Bon, d’accord, on avait demandé de la pluie. Mais là, on ne peut pas s’empêcher de râler un peu… D’abord, elle arrive un peu tard dans la saison ; on l’aurait préférée en août ! Ensuite, elle est froide. Imaginez-vous le dos courbé à récolter du mesclun ou des carottes dans le champ, avec la pluie qui vient vous tambouriner dans le dos… Et enfin, on aurait préféré que les vagues de pluie soit entrecoupées d’épisodes ensoleillés, histoire que les serres continuent à chauffer, que les feuillages sèchent et que les plantations d’hiver restent saines… Mais non, après un été interminablement sec et lumineux, voici l’automne humide et sombre, sans demi-teinte ! Avouez qu’on est en droit de râler un peu, hein ? Cela dit, nos sols (et nos arbres) avaient définitivement besoin de ces bonnes pluies. Et puis, ça permet à nos engrais verts de germer plus facilement. Sans parler de la croissance de nos céleris raves et de nos carottes… De façon plus anecdotique, on note une abondante fructification des champignons, avec la palme pour quelques Vesses-de-loup géantes qui se sont installées derrière la serre à plants (voir galerie ci-dessous). Mais, le plus râlant dans tout ça, c’est que Fabrice a même de la peine à compter les pigeons en migration cette année, faute de visibilité. Foutu temps, on vous dit !
Dès qu’on le peut, on va travailler en serre, où tout est devenu plus ou moins urgent : nettoyer les planches pour l’hiver, désinstaller les tomates, planter les scaroles, les épinards, le mesclun, les oignons, etc. Lundi et mardi, on est épaulés par deux nouveaux stagiaires : Clément et Lili, débutant tous les deux un BPREA de Maraîchage Bio au CFPPA de Neuvy. Lili est déjà en cours d’installation, Clément peaufine encore les contours de son projet. À noter, Clément a été saisonnier aux Sabots d’Argile (les gros producteurs de légumes en biodynamie près de Moulins). A priori, le changement d’échelle ne semble pas trop le bouleverser et on apprécie leur enthousiasme à tous les deux.
À l’extérieur, en dehors des récoltes pour les Amap et le marché (dont une magnifique récolte de brocolis !), on a aussi fait rentrer nos betteraves pour l’hiver… Bilan : au final, on est quitte pour une soixantaine de kilos au total, sur une plantation de 100m2… Parmi les raisons de cet échec, il y a la grêle, la sécheresse et … le liseron. Après les courges, c’est un nouveau coup dur pour cet hiver. Pour l’instant, on profite de la belle abondance de cet automne et on garde le cap pour que nos serres soient les plus productives possible.
Réussir nos engrais verts, c’est une problématique que nous prenons très au sérieux chez nous. Pour faire simple, tout le carbone qu’on arrive à produire sur place pour nourrir nos sols n’est plus à importer… Jusqu’à présent, tous nos essais se sont soldés par des échecs. Sarrasin, phacélie ou moutarde, on a déjà tenté notre chance avec ces graines plusieurs fois cette année et les résultats ont été loin des attentes. La faute à la sécheresse, sans doute. La faute, surtout, au fait que le sol n’est jamais nu chez nous. Quand ça n’est pas un résidu de paille (ou de culture), c’est … de la vivace rampante (genre potentille). On sème à la volée et on essaie tant bien que mal de faire descendre les graines au niveau du sol. Finalement, ce qui semble marcher le mieux, c’est de broyer le mulch après le semis. En tout cas, c’est comme ça qu’on a procédé pour cette nouvelle tentative. Pour les 5 bandes qui seront consacrées aux courges l’année prochaine, Fabrice a d’abord broyé les cultures en place (dont les maïs et les salades montées). Ensuite, il a semé du Ray-Grass (une graminée) et du trèfle violet (une légumineuse). Et enfin, il a repassé le broyeur, le plus au raz possible du sol. Dans la foulée, les graines ont connu une pluie très franche qui a fini de les plaquer au sol et d’initier la germination. On a aussi acheté de l’avoine et de la vesce pour nos choux. On vous tiendra au courant au fur et à mesure de nos progrès.
En attendant, on ne reste pas avec les deux pieds dans le même sabot et on fait rentrer de la paille. Pour la saison prochaine, on a acheté 24 bottes de paille semi-déclassée (elles ont pris un peu la pluie) dont les brins ont été découpés à la moisson. On a particulièrement insisté sur ce dernier point auprès de notre détaillant, pour deux raisons. D’abord, les brins courts forment un paillis plus occultant et donc plus efficace contre les annuelles (genre digitaire ou autre renouée). Ensuite parce que les brins courts sont beaucoup plus faciles à manipuler, notamment lorsqu’on fait le paillage de l’inter-rang des carottes. Bref, on est globalement en avance sur ce point par rapport à l’année dernière, ce qui est une bonne chose !
Dans les serres, la désinstallation des cultures d’été se poursuit. Cette semaine, ce sont les pieds de tomate de la serre nº1 qui sont passés à la moulinette. Dans la foulée, on a désherbé la planche avec David (un de nos stagiaires BPREA du moment, qu’on vous a déjà présenté il y a deux semaines). On arrose, on remet la paille et on plante notre deuxième série de salades d’abris. Et voilà ! Pendant qu’on élimine méthodiquement les potentilles, on discute d’itinéraires techniques et de plan de culture. David nous file aussi un beau coup de main pour les récoltes du vendredi, en vue de préparer le marché de Vichy, sans doute un de nos derniers gros marché de l’année. Et pour cause, on y a aligné fièrement presque tous nos légumes d’été (sauf les concombres) et presque tous nos futurs légumes d’hiver (sauf les navets et les radis qui patientent encore dans le champ). L’été a été dur, alors on s’octroie le droit de frimer un peu avec nos haricots verts, nos énormes fenouils, notre avalanche de brocolis et nos choux chinois….
Sur l’ensemble de la saison, de mars jusqu’à cette semaine, nous avons accueilli des wwoofeurs et des stagiaires sur notre ferme. Nous avions fait le point l’année dernière sur les «petites mains» de l’été et nous en tirions un bilan très positif. Un an plus tard, prenons le temps de faire un nouveau bilan. D’abord, quantitativement, le nombre de personnes ayant participé à nos activités a nettement augmenté : 18 wwoofeurs (Camille, Aymeric, Maxime, Marianne, Gaël, Laura, Adeline, Bénédicte, Charlotte, Ellen, Louis, Louise, Jérémy, Léa, Chloe, Sophie, Louise et Camille) et 6 stagiaires (Laurence, Gildas, Pauline, Ridha, Robin et David) contre 10 wwoofeurs et 2 stagiaires l’an passé. Il faut dire que la saison a commencé beaucoup plus tôt (fin mars, contre fin mai l’an passé) et que nous avons reçu un gros coup de pouce de la part de Wwoof France qui nous a placé en Une de leur site à deux reprises. Chez nous, les wwoofeurs restent en moyenne deux semaines et on se réserve environ une semaine par mois sans wwoofeur. On s’autorise ponctuellement à cumuler deux wwoofeurs, ou bien un wwoofeur et un stagiaire. On aime passer beaucoup de temps avec nos visiteurs, adapter les activités et les discussions à leurs besoins/envies et leur offrir un emploi du temps le plus souple possible (pour respecter les besoins de grasse mat’/siestes/promenades). C’est pourquoi nous avons refusé autant de monde cet été. On veut pas devenir une usine à stagiaires/wwoofeurs et permettre que la rencontre entre eux, nous et le jardin, ait lieu dans les meilleures conditions possibles. Qu’est-ce qui attirent les wwoofeurs chez nous ? Il y a nos techniques MSV (plusieurs ont postulé chez nous spécifiquement pour cette raison), notre absence de mécanisation (qui permet de reproduire dans un jardin facilement ce qu’on fait ici à plus grande échelle) et enfin le site lui-même et son impressionnante biodiversité.
Et nous ? Qu’est-ce qu’on retire de cet accueil ? Le coup de main apporté par tout ce petit monde est considérable, reconnaissons-le ! On arrive à être beaucoup plus à l’heure sur les implantations grâce à eux. Nos cultures sont moins enherbées. C’est aussi parce que nos paillages sont plus rapides que nous avons décidé de ne plus rentrer avec le tracteur dans la parcelle cultivée, réduisant ainsi un peu plus notre mécanisation. Ensuite, il y a la transmission de savoirs et pratiques qui fait clairement partie de nos objectifs (faire exemple et inspirer). Enfin, il y a le «décloisonnement». Je m’explique : la charge de travail (notamment en été) nous contraint à sortir très peu de notre lieu de travail ; nos wwoofeurs apportent avec eux un peu de la rumeur du reste du monde… D’ailleurs, cette année, nous avons reçu quelques étrangers et nous avons pu entendre un peu parler anglais et allemand chez nous, ce qui est déjà un petit dépaysement. Bon, bien sûr, il arrive que le travail d’encadrement soit tel qu’on ne puisse pas vraiment quantifier le gain de temps au final, mais c’est finalement assez rare. Disons que les bonnes surprises ont été bien plus nombreuses que les mauvaises. Certains d’entre eux nous ont aussi un peu forcé à réfléchir à notre pratique et nous ont suggéré des améliorations. D’autres nous ont raconté comment ça se passait ailleurs et ça suffisait souvent à nous rassurer sur les difficultés que nous rencontrions. Comme l’année dernière, nous restons désireux d’aboutir à la création d’un poste de saisonnier à plus ou moins moyen terme. C’est sûr que les conditions climatiques (notamment la grêle de début juillet) et leurs conséquences de cette année nous rendent frileux pour le moment… En attendant, on dit à nos petites mains de l’année merci, merci et encore merci !
Tiens, à propos de la grêle, quel a été son impact sur la culture de courges finalement ? La récolte a eu lieu lundi et on a méticuleusement compté. Au final, on a une quantité raisonnable de potimarrons et de Carat (petites courges musquées). Par contre, ça n’est pas brillant dans les butternuts et dans les sucrines. On estime avoir récolté environ 500 kg (il en reste un peu dans le champ qu’on ira chercher fin octobre), soit moins de la moitié par rapport à l’an passé. Ne nous lamentons pas trop : on a eu peur à un moment de ne rien avoir du tout ! Pour rappel, la grêle avait cassé toutes les feuilles des plantes, impacté tous les premiers fruits et sectionné quelques tiges. On est passé à côté de la catastrophe.
Dans la même semaine, on a planté notre première série d’épinards. À la manœuvre, il y a Camille et Louise, nos deux wwoofeuses du moment. Camille fait des études pour devenir sage-femme et prend une année sabbatique avant de se lancer dans le grand bain. Louise est diplômée en FLE (Français Langues Étrangères) et fait une pause après avoir exercé en Sicile. Très efficaces dans les cultures, elles sont en plus bonnes cuisinières, ce qui ne gâte rien ! Courge rôtie, sauté de blettes, fondant au chocolat, pas de repos pour les papilles aux Grivauds !
On a eu de l’eau cette semaine, enfin ! Pas des quantités délirantes, mais ça a tout de même été efficace. Au total, notre jardin a reçu environ 25 mm d’eau sur l’épisode. La réaction de la végétation a été très rapide : tout pousse de nouveau ! La couleur jaune paille des prairies alentour cède de la place à une verdure conquérante. Dans le champ, les poireaux et les céleris-raves grossissent de nouveau ; les navets et les radis démarrent en fanfare, les feuilles des haricots ont des nuances bleutées et … ici et là, des sarrasins que Fabrice avait semés en guise d’engrais vert daignent enfin lever… Plus encore que la semaine dernière, notre jardin est à son pic de prodigalité : aux légumes d’été finissant se superposent les légumes d’automne et d’hiver. Notre stand, sur le marché de Vichy, n’a jamais été aussi long et on prend un plaisir immense à le parcourir de long en large pour aller servir nos clients, alléchés par tant de couleurs et de diversité !
Lundi, la journée a été très particulière pour nous. Notre ferme a en effet accueilli une formation sur le thème du Maraîchage sur Sol Vivant (MSV). Une dizaine de participants sont venus visiter nos cultures et nous entendre présenter nos itinéraires techniques. La journée était encadrée par Mehdi Ait-Abbas, le Technicien Maraîchage Bio de la FRAB AuRA. Les profils des visiteurs étaient très variés : certains ne sont encore qu’en phase d’installation, d’autres ont déjà de l’expérience et souhaitent enrichir leurs connaissances et leur pratique. Les échanges ont été très riches, y compris pour nous ! Comme d’un fait exprès, lundi était aussi le premier jour de David, notre nouveau stagiaire BPREA. Accrochez-vous bien parce que cette année, on va en avoir plusieurs, venant de CFPPA différents et sur des périodes qui ne se superposent pas. David, donc, est un alsacien qui a emménagé dans la Nièvre où il s’apprête à se lancer dans le maraîchage pendant que sa conjointe s’installe en naturopathie. Il n’en est pas précisément à son galop d’essai et a eu la chance d’être stagiaire chez Fabrice Meyer, un des membres fondateurs du réseau MSV.
Cette semaine, on dit aussi au revoir à Sophie, notre wwoofeuse autrichienne. Sophie, malgré sa discrétion, a su trouver sa place dans notre activité et a été une petite main valeureuse ! Elle nous a accompagné trois fois à Vichy (!), a participé à nos récoltes, nos plantations et nos désherbages et a même été deux fois à la chorale de Pierrefitte ! Comble du comble, elle nous gratifie d’un beau gâteau au chocolat la veille de son départ ! On lui souhaite un bon retour à Vienne et qu’elle se repose bien de son périple, qui a été finalement très intense !
Ça y est, la pluie est annoncée ! Oh, pas de grosses quantités, certes (une douzaine de millimètres dimanche et quelques gouttes un peu tous les jours ensuite), mais la dernière vague de pluie remonte à plus de 40 jours, c’est dire notre impatience ! Bien sûr, on guettera son effet sur nos cultures sous-hydratées. Mais aussi et surtout dans notre verger et dans nos haies ! Car nombre de nos arbres présentent de gros signes de faiblesse. Pour peu que l’hiver soit un peu rigoureux, on pourrait très bien se retrouver l’année prochaine avec des fruitiers en moins ou des trous dans les haies. Dans nos champs, le retour de l’eau dans le sol, c’est aussi la condition sine-qua-non pour que l’activité biologique redémarre à plein : champignons, bactéries, vers de terre, tout ce petit monde a besoin d’eau pour digérer la matière organique. De nombreuses cultures d’automne et d’hiver sont en attente de ce dernier coup de fouet : les navets, les radis, les poireaux, les céleris raves, etc.
Et puisqu’on est seulement à deux jours de l’équinoxe, tirons un bilan provisoire de la «pleine saison». Disons que dans l’ensemble, la catastrophe a été évitée, grâce à un puits qui n’a pas flanché et grâce à nos paillages. Les canicules ont rendu les plantations parfois très difficiles (notamment pour les choux sur bâche) mais ce sont surtout les parasites qui nous ont posé le plus de problèmes : altises et acariens tétranyques ont adoré cette chaleur sèche. Les altises commencent à régresser mais les acariens sont toujours là. Pour les altises, les conséquences n’ont pas été trop graves pour les cultures bien protégées (choux, radis) mais elles ont été sévères dans la roquette, dans les navets et les choux-raves. Pour les acariens, on est clairement dépassés et on se prépare à devoir mettre en place une lutte biologique ciblée l’année prochaine (dans les serres sensibles). La nouvelle série de concombre est déjà fortement touchée alors qu’elle commençait seulement à bien donner et on voit des traces d’attaques dans les haricots nains sous serre. On a perdu les haricots à rame lors de la première canicule à cause d’eux et les pieds d’aubergines sont restés chétifs tout l’été. Autre dégât qu’on gérera mieux l’année prochaine : les coups de chaud dans les serres à tomates…
Paradoxalement, c’est aussi cette année qu’on récolte nos légumes les plus gros. Pour chaque culture, il y a par endroits des réussites spectaculaires : de gros oignons (notamment les rouges), de grosses pommes de terre (jusqu’à 450g !), de gros poireaux, de gros choux (notamment dans les choux blancs et les choux chinois), de grosses carottes, de grosses salades (les fameuses Merveilles de Verano) et d’énormes scaroles (jusqu’à 1,2kg pour la plus grosse). Bien sûr, ça ne reflète pas la moyenne de nos rendements mais ça nous donne une idée de ce qu’est capable de produire notre sol. C’est d’ailleurs très souvent dans la partie sud de notre champ, celle qui est la plus ombragée par les haies, qu’on a les plus beaux légumes. Ça nous encourage dans notre projet d’installer des haies arbustives à l’intérieur de nos cultures !
À nos côtés cette semaine, notre wwoofeuse très vaillante, Sophie, qui nous a donné un fier coup de main dans nos récoltes de fin de semaine. Et lundi, elle a été rejointe par Eva, la wwoofeuse allemande des Mangetouts de Saligny pour des plantations de salades et de mâche. L’occasion d’échanger autour de leurs voyages respectifs et d’entendre parler allemand dans nos champs. Là encore, on apprécie le dépaysement !
C’est difficile de concilier une activité aussi exigeante que le maraîchage avec un temps de loisir régulier. C’est pourtant le petit défi que nous nous lançons cette année Fabrice et moi. Fabrice a déjà plongé dans le grand bain l’année dernière en s’inscrivant à l’École de Musique de Diou et en validant sans sourciller deux années de solfège en une. Reste maintenant à se choisir un instrument et il semblerait qu’on entendra bientôt de douces notes de hautbois se mêler au chant des oiseaux des Grivauds. Quant à moi, je réunis en ce moment un groupe de chanteurs avec la folle ambition de monter une chorale à Pierrefitte-sur-Loire. Les répétitions ont d’ailleurs déjà commencé. Oserais-je profiter de cet espace pour faire un peu de publicité pour cette chorale naissante ? Et pourquoi pas ? Si bien que vous trouverez un tract ci-dessous vous donnant toutes les informations nécessaires pour nous rejoindre.
En attendant, notre jardin fait entendre une petite musique régulière et tranquille. Elle mélange le tchuip tchuip de nos brouettes au tchak tchak de nos sécateurs, le chant des grillons aux ronronnements de nos chats, le crachouillis des gouttes-à-gouttes au bruit léger des feuilles qui tombent. Au milieu de cet orchestre naturel, deux nouveaux protagonistes. D’abord, il y a Robin, qui profite d’un court stage chez nous pour s’initier aux joies du sol vivant. Robin enchaîne les stages et les formations en vue d’une installation à moyen-terme. En plus de ses solides connaissances en permaculture, on apprécie son humour pince-sans-rire, qui a allégé notre quotidien plus d’une fois ! Ensuite, il y a Sophie, qui débarque chez nous pour plus de deux semaines de wwoofing. Elle est autrichienne (de Vienne) et étudie les «Sciences Agricoles» à l’université. C’est dans le cadre de ce cursus qu’elle a choisi de venir se confronter au terrain dans plusieurs fermes françaises. Là encore, comme ça a été le cas pour tous les non-francophones que nous avons reçus cette année, son application à apprendre notre langue force le respect !
Cette semaine, la mort dans l’âme, on a désinstallé des pieds de tomates. C’est que la suite de la saison frappe à la porte : les salades d’inter-saison sont prêtes à planter ! Alors, on s’y met : on fait remonter les ficelles de palissage, on coupe les pieds, on désherbe la planche (potentilles et liseron essentiellement), on ouvre la paille pour pouvoir arroser le sol, on referme et on broie la paille avec le résidu de culture. Ça a l’air fastidieux, dit comme ça, mais je vous assure que tout ça est rondement mené. Autre nouveauté de la semaine : on a installé une butte de blettes dans la serre nº5. Cette série devrait donner à plein au printemps prochain. L’été joue encore les prolongations mais on se doit d’anticiper dès maintenant notre hiver ; sans quoi nous serions «fort dépourvus quand la bise sera venue»… Et ce, même sans avoir «chanté tout l’été», hélas !
Cette semaine, c’est une wwoofeuse qui prend la plume pour écrire l’article du blog ! Chloe est anglaise, elle a travaillé chez nous comme wwoofeuse ces derniers jours et nous a accompagnés dans tous les temps forts de notre travail, y compris au marché de Vichy ! Elle n’en est pas à sa première expérience et ses voyages l’ont déjà amenée aux États-Unis, en Australie et en France. Elle a commencé à apprendre le français mais c’est en anglais qu’elle nous livre son témoignage, Denis se chargeant de la traduction (en italique, après chaque paragraphe). Précisons que Chloe a été journaliste avant de se lancer sur la route…
« It’s no secret that food in France tops food in England, and I have never before been so convinced of this than during my wwoofing at ÉcoJardin des Grivauds.
Ce n’est pas un secret que la nourriture française surpasse celle d’Angleterre, et jamais je n’en ai autant été convaincue que lors de ce wwoofing à l’ÉcoJardin des Grivauds.
I passed a beautiful week at this haven of organic vegetables. I spent the sunny days sneaking juicy tomatoes in the greenhouse, cooking and eating with things I had never before tried (or even seen), planting turnip seeds and radish seedlings and harvesting and preparing vegetables for the market. Even after a year of wwoofing and working on farms around the world, I was still able to learn a lot of things about an organic garden.
J’ai vécu une belle semaine dans ce havre de légumes biologiques. J’ai passé les jours ensoleillés à chaparder des tomates dans les serres, cuisiner et manger des choses que je n’avais jamais goûtées (voire même vues) auparavant, semer des navets, planter des radis, récolter et préparer les légumes pour le marché. Même après une année passée à faire du wwoofing et à travailler dans des fermes tout autour du monde, je suis toujours capable d’apprendre beaucoup de choses à propos du jardinage écologique.
It was a really rewarding experience learning all the different names (in English and French) of the animals, plants and insects that made up the ecosystem of the garden.
Ça a été une expérience gratifiante d’apprendre tous les différents noms (en Anglais et en Français) des animaux, plantes et insectes qui font l’écosystème du jardin.
Denis and Fabrice never failed to explain not just what we were doing, but why we were doing it and how it would benefit the plant (despite the language barrier!). This made the experience much more gratifying and I am leaving with a huge wealth of new knowledge about organic farming thanks to these two exceptionally knowledgeable maraîchers!
Denis et Fabrice n’ont jamais manqué de m’expliquer non seulement ce que nous étions en train de faire, mais pourquoi nous le faisions et de quelle manière cela profitera aux plantes (et ce malgré la barrière du langage !). Cela a rendu l’expérience encore plus intéressante et je quitte les Grivauds énormément enchirie de nouvelles connaissances à propos de la culture biologique, grâce à ces deux maraîchers exceptionnellement cultivés (sic) !
It was also remarkable to see the effects that a long, hot and (especially) dry summer has on businesses like this one. Hearing about the problems posed for the vegetables by the lack of rain and the canicule made the issue of climate change feel much closer to home and measurable for me than ever before me. It is a sobering fact to know we are now living in the time previously warned about, and imagining how farms like this will operate in future years and how it could change how we produce and consume our food.
Ça a aussi été intéressant de voir les effets qu’un été trop long, trop chaud et (surtout) trop sec peut avoir sur ce genre d’activité. Entendre parler des problèmes rencontrés par les plantes à cause du manque d’eau et de la canicule rend la problématique du changement climatique beaucoup plus proche et plus quantifiable pour moi que ça n’a jamais été. Cela laisse songeur de savoir que nous vivons maintenant dans le temps dont nous avions été avertis, et d’imaginer comment les fermes comme celles-ci vont fonctionner dans les années à venir et comment cela pourrait changer la façon dont nous produisons et consommons notre nourriture.
I was even lucky enough to go and help out at the market at Vichy. I was able to appreciate just how much the customers cared about where their food came from. Seeing people choose and take home our vegetables and imagining the delicious meal that they and their families were going to enjoy over the next week meant I received the full picture of the process from beginning to end.
J’ai même eu la chance de venir filer un coup de main sur le Marché de Vichy. J’ai pu me rendre compte à quel point les clients se préoccupaient de la provenance de leur nourriture. Voir les gens choisir et ramener chez eux nos légumes, imaginer les repas délicieux dont ils vont profiter eux et leur famille dans la semaine à venir signifie pour moi que j’ai pu voir l’ensemble du processus du début à la fin.
But I also learnt that this is not really a beginning and end to organic farming. Nothing is ever wasted at the farm. If a vegetable was not fit to sell at the market, or a plant hadn’t made it, it simply became food for the soil and contributed to whatever vegetable would be growing there next. It was wonderful to see this incredibly natural and ecological method of growing plants in action, and witnessing the fantastic results – delicious, fresh, organic vegetables.
Mais j’ai aussi appris que ça n’était ni réellement un début ni une fin pour l’agriculture biologique. Rien n’est gâché à la ferme. Si un légume ne convient pas pour la vente, ou si une plantation a échoué, cela devient simplement de la nourriture pour le sol et contribue à la croissance du légume suivant. C’était magnifique de voir en action cette méthode incroyablement naturelle et écologique de faire pousser des plantes, et d’être témoin de ses effets fantastiques : des légumes délicieux, frais et bio.
Merci beaucoup Denis and Fabrice. »
Et merci à Chloe pour cet article et pour ces quelques jours de jardinage ensemble !
Alors qu’ici on attend la pluie désespérément, à São Paulo, première ville du Brésil, il a plu des cendres. Des cendres venues tout droit des incendies qui touchent la forêt amazonienne depuis le début du mois. En cause, l’accélération de la déforestation sous le mandat de Bolsonaro. Mais ne faisons pas l’autruche, au final les bénéficiaires de cette politique nous sont aussi très proches. Car là-bas, on abat principalement la forêt pour produire du soja ou de l’huile de palme, choses qu’on retrouve en Europe par la suite (la France, par exemple, a importé 2,5 millions de tonnes de soja brésilien en 2017). Il y a donc un problème global, pas seulement local. Un problème de modèle, un problème de rapport à la nature voire même un problème de rapport à la réalité. Car, la réalité, cinglante, vient frapper violemment à notre porte cet été : la sécheresse et les canicules sont là pour nous le rappeler, le changement climatique est déjà en marche. D’ailleurs il ne marche pas, il court. Dès lors, que faire ? Je sens bien que nous devrions être présents nous-aussi au contre-sommet anti-G7 dans le pays basque mais notre ÉcoJardin nous a trop enraciné pour que nous puissions faire le déplacement en plein été. Plus de temps pour tergiverser : c’est l’heure de se retrousser les manches et de se poser des questions brûlantes. Comme celle-ci : que peut-on faire à notre échelle pour faire pousser des légumes avec le moins d’eau possible ? Ou encore plus prosaïque : comment faire pour planter des navets quand le mercure s’obstine à dépasser les 30°C toutes les après-midi ?
Pour les navets, on a commis deux erreurs cette année. D’abord, celle de croire que les altises étaient définitivement allées se mettre au chaud dans le sol et avaient abandonné pour cette année leur fâcheuse habitude d’aller piquer nos feuilles de brassicacées (la famille des choux et … des navets). Ce qui fait qu’on n’a pas caché la première série de plantation… et qu’elle se retrouve aujourd’hui complètement parasitée. Car les altises ont adoré le gros coup de chaud tardif que nous vivons actuellement ! La deuxième erreur a été de penser qu’on pouvait se permettre de planter nos navets par n’importe quelle température, comme on le ferait pour une salade. Résultat : de nombreux plants ont tout simplement brûlé au soleil ! On retient avec amertume qu’avec certaines cultures, il faut prendre les mêmes précautions lors d’un coup de chaud de fin août que lors d’une canicule de fin juin…
N’empêche, notre ÉcoJardin est resté vert cet été. Grâce à notre puits et notre irrigation, certes, grâce aussi à nos techniques MSV (Maraîchage sur Sol Vivant) et en particulier grâce à la paille. Grâce à une énergie immense dépensée à bichonner nos cultures à chaque étape : paillage, ombrage, pose de collerettes, désherbage, protection contre les insectes ravageurs… Grâce à toutes nos petites mains (wwoofeurs et stagiaires) qui nous ont permis d’être efficaces et d’entretenir au mieux nos cultures. Vue la rudesse de la saison, on s’émerveille de la taille de nos choux, de la longévité de nos haricots (qui continuent à donner alors qu’on ne les arrose plus depuis deux semaines pour ne pas mouiller les oignons rouges juste à côté), de la résilience de nos courges (qui avaient pourtant perdu leurs feuilles et leurs premiers fruits lors de la grêle du 6 juillet), de la résistance de notre première série de concombres (qui continuent à donner des fruits alors que chaque nouvelle feuille émise est méticuleusement desséchée par les acariens en moins de 10 jours). Cette sécheresse, en poussant le jardin dans ses retranchements, nous aura appris énormément de choses cette année. Elle nous a obligé à repenser certains itinéraires techniques, pour favoriser l’implantation, pour limiter le stress végétal et pour gagner en efficacité. Cela dit, elle nous confirme dans nos grandes lignes directrices : soigner le sol, soigner la biodiversité et réduire la mécanisation.
La salade aux Grivauds, c’est sacré ! Alors passer une semaine sans récolter une salade, ça nous fait tout drôle… La faute à la sécheresse, la faute à notre manque de vigilance (nos salades avaient beaucoup plus soif qu’on ne le croyait), la faute au fait que la série actuelle est plantée sur une planche un peu paresseuse ; bref, les salades qu’on était censés récolter en ce moment montent à fleur au lieu de pommer. C’est tout de même très symptomatique d’une saison très rude où le moindre relâchement sur l’irrigation d’une culture a des conséquences délétères pour la récolte. On l’avoue, on comptait un peu sur la vague de pluie prévue ce début de semaine. Selon les sites, on pouvait compter entre 10 et 20 mm de pluie sur trois jours. Au final, on a reçu 0 mm, ce qui est peu. Du coup, on continue d’arroser tout notre champ par rotation. Sans parler des tournées de goutte-à-goutte (serres, courgettes, courges et choux). Beaucoup d’énergie (et d’eau) dépensée pour maintenir notre champ le plus vert possible. Certaines cultures semblent s’en satisfaire et sont bien poussantes ; on a de belles surprises dans les choux depuis que les altises sont parties, notamment. Pour d’autres cultures, nos arrosages sont insuffisants pour maintenir le sol hydraté et il faudra attendre la prochaine pluie pour que la croissance revienne (céleris raves et betteraves par exemple). Qu’on se rassure néanmoins, les salades reviendront dans les semaines qui viennent, en même temps que les premières scaroles.
Cette nouvelle envolée du mercure (35°C attendus pour dimanche et lundi) rend problématique les dernières plantations de plein champ : on installe en ce moment des légumes qui n’apprécient guère les fortes températures, comme la mâche, la roquette et les épinards (ces deux dernières sont des séries précoces destinées à faire du mesclun de début d’automne). Du coup, comme pour les choux lors des dernières canicules, on procède à un ombrage de la planche. Comme il nous est impossible d’enfoncer des arceaux dans nos passes-pied, on surélève le voile d’ombrage avec des cagettes…
À nos côtés cette semaine, pour traverser cette vague aride en bonne compagnie, il y a Léa et Jérémy, nos deux wwoofeurs du moment. Léa nous vient d’Allemagne mais parle très bien français. Elle sort tout juste de son abitur (équivalent du BAC en Allemagne) et la voilà déjà sur les routes, de ferme en ferme. Son amour des légumes (et en particulier des tomates) fait plaisir à voir ! Jérémy, de son côté, a déjà beaucoup roulé sa bosse et n’en est pas à son premier wwoofing. Il nous raconte ses expériences des wwoofing en Allemagne et en Espagne ainsi que de longs séjours au Kenya et au Burkina Faso. Travailler à leur côté nous offre de beaux moments de dépaysement et nous rappelle qu’il existe tout un monde en dehors de notre ÉcoJardin… Vu le temps qu’on y passe, ça nous arriverait presque de l’oublier…
À la semaine prochaine !
PS : Vous noterez qu’il n’y a pas de photos de Léa dans la galerie ci-dessous. Ce n’est pas un oubli de notre part mais bien un souhait de sa part de rester anonyme sur internet. Dont acte.