se développent grâce à la décomposition des végétaux et de la paille.
Pour limiter leur consommation de paille, Fabrice et Denis testent la culture du sorgho fourrager. C’est facile : on sème du sorgho sur une planche qui sera cultivée en légumes l’année suivante. En hiver, le sorgho gèle et se dessèche comme la paille et ainsi nourrit la terre. Au printemps, on peut planter les mottes à travers le sorgho !

Dans une des serres, a été préparée une petite planche où vont être installés des pieds de mâche. La planche est déjà paillée. A partir d’un petit bloc de terre prélevé sur cette planche, Denis nous montre les différents éléments qui la compose ; elle s’égraine comme du couscous ! Puis, avec son plantoir spécial, il écarte la paille, secoue légèrement la terre, et enfouit les petites mottes de mâche ! Les gestes sont précis, nous sommes très impressionnés. J’ai remarqué aussi que se dégageait une bonne odeur d’humus dans la serre.

Il est beau ce sol !

La pluie qui s’était arrêtée un moment, est revenue en force, obligeant le groupe à se mettre à l’abri dans une serre. Alors Denis nous a proposé de désinstaller des pieds de haricots grimpants. Chacun s’est amusé à couper ces grandes tiges et à les séparer de leur ficelle ! Une belle occasion de travailler dans la bonne humeur.

Et puis, peut-être à cause de la pluie sont venues des questions sur l’arrosage. Nos maraîchers nous ont montré les tuyaux d’arrosage automatique placés sous les cultures. S’ajoutent à cela des asperseurs au-dessus des cultures, qui arrosent tout le sol une fois par semaine. Cet arrosage permet à la terre de rester humide et de continuer le lent travail de décomposition des végétaux : ainsi la terre continue d’être nourrie. Les racines des plantes vont également mieux se développer et aller chercher de la ressource plus loin.

La promenade s’est prolongée dans l’environnement du site. Aux trois premiers principes du MSV, on pourrait en ajouter un 4e que l’on pourrait appeler « favoriser la biodiversité ».

Tout au long de la visite, Fabrice insiste sur les éléments mis en place qui renforcent la biodiversité du site.

En étudiant son terrain, Fabrice a décidé de créer un environnement favorable à la biodiversité : creusement d’une mare, modification de la taille des haies, arrêt des tontes trop fréquentes, laisser pousser des plantes et des fleurs de toutes sortes. Ainsi, s’est créé un écosystème vertueux : les plantes aquatiques de la mare accueillent des insectes (Fabrice a recensé jusqu’à 25 espèces de libellules !), des animaux (nous avons bien entendu le coassement des grenouilles !). Des oiseaux se sont installés ou viennent faire une pause lors de leur migration. Dans les herbes hautes et grâce aux fleurs du verger situé à côté de la mare, les sauterelles, les grillons et autres insectes peuvent venir s’abriter, se nourrir et se réchauffer. Les fleurs qui sont présentes partout et en toutes saisons attirent les pollinisateurs : abeilles, bourdons, syrphes….Les haies désormais plus diversifiées et plus hautes permettent la nidification des oiseaux (plus de 25 espèces ont été dénombrées). On en voit en photo dans presque tous les articles du blog !

Dans l’article « Notre ÉcoJardin, un îlot de biodiversité, une terre d’accueil pour la vie ! » Fabrice nous donne des détails plus précis

Et puis, n’oublions pas Bob et Quenelle, les deux ânes fétiches (en plus des chats bien sûr !) qui viennent nous saluer si on prend le temps de les attendrir !

A la fin de la visite, nous nous sommes retrouvés autour d’un pot « nature » : pétillant et jus de pommes achetés à un confrère sur le marché de Vichy, bière locale et tomates cerises. Des Amapiens, des professionnels, des stagiaires, des lecteurs assidus du blog ou tout simplement des personnes curieuses de connaître le site et ses secrets, ont pu échanger et partager leur enthousiasme. Nos deux maraîchers n’étaient pas de trop pour répondre à toutes leurs questions !

Un ancien agriculteur « conventionnel » a félicité Fabrice et Denis pour leur sérieux et la qualité de leur travail et des légumes produits. Plusieurs ont affirmé qu’ils avaient raison de travailler ainsi et qu’ils représentaient l’avenir. Au cours de la visite, la question des revenus a été posée. Le montant de leur salaire au vu de leurs 50 heures de travail par semaine est accablant. J’ai senti la tristesse des visiteur·euse·s. J’attends le jour où les critères pour allouer des subventions seront basés sur la qualité sanitaire, environnementale et gustative. Là, ils gagneront peut-être une fortune ! En attendant, les deux maraîchers précisent qu’ils ne sont pas malheureux non plus. Leur métier leur offre d’autres gratifications : une forte reconnaissance sociale, la joie de travailler dehors, dans un cadre exceptionnel, le sentiment de bien-faire et de ne pas rester les bras croisés face à la crise écologique.

Mini-stand tenu par Alain et Jacqueline : des tomates, des courges, un peu de persil et des pots de sauce tomate.

Enfin, autour du petit stand de vente, nous avons parlé recettes, qualité et parfum des légumes. Nous avons parlé de nos préférences autour des courges colorées et des pots de sauce tomate fabriqués grâce aux surplus de production (300 pots de sauce tomates fabriqués par Podarno). Quelques détails ici et .

J’ai trouvé que cette visite nous faisait un bien fou. Parce que le lieu est beau, les légumes appétissants, la nature plus vraie que nature et les maraîchers passionnants. Merci à vous pour cette belle journée au cours de laquelle nous avons pu aussi saluer la pluie qui a tant manqué cette année.

Jacqueline

La galerie ci-dessous inclut des photos des activités des deux semaines écoulées. On y voit Charlène et William (dit «le Dubbleyou»), qui nous ont beaucoup aidé ces derniers temps. Merci à tous les deux !