Les maraîchers du contrevent

Plantation d’oignons par Camille

Ça souffle aux Grivauds. Une bise froide et sèche, nous offrant à la fois des ciels bien dégagés et des gelées matinales systématiques. Nos joues et nos nez se teintent sous la caresse chaude du soleil printanier et dans le même temps, nous hésitons à faire tomber nos pulls, tant le fond de l’air reste frais. Les rafales du début de semaine se font néanmoins très vite oublier, bousculées par les joyeuses bourrasques d’énergie que nous apportent nos petites mains du moment : Laurence (notre stagiaire), Camille et Aymeric (nos deux premiers wwoofeurs de l’année).

Paillage des petits pois par Aymeric

Laurence, on ne vous la présente plus ; c’est sa 4ème fois aux Grivauds et elle attaque sa dernière ligne droite vers le BPREA. Cette semaine, on lui a réservé quelques nouveautés, dont le palissage des petits pois et la récolte du mesclun. Camille et Aymeric, de leur côté, nous viennent de Mâlain, en Côte-d’Or et débutent une tournée de wwoofing à travers la France. Ils emmènent avec eux Raymond, un vieux camping-car qui les protègent tant bien que mal de la rigueur des nuits bourbonnaises. Grâce à tous les trois, le jardin a pris un sérieux coup d’accélérateur : semis de petits pois et de pois mangetout en plein champ, plantation des pommes-de-terre, plantation des oignons, etc.

Après avoir paillé une planche (ici les pommes de terre), on passe le rouleau pour bien tasser la paille.

Faute d’attendre que le ciel daigne nous faire tomber un peu d’eau dessus, c’est une jolie pluie jaune qui a commencé à tomber sur nos planches de culture ! On a déposé de la paille sur nos pommes-de-terre primeurs (serre nº3), sur notre semis de fèves (qui commencent enfin à lever !), sur nos asperges et sur une partie de nos oignons fraîchement plantés. Le paillage, c’est une opération très longue (il faut une journée pour pailler une bande de 110m) mais qui fait sens dans notre ÉcoJardin. La paille a trois fonctions : elle nourrit le sol en faisant remonter son taux de matière organique, elle permet de maîtriser l’enherbement (notamment celui qui est dû aux annuelles : finis les chénopodes et des digitaires…) et limite le dessèchement du sol (très utile en été). Et en plus, tout ce jaune dans notre champ, c’est beau, non ?

À la semaine prochaine !

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C’est l’heure du bilan pour nos Amaps

Fleurs de pêcher. Puisqu’on vous dit qu’on aime les fleurs !…

Si vous êtes adhérent d’une de nos deux Amaps alors vous ne serez pas surpris qu’on se jette à nous-même quelques fleurs. D’abord parce que les fleurs, on aime ça. Ensuite parce qu’on n’est pas peu fiers de nos paniers de cette année ! Car, oui, la saison 2018/2019 est déjà derrière nous pour nos deux Amaps (l’AG de celle de Dompierre a eu lieu la semaine dernière, celle de Bourbon-Lancy ce mercredi) et l’heure est au bilan. Jamais nos paniers n’ont été aussi généreux et aussi variés que cette année ! Même en hiver, on est rarement descendu en dessous de 6 articles différents, dont une bonne part de «vert» (scaroles, laitues, épinards, mâche et autres mescluns). Nos Amapiens nous ont témoigné régulièrement de leur satisfaction et c’est à chaque fois très motivant pour nous ! On sait que certains d’entre eux lisent ce blog chaque semaine, profitons-en pour les saluer bien amicalement !

Semis de petits pois. Comme notre sol est plus ferme qu’un sol travaillé, on installe les petits pois dans des pré-trous effectués avec un plantoir conique. Bilan : on ne vous le conseille pas, c’est vraiment fastidieux ! D’ailleurs, la prochaine fois, on fait des poquets.

Dire qu’on se reposerait désormais sur nos lauriers serait mal nous connaître ! Car on est déjà à pied d’œuvre dans nos cultures et on se démultiplie pour mener tous les chantiers de front : plantation des épinards, des oignons blancs et des navets nouveaux (tout en plein champ) ; palissage des petits pois, semis des céleris raves (en mottes) et des petits pois (en plein champ, toujours)… Tout devient un peu urgent en même temps et on sent que l’arrivée des premiers wwoofeurs la semaine prochaine va nous faire le plus grand bien !

On aimerait pouvoir se réjouir de cette météo providentielle qui nous offre du soleil en cascade et des 18°C en plein après-midi. Malheureusement, dans le même temps, nos besoins d’arrosage vont en augmentant et … notre pompe vient de tomber en panne ! Sans parler des gelées matinales, qui sont systématiques (jusqu’à des -3°C à 7h) et qui nous obligent à protéger nos plants de solanacées tous les soirs.

La bâche est tirée sur le faîtage avant d’être dépliée.

N’empêche, on finit la semaine en beauté en installant la bâche sur notre nouvelle serre ! On profite de l’absence de vent de ce samedi matin et on tente notre chance à deux. Concrètement, on installe la bâche pliée sur le faîtage et ensuite, on la déroule sur les bords. Reste à l’attacher, opération qui fait intervenir des objets portant des noms évocateurs tels que lyre et jonc – ça parlera à ceux qui ont déjà eu à clipser une bâche, les autres iront faire une petite recherche sur internet. On n’a jamais été aussi près de pouvoir utiliser cette nouvelle serre à plants !

À la semaine prochaine !

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Vichy, nous revoily !

Le mesclun des Grivauds, star de la semaine sur le marché de Vichy

Après avoir levé un sourcil incrédule sur la qualité humoristique du titre de cet article, le lecteur se souviendra qu’on avait tiré le rideau sur notre stand du marché de Vichy à la fin du mois de janvier, faute de stock suffisant. On avait alors prévenu nos clients qu’on prévoyait de revenir le 16 mars. Eh bien, on a tenu notre promesse ! Et on n’y a pas été de main morte : on avait peu d’articles mais, pour une fois, nos caisses n’étaient pas tout à fait vides à midi. Essentiellement, c’est du « vert » qu’on a emmené cette semaine : des poireaux, des salades (magnifiques batavias de printemps !), des épinards, de la mâche, du mesclun, quelques choux, quelques céleris, des patates, des carottes et … 18 bouquets de persil (tous vendus avant 10h00). Parlez donc du mesclun à Fabrice, qui y a passé une grosse partie de son vendredi, à le récolter, le laver (les pucerons, eux-aussi, ont l’air d’apprécier nos jeunes pousses) et le mélanger. Parlez donc des poireaux à Denis, qui est allé les récolter en plein vent, entre deux averses… La récompense de nos efforts, c’est que nos habitués sont eux-aussi au rendez-vous et accueillent chaleureusement notre grand retour ! Encourageant pour la suite de la saison !

Les carottes ont levé. Cliquez pour agrandir.

L’autre grande nouvelle de la semaine, c’est que nos carottes de printemps ont levé ! Le semis avait été fait de façon très précoce (mi-février) sous tunnel nantais et c’était un peu un coup de poker pour nous. Il a fallu 17 jours avant qu’on voit les premiers cotylédons. Le tunnel a été ouvert en début de semaine pour profiter d’un bon arrosage par la pluie.

Murielle nous installe notre nouveau plan de travail !

Autre grande nouveauté : devant la bergerie, on a enfin un plan de travail digne de ce nom ! On le doit à Murielle, notre voisine, qui nous a confectionné une magnifique table en recyclant des palettes. Aussitôt installée, aussitôt adoptée, merci Murielle !!! Et puis, on repique la deuxième série de tomates, on sème du basilic, on continue à faire avancer la nouvelle serre et on finit le désherbage de la future planche des pommes-de-terre sous serre. Fabrice entend chanter sa première fauvette à tête noire et Denis s’extasie sur le retour des guêpes à longues pattes (Polistes Dominula). Bref, on ne s’ennuie pas aux Grivauds !

À la semaine prochaine !

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Il y a un an…

Cette année, le premier semis de carottes est en plein champ. Ici, le tunnel nantais est relevé pour que la pluie vienne mouiller la planche.

Il y a un an, je débarquais aux Grivauds. Je rejoignais Fabrice qui y travaillait déjà depuis six ans et qui menait sa barque contre vents et marées, en navigateur solitaire, opiniâtre et besogneux. Il y a un an, ce qui m’avait sauté aux yeux, c’était déjà cette biodiversité foisonnante qui vous a été décrite dans notre précédent article. Fabrice n’avait alors que quelques mois de recul sur sa pratique dite du «Sol Vivant» et même si l’année avait été très difficile, aucun retour en arrière n’était envisagé.

Il y a un an, jour pour jour, on semait nos carottes de printemps sous serre (cette année, c’est en plein champ, sous tunnel nantais, faute de place…). À regarder les photos, on constate que certaines cultures étaient plus avancées (oignons blancs et mini-blettes), d’autres plus timides (petits pois et choux de printemps). Notre blog nous offre désormais un regard rétrospectif sur notre travail. Ce qui n’était au départ qu’un outil de communication, de récit, de pédagogie, devient maintenant une réserve d’archives !

Consigne donnée à Laurence : quand on ne la verra plus derrière la paille, c’est qu’elle en aura délité assez.

Du fait du long article de Fabrice de la semaine, j’ai presque deux semaines à vous raconter en une seule fois… Faute de temps, je laisserai les photos parler pour moi (voir galerie ci-dessous). Ce qui est à retenir, c’est le retour de Laurence pour une pleine semaine de stage. Dans des conditions climatiques vraiment moyennes, elle nous a aidé au semis de fèves en plein champ : désherbage de potentilles, ouverture des poquets, dépôt des graines et délitage de la paille en vue du paillage (prévu pour la semaine prochaine). C’est un peu grâce à sa présence qu’on s’autorise à se lancer dans un chantier non-programmé : la plantation des rhubarbes, qui attendaient dans leurs pots depuis bien trop longtemps…

Jean-Baptiste et Abricot, à Sorbier

Dimanche dernier, c’est notre collègue Jean-Baptiste, installé à Sorbier, qui nous a invités à visiter sa ferme (le Jardin de la Gare). Pour l’occasion, nous avons assisté à une séance de travail du sol en traction animale. Avec Abricot, un cheval équipé d’une kassine, les buttes pour les oignons ont été montées. Le reste du site vaut aussi le détour : quelques petites serres menées en sol vivant, des arbres fruitiers, des haies et une faune qui n’a rien à envier aux Grivauds !

À la semaine prochaine !

Denis

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Notre ÉcoJardin, un îlot de biodiversité, une terre d’accueil pour la vie !

Cette semaine, c’est Fabrice qui prend la plume pour nous présenter un pan important de la biodiversité des Grivauds : sa faune exubérante ! En quoi est-elle un atout pour notre activité maraîchère ? Quelles stratégies a-t-il mis en œuvre aux cours des années pour la développer ?

Des haies imposantes, des bandes fleuries (ici, on distingue les chicorées et les millepertuis), un peu de laisser-aller et la biodiversité prend son envol.

Quand je décide de m’installer pour faire du maraîchage biologique, deux choses me tiennent à cœur, produire de bons légumes et produire de la biodiversité. Je débarque sur un site déjà exceptionnel par la richesse de ses arbres et arbustes, par sa prairie naturelle et je comprends très vite qu’avec un peu de « laisser-aller », quelques aménagements et de la patience je réussirai à en faire un jardin très accueillant et un havre de paix pour la faune. D’autant plus que je possède de très bonnes connaissances naturalistes que je cultive depuis plus de 20 ans.

Notre mare, à deux pas du champ et des serres

Après 8 années de labeur, des haies devenues imposantes qui fleurissent et produisent des baies, une mare creusée et végétalisée naturellement, des zones de friche, des zones fleuries, des tas de pierres, de branches, des arbres épars et bientôt des haies fruitières, un sol non travaillé couvert en permanence et voilà un agro-écosystème complexe à souhait qui accueille une faune très diversifiée et très utile !

Une trentaine d’espèces d’oiseaux, sur moins de 10ha, nichent ici dont la rare fauvette babillarde qui est inféodée aux haies de vieux prunelliers et aubépines. Notre jardin accueille des espèces communes mais aussi la tourterelle des bois, le rossignol philomèle, l’hypolaïs polyglotte. Nous pouvons nous vanter d’accueillir 5 espèces de fauvettes nicheuses. Ces oiseaux trouvent un endroit très favorable pour se reproduire et se nourrir. Ils ont tous un rôle privilégié, ils limitent le nombre de chenilles, de mouches et d’autres insectes, c’est aussi le cas des mésanges, des merles, des rougequeues noirs par exemple.

Bruant des roseaux

L’hiver, même si bon nombre d’entre eux nous quittent pour des zones plus chaudes, nous accueillons des oiseaux venus du nord comme le bruant des roseaux et le pipit farlouse qui raffolent des graines des herbes sèches laissées en place. Par leur action ils permettent de limiter le nombre de graines au printemps, et pour le maraîcher c’est autant de plantes qu’il n’aura pas à désherber !

L’inventaire en cours me permet d’avancer le chiffre de 101 espèces d’oiseaux fréquentant plus ou moins régulièrement le site. La mare est bien entendu le lieu le plus fréquenté avec des visiteurs prestigieux comme le martin-pêcheur, le Bihoreau gris, l’aigrette garzette, la bécassine des marais et le chevalier cul-blanc mais aussi des espèces rares comme la Rémiz penduline, le chevalier gambette et le chevalier sylvain qui y trouvent un site favorable pour une halte migratoire. L’hiver avec les baies dans les arbustes, les pommes non récoltées on peut apercevoir les 4 espèces de grives présentes en France, la musicienne, la draine, la litorne et la plus rare mauvis. L’hiver encore, les haies sont parcourues par les mésanges bleues, charbonnières, nonettes et les longues queues, le roitelet huppé et le grimpereau des jardins. De belles surprises certaines années avec le tarin des aulnes, le sizerin flammé, le bouvreuil pivoine, le gros-bec casse-noyau et le pinson du nord. Toutes ces espèces sont de plus en plus rares quelque soit le moment de l’année parce qu’elles ne trouvent plus les conditions favorables à leur survie ! La raréfaction des haies, des friches et globalement de toutes les zones naturelles c’est moins de nourriture disponible et d’abris, tant pour nicher que pour passer l’hiver.

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Campagnol des champs, un rongeur très présent dans nos sous-sols

Les mammifères, bien que moins nombreux, ne sont pas en reste avec une bonne quinzaine d’espèces dont certaines comme la fouine, la belette et le renard, accusées à tort de tous les maux, sont de véritables alliés car ils se nourrissent de rongeurs comme les campagnols et les mulots et permettent d’en limiter la population à un niveau acceptable pour le maraîcher. Plusieurs espèces de chauve-souris fréquentent le jardin comme la pipistrelle commune, les moustiques n’ont qu’à bien se tenir !

Parmi les amphibiens, sur les 8 espèces rencontrées on peut noter la présence du crapaud calamite, du triton crêté et de la magnifique rainette verte arboricole qui se nourrissent de limaces et d’insectes. Les reptiles, dont la couleuvre à collier, régulent les amphibiens. Tout le monde a un rôle bien défini dans la nature ! Point de cruauté, juste la vie !!

Les centaines d’espèces d’insectes, d’arachnides qui nous entourent ont aussi un rôle. Des nuisibles me direz-vous ? Certainement pas ! Cette foultitude de petits êtres, des libellules aux papillons (diurnes et nocturnes), des sauterelles aux grillons, des mantes aux guêpes, des abeilles aux bourdons, des coccinelles aux araignées tout le monde est utile quand on cherche à recréer un équilibre. Les vers luisants et les carabes, insectes très discrets, sont de redoutables prédateurs des escargots et limaces. Mais tout ceci ne fonctionne qu’à une seule condition, ton sol tu ne travailleras point !

À l’ÉcoJardin des Grivauds, le travail du sol est délégué aux vers de terre !

Et dans ce sol non travaillé, des milliers d’êtres vivants dont nos plus fidèles compagnons, les vers de terre à qui on doit la fertilité ! Je n’ai pris conscience de cette biodiversité cachée que très récemment, et pourtant c’est sûrement la plus active et la plus importante pour le maraîcher !

Notre rôle dans tout çà est clair, il faut observer, comprendre et s’adapter à ce système complexe qui fonctionne parfaitement, et surtout accepter de ne pas être le maître de ce monde !

Fabrice Landré